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Nouvelles technologies : l’agriculture rêve d’un concentré d’automates

Les nouvelles technologies envahissent le quotidien des agriculteurs, la journée machinisme et robotique organisée à la station des Cormiers (35) a fait remonter les besoins du terrain afin que les chercheurs ne s’égarent pas.

La production laitière est sans aucun doute la filière qui a le plus bénéficié des avancées en robotique ces dernières années. Après l’arrivée des automates de traite dans les exploitations, ont suivi les robots d’alimentation et de raclage. Tous ces travaux automatisés ont permis aux éleveurs de se soulager de ces astreintes et de gagner du temps dans la journée. Aujourd’hui, d’autres secteurs auraient besoin de ces avancées technologiques qui, en plus de simplifier le travail, permettent de moderniser l’image du métier d’agriculteur et de séduire de jeunes candidats à l’installation.

Réponses technologiques à des enjeux agricoles

Depuis 2011, Bretagne développement innovation (BDI), qui s’intéresse au développement économique au Conseil régional, a lancé un programme d’appel à projets rapprochant les entreprises du domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) et le monde agricole. « Ça fait maintenant deux ans que le pôle de compétitivité sur les véhicules “ID for Car” collabore avec la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne et la Meito qui est une association ayant pour mission d’animer et de développer les secteurs de l’électronique, de l’informatique et des télécommunications.

L’idée est de faire se rencontrer agriculteurs, acteurs du machinisme agricole et acteurs des TIC qui, pour ces derniers, ne connaissent pas la filière agricole mais peuvent apporter des solutions grâce à la réalité virtuelle, des lunettes connectées, des robots, des drones… », explique Philippe Cosquer, chef de projet du pôle « ID for Car ». Le 10 juillet, à la station de Saint-Aubin-du-Cormier (35), trois catégories professionnelles ont échangé autour de trois ateliers en ciblant les besoins de l’agriculture : récolte et distribution des fourrages, désherbage en grandes cultures et dans le végétal spécialisé et entretien, taille et récolte en fruits et légumes.

Gagner en confort de travail

L’exemple choisi par Anthony Brulé, conseiller légumes à la Chambre d’agriculture du Finistère, est particulièrement frappant. Il donne tout son sens à cette journée et à la création des groupes de réflexion. « Sur le secteur de Saint-Pol-de-Léon (29), nous travaillons déjà avec un groupe de producteurs de légumes afin d’identifier les problématiques terrain pour faire remonter les informations aux fabricants de machines agricoles. Dans nos cultures spécialisées, le désherbage est le poste le plus gourmand en main-d’œuvre après la récolte. » Le contexte réglementaire et sociétal incitant à la réduction des produits phytosanitaires entraîne l’interdiction d’utilisation de certaines matières actives. « Si nous prenons l’exemple de l’artichaut, culture implantée pour trois ans, il n’y a plus qu’une matière active autorisée pour le désherbage et ce n’est pas toujours efficace.

De plus le désherbage chimique ne peut se faire que la première année. La culture est ensuite binée quatre à cinq fois tous les ans pour éliminer une partie des mauvaises herbes, mais il reste toujours une zone sale au pied du plant. » L’autre étape particulièrement fastidieuse de la culture, appelée dédrageonnage, consiste à éliminer les repousses au pied de chaque plant. Cette opération s’effectue la plupart du temps manuellement, à genoux dans le champ et il faut parfois passer deux fois dans la saison. « Certains producteurs utilisent une machine qui n’a pas évolué depuis 40 ans pour effectuer le travail, mais il faut quand même passer à la main derrière pour finir. Que ce soit pour le binage ou pour le dédrageonnage, il me semble évident  que le machinisme agricole, la robotique et les technologies de l’information et de la communication peuvent aujourd’hui nous aider à désherber plus précisément et innover par la création de nouvelles machines, voire de robots permettant de gagner en confort de travail. »

Concrétiser un projet par atelier

Les opportunités de mécanisation et de robotisation sont nombreuses. Lors des échanges entre professionnels, plusieurs pistes ont émergé comme le besoin d’un outil de quantification des stocks d’herbe au champ, d’un logiciel de conduite du pâturage, d’automatisation par des portes de tri, des robots avance-fil ou des clôtures virtuelles. Les éleveurs sont aussi demandeurs de solutions techniques pour faire des récoltes d’herbe au meilleur stade possible tout en gagnant en qualité. Ça pourrait passer par une analyse infrarouge pour le pilotage de la récolte.

De son côté, Philippe Cosquer observe : « Il faut sortir des dispositifs de laboratoires et pouvoir passer à des choses industrialisables. » Il cite en exemple l’exo-squelette qui est développé pour l’armée. « Après les militaires, ce sont les agriculteurs qui peuvent être le plus intéressés par ce développement. Il pourrait assister l’homme pour la récolte des légumes ou pour les vendanges en permettant de transporter des charges 5 à 6 fois supérieures sans fatigue ni pénibilité. » Il est évident que toutes ces idées n’aboutiront pas, mais « le but est tout de même de concrétiser au moins un projet pour chaque atelier », précise le chef de projet. « Les différents groupes d’échanges seront lancés à la rentrée de septembre. » Nicolas Goualan

L’avis de Jean-René Menier, Président du pôle agronomie de la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne

Beaucoup de choses se passent autour des nouvelles technologies que ce soit le développement des robots, des drones, des systèmes GPS ou des automatismes. Il y a énormément de personnes qui phosphorent autour du sujet et il était temps que la Chambre d’agriculture mette tout ça en musique. Il faut que le développement de ces technologies corresponde aux besoins des agriculteurs, car on est bien sur de la recherche appliquée. Lors de cette journée à la station des Cormiers nous avons observé un robot suiveur, un drone, des lunettes connectées… Le rôle des agriculteurs et des services de recherche est de leur trouver une utilité. Le robot pourra suivre l’éleveur et transporter du matériel permettant le soin des animaux, ou bouger des fils de clôture.  Le drone pourra détecter précocement des foyers de maladies sur les cultures ou déterminer le moment optimum de récolte… L’agroécologie se fera avec les technologies de demain.


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