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Stéphane Le Foll plaide la confiance

Les pieds à Rennes, la tête à Paris. C’est au pas de charge que Stéphane Le Foll a inauguré le Space, mardi dernier. Bien qu’il s’agisse d’un événement international, les dossiers bretons étaient aux premiers rangs.

« Si j’ai de l’azote organique, je peux l’utiliser pour remplacer du minéral. C’est clair, c’est simple ». Sauf que ce n’est pas la réalité. Ce qui est réalité, c’est que le ministre de l’Agriculture est un très bon communicant. Il poursuit : « Le choix de l’azote total, c’est une expérimentation qui doit être faite en Bretagne. Elle fait partie du plan d’Avenir ». Sauf qu’à un moment donné, il faut que l’avenir se transforme en présent. La profession commence à se montrer impatiente et méfiante.

Du discours aux actes

Dans les allées du Space, les discours prennent une autre dimension. Celle du vécu au quotidien. Quand les agriculteurs doivent jongler avec « l’administration de précision » pour s’adapter aux normes environnementales qui s’empilent, se croisent, s’entrechoquent. Tel ce producteur laitier breton à qui il manque du plan d’épandage depuis que les nouvelles normes veulent que la vache au pâturage produit plus d’azote que la vache en stabulation. « Pourtant c’est bien la même vache » s’emporte-t-il. « Et que sait-on du devenir de l’azote dans le sol d’une prairie ? », poursuit-il en ne nuançant pas son exaspération face aux normes qui « tombent comme ça et qui nous écrasent. Des fois, j’ai envie de tout arrêter ».

Son voisin, aviculteur, a trouvé une solution pour diminuer la charge azotée : « Je réduis le nombre de bandes. Or, à ce que je sache, on ne peut pas faire de redressement productif sans optimisation économique. Et là encore, on est soumis à des normes azotées qui datent de l’époque où les poulets restaient 40 jours en élevage alors qu’aujourd’hui ce n’est plus le cas ». Dans ce contexte, il est facile d’imaginer que l’assouplissement de la procédure installations classées annoncé par le ministre ne devrait pas être une mesure suffisamment incitative pour ouvrir de nouveaux poulaillers. « Pour amortir, il ne faut pas de vide, un point c’est tout ».

Fortes potentialités de l’élevage

Stéphane Le Foll ne place pas son regard sur le même horizon. Lors de l’inauguration, il met en avant les « fortes potentialités de  l’élevage » et demande aux éleveurs de travailler dans la confiance. « Si l’euro continue de baisser, le résultat net de l’entreprise Doux sera positif », assure-t-il. Et de souligner que « si la filière export s’était arrêtée aux restitutions, elle n’en serait pas là ».  Des propos qui ont passablement irrité le patron de Tilly-Sabco, Daniel Sauvaget estimant que, « depuis le début de l’année, il manque environ 300 €/t au poulet français pour être compétitif sur le marché du poulet entier destiné au Moyen-Orient ».

De la volaille au porc, Stéphane Le Foll fait la transition en se félicitant du travail réalisé pour la probable reprise de Gad par Intermarché. Et d’indiquer que « retrouver l’objectif de production de 2010 » reste d’actualité ; soit 25 millions de porcs. Mais pour le ministre, la filière devra « être capable de réfléchir et de travailler ensemble, dans l’intérêt général » pour le relever ce défi. Des propos qui transpirent le vécu (breton ?)… Il ajoute : « Dans deux mois, j’aurai des propositions à faire en production porcine ». Sous condition que la filière accepte de revoir les 40 ans qui ont fait le développement de la production, a osé pousser le ministre.

Collectif, c’est aussi le mot du ministre de l’Agriculture quand il aborde la méthanisation. Cette activité patine en agriculture comme le confirme le faible nombre de projets qui se concrétisent. Porter des projets à plusieurs agriculteurs semble une voie à privilégier pour le représentant du Gouvernement, alors que la profession se montre de plus en plus intéressée par les petites unités individuelles. La proposition d’exonération de taxe foncière et de TFE (taxe foncière des entreprises) pendant 5 ans sur les nouvelles unités de méthanisation se veut en tout cas un coup de pouce supplémentaire. Avec cet objectif chiffré de Stéphane Le Foll : « Trente nouvelles unités de méthanisation par an sur la Bretagne, voire 40 si on s’y prend bien ». Didier Le Du


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