veau-prix-marche-revenu-agricole - Illustration Le veau dégringole

Le veau dégringole

Le prix du veau de 8 jours a la gueule de bois en ce début d’année. En résumé : petit veau, petit prix, petite demande.

Cela fait 35 semaines que le prix du veau de 8 jours patine en dessous des prix pratiqués en 2012, année qui n’était déjà pas folichonne. Les prix moyens pratiqués sapent le moral des éleveurs qui ont le sentiment de « brader leur travail ». Plus qu’un sentiment d’ailleurs si l’on se réfère aux chiffres du bureau d’études CerFrance Finistère-Chambre d’agriculture qui relève un prix de vente des veaux de 8 jours de 139 € en moyenne pour la dernière étude de groupe (2012/2013).

Âge minimum requis

Même si pour les éleveurs, la tentation peut être grande de faire partir les petits veaux au plus vite, la législation impose deux règles :

  • Un veau ne doit pas sortir de son élevage naisseur avant l’âge de 10 jours ;
  • Un veau ne peut pas être exporté avant l’âge de 14 jours. À défaut, il n’obtiendra pas son certificat sanitaire pour l’exportation.

L’équivalent de 1 810 € de baisse de revenu

« Il y a 6 ans (étude 2006/2007), le prix moyen était de 209 €, soit 70 € d’écart ». Sur un an, une telle baisse du prix du veau de 8 jours correspond à une baisse de revenu de 1 810 € (25,8 veaux vendus pour 62 vaches). « Cela représente 4,1 €/1 000 litres ». En ce début d’année, le problème de fond vient de la prudence des intégrateurs échaudés par la mauvaise conjoncture de 2013. « En juin dernier, on observait des sorties d’ateliers avec 3 semaines de retard. Autant de stocks que les industriels ont mis plusieurs mois à écouler », observe Laurent Chupin, directeur de la société Acti-Ouest. Un mauvais souvenir qui conduit des intégrateurs à ne pas remplir les élevages, quitte à payer pour des bâtiments vides. « Les mises en place de ces premières semaines de début janvier correspondent à des sorties de juin, époque de l’année où la demande s’essouffle avec la fermeture des écoles, etc. ». La semaine dernière, les mises en place ont reculé de 20 à 30 %. Quant au débouché pour les ateliers de jeunes bovins, il s’essouffle compte tenu d’une meilleure rentabilité de l’activité laitière.

Direction l’Espagne

La société Négoval, basée à Fougères, est spécialisée dans l’export de veaux. La semaine dernière 4 semi-remorques chargés de 1 200 veaux ont pris la direction de l’Espagne. « En moyenne, ce sont deux camions par semaine qui sont exportés sur la période de juin à février », expliquent M. et Mme Lajoye, patrons de la société. «Par le passé, nous travaillions avec la Belgique, la Hollande, mais actuellement le prix du veau français n’est pas compétitif ». À partir du 15 janvier, la saison de vêlage démarrera en Irlande et le veau irlandais débarquera alors sur le marché espagnol, prenant le relais des veaux français moins nombreux à partir de la mi-février.

En Espagne, ces veaux (appelés « mamones ») sont préparés pendant 1,5-2 mois pour atteindre 60-65 kg. Ils sont ensuite placés en ateliers d’engraissement (« cebadores ») pour être abattus vers l’âge de 10-12 mois. Contrairement à une idée souvent répandue dans les campagnes, les Espagnols recherchent d’abord des « bons veaux de 55-65 kg, voire 70 kg », même si les sujets plus ordinaires trouvent aussi des débouchés. Le tri est d’autant plus sévère que l’afflux de veaux de toute l’Europe est élevé.

Tendance européenne

Aujourd’hui, le marché accuse un surplus de 20 % de marchandise se traduisant par une dégringolade des prix de 40 à 60 € par veau noir. Soit un niveau inférieur de 20 € par rapport à l’an dernier. Une conjoncture pas spécifique à la France : « En Allemagne, le veau est également 20 € en dessous du prix de 2013 », constate L. Chupin. Les perspectives pour les semaines à venir ne semblent pas meilleures. D’ici 15 jours, les veaux croisés pourraient être touchés à leur tour. Pour soulager le marché, reste l’exportation. A plus long terme, l’utilisation de semence sexée peut s’avérer une solution intéressante pour les éleveurs, encore plus à l’aune de la suppression des quotas laitiers. Didier Le Du


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