confrerie-artichaut-saint-pol-de-leon - Illustration L’artichaut fait son show

L’artichaut fait son show

En s’associant à la fête de l’Artichaut à Saint-Pol-de-Léon (29), la Confrérie de l’Artichaut de Bretagne ambitionne de changer l’image d’un légume vieillissant et passé de mode culinaire auprès du grand public.

Il y a une quinzaine de productions qui ont la chance d’être vénérées et à qui on prête serment de fidélité dans notre région. C’est le cas de Cynara scolymus, appelé plus communément artichaut, légume emblématique de Bretagne. Depuis 1989, une cinquantaine de passionnés se sont regroupés au sein de la Confrérie de l’Artichaut de Bretagne, pour en faire sa promotion.

Saint-Pol-de-Léon, capitale mondiale de l’artichaut

« On est attaché à ce produit et à notre terroir », explique Jean-François Jézéquel, expéditeur de légumes et membre de la Confrérie depuis 2011. Et c’est cette identification forte à un territoire qui distingue la Confrérie de l’Artichaut des autres structures analogues en France, selon Alain Jacq, son Grand maître. A l’origine, voulant refaire de Saint-Pol-de-Léon la capitale de l’artichaut, une délégation s’est rendue aux États-Unis pour comprendre comment Castroville, ville californienne, s’était autoproclamée « capitale mondiale de l’artichaut » avec trois producteurs cultivant sur 3 000 ha, alors que 7 600 ha sont dédiés à ce légume produit par 900 agriculteurs bretons.

Depuis, dans une démarche conviviale, ces amis de l’artichaut se retrouvent régulièrement au cours de réunions de « frères », durant lesquelles émergent des idées pour mettre en valeur ce produit régional. Producteurs, expéditeurs, chercheurs, restaurateurs, élus locaux, journalistes du Finistère et des Côtes d’Armor… « L’association rassemble des personnalités issues de métiers les plus divers, permettant ainsi un brassage des compétences », décrit le Grand maître.

L’artichaut en Bretagne, quelques chiffres :

  • 900 producteurs – 7 600 ha
  • 44 000 tonnes d’artichauts/an environ dont : 25 000 tonnes pour le Camus
  • 13 000 tonnes pour le Castel
  • 6 000 tonnes pour le Petit Violet

Le chapitre, lors de la fête de l’Artichaut

Et chaque année, au cours du « chapitre », c’est avec fierté qu’ils se retrouvent tous revêtus de leur chapeau de canotier, leur chemise parme et leur cape verte… Rappelant bien sûr les couleurs de leur légume-fleur adulé. Pour la Confrérie de l’Artichaut, ce grand jour approche. Il aura lieu dimanche 13 juillet à Saint-Pol-de-Léon, lors de la bien-nommée Fête de l’Artichaut. Cette réunion annuelle est très importante dans la vie d’un « consœur ou confrère ». Si c’est un jour de retrouvailles, ils accueillent aussi leurs homologues de d’autres confréries gastronomiques, lors du défilé, le matin, qui part du haut de la ville jusque la place du Kreisker. Et c’est aussi le jour des intronisations. « On accueille quatre nouveaux membres chaque année », rappelle Alain Jacq.

Quatre intronisations par an

Le défilé du soir, appelé triomphe, est l’occasion d’accueillir ces « impétrants ». Ils remonteront la ville, entourés de leurs futurs confrères. Ces nouveaux membres vont ensuite se succéder sur le podium pour revêtir la cape verte et le canotier, prêter serment de fidélité à l’artichaut et avaler une liqueur amère, extraite des feuilles du légume emblématique.  « Au fur et à mesure des années, nous sommes « inoculés » par l’expérience et par la solidarité des anciens confrères », confie Jean-François Jézéquel. Et de poursuivre : « Un rythme d’intronisation qui permet d’apporter de nouvelles idées, de pérenniser la Confrérie, et cela, toujours dans le respect de ceux qui étaient là avant nous. »

L’artichaut, un mets de choix dans l’histoire

L’artichaut, également appelé « cardon d’Espagne », trouve ses origines dans le bassin méditerranéen. Bien connu des Grecs anciens, il avait sa place dans leur mythologie. Son nom scientifique « cynara », vient en effet du nom d’une jeune fille, aux cheveux couleur cendre. Selon une légende grecque, le dieu Zeus l’a punie parce qu’elle avait osé repousser ses avances. La rebelle Cynara fut alors transformée en plante épineuse. Sur le plan étymologique, ce nom « cynara » dériverait de cenere (cendre) selon Columella, écrivain du 1er siècle et auteur d’un traité d’agronomie, la cendre étant utilisée dans l’Antiquité pour augmenter la fertilité des sols. Les Romains appréciaient aussi ce légume-fleur et c’est ensuite grâce à l’italienne Catherine de Médicis qu’il parvient en France, devenant un mets de choix.

De l’artichaut au menu de la fête

« La société gastronomique ne limite pas ses ambitions au seul folklore, au travers de l’épicurisme ou de la convivialité », explique le Grand maître. « Notre communauté se veut populaire, refusant la sélection des membres par la grande notoriété ou l’argent ». Ainsi, ils dédient leur temps libre à cette volonté de regagner des parts de marché pour ce légume, en faisant découvrir et déguster ce produit à tous les consommateurs, en restant simples et accessibles à tous. Une façon d’être, à l’image de leur produit… Carole David

En savoir plus :

  • Fête de l’Artichaut, dimanche 13 juillet, cour carrée du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon (29) : défilé à 10 h et triomphe à 18 h. Repas à partir de 19 h (12 euros).
  • La Confrérie accueille à la Maison de l’artichaut tous les mardis de mi-juillet à fin août, de 9 h 30 à 12 h 30, place de l’Évêché à Saint-Pol-de-Léon. Dégustation, renseignements et vente.
  • http://confrerie-artichaut-bretagne.blogspot.fr/

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