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Lait : diversifier plutôt qu’agrandir

Depuis 2009, Fabienne Bouffort accueille des personnes handicapées sur son exploitation laitière. Une diversification qui apporte de la valeur ajoutée à cette ferme de taille moyenne, illustrant le modèle défendu par la Confédération Paysanne.

« La filière laitière dans sa grande majorité s’inscrit à horizon 2025 dans des scénarios de baisse considérable des producteurs de lait, avec l’agrandissement des structures pour seule solution. Nous refusons ce modèle. Les petites et moyennes fermes sont viables, maintiennent l’emploi et animent les espaces ruraux. Quel schéma est le plus sûr pour demain ? », ont souligné des membres de la Confédération paysanne d’Ille-et-Vilaine qui avaient invité le 30 octobre Jean-Yves Fraquet, sous-préfet de Fougères, sur l’élevage de Fabienne Bouffort à Saint-Hilaire-des-Landes (SAU de 36 ha, 226 000 L de lait, 450 porcs charcutiers à façon).

Un complément de revenu

Elle avait repris l’exploitation suite au décès de son mari en 2002, élevant seule ses trois enfants en parallèle. En 2008, elle s’engage vers davantage d’autonomie au niveau fourrager et gestion. C’est la crise du lait de 2009 qui l’amène à rechercher une diversification pour se construire un complément de revenu. « J’ai obtenu mon premier agrément en accueil social par le Conseil général en juillet 2009. En 2010, puis en 2011, j’ai continué à aménager des chambres pour pouvoir accueillir une 2e, puis une 3e personne », déroule l’agricultrice, aidée par son compagnon Gilbert.

« J’ai commencé sur le tas, en essayant de comprendre le fonctionnement des personnes individuellement. En 2010, j’ai suivi des formations sur l’accueil, le handicap… J’apprécie beaucoup d’aider ces personnes à s’intégrer vis-à-vis des autres, à acquérir de l’autonomie. C’est un partage très fort. » Dans le Pays de Fougères, l’activité d’accueil à la ferme est bien développée, liée aux structures de taille plus modeste. Accueil paysan accompagne les personnes engagées dans ce type d’activité.

Comme le soulignent d’autres « accueillants » de la Conf’, la ferme est un lieu idéal pour permettre aux gens en difficulté de s’épanouir, au sein d’une vie de famille, avec des occupations quotidiennes auprès des animaux, au grand air. Incontestable à en voir les sourires d’André et Hervé, actuellement accueillis par Fabienne Bouffort. « Ils participent à l’alimentation et aux soins des animaux… Nous les emmenons à des spectacles… »

Un statut mal défini

Les journées de l’agricultrice sont très chargées, commençant à 5 h le matin… Elle s’octroie 2 semaines de vacances par an. Pour chaque personne accueillie, elle reçoit 1 400 €. « Le salaire correspond à moins de 30 %, le reste étant les indemnités de logement, de repas, certains trajets… » Le problème de cette diversification est le manque de reconnaissance de la part des professionnels d’une part et de l’administration d’autre part. Ce qui bloque Fabienne Bouffort dans ses choix d’orientation sur l’exploitation. « Je réfléchis actuellement à l’arrêt des porcs et à la mise en place d’une MAE. » À la recherche de solutions durables, l’agricultrice a planté 3 000 m de haies sur son exploitation et remis en forme un talus. Des travaux réalisés par un chantier d’insertion. Agnès Cussonneau


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