Thierry Le Roux multiplie les allers-retours pour couvrir toute la surface : compter ½ heure pour 650 m2. - Illustration Le tassement de la litière pour maîtriser la température
Thierry Le Roux multiplie les allers-retours pour couvrir toute la surface : compter ½ heure pour 650 m2.

Le tassement de la litière pour maîtriser la température

Sophie et Thierry Le Roux, de l’EARL de Bonizac à Guiscriff (56), tassent leur aire paillée pour maîtriser la montée en température de la litière. L’objectif du roulage est de chasser l’oxygène.

L’échauffement des litières est dû à la prolifération des bactéries fécales dont le développement est favorisé par quatre facteurs concomitants : nutriments, oxygène, vapeur d’eau et chaleur. Si l’un de ces éléments manque, la prolifération bactérienne est contrariée. Par effet domino, l’échauffement est atténué ; le risque de contamination des mamelles s’en trouve diminué d’autant. Le tassement de la litière vise à fermer le robinet d’oxygène en chassant l’air. Sur leur élevage de 90 laitières, Sophie et Thierry Le Roux roulent 2 fois par semaine l’aire paillée de 650 m2. L’opération prend une demi-heure à chaque fois. « Pour obtenir une litière bien tassée, je fais un aller-retour sur les mêmes traces de roues », explique l’éleveur.

Stabilisation de la température à 3 semaines

Cette pratique peu vulgarisée a été développée avec succès par des éleveurs laitiers qui constataient une amélioration de leur situation au regard des mammites en appliquant cette technique. Une étude conduite au Centre d’élevage de Poisy, en Savoie, a également montré « qu’avec une litière tassée, on constate une stabilisation de la température de la litière au bout de 3 semaines d’accumulation, alors que la température de la litière non tassée continue sa progression ». L’écart est de l’ordre de quelques degrés à partir de la 4e semaine, ont montré les mesures effectuées dans cet élevage où la litière était tassée au tracteur 3 fois par semaine pendant 15 minutes (un côté témoin n’étant jamais tassé au cours de l’expérimentation). À noter que le chargement était d’une vache pour 5,2 m2 et la quantité de paille apportée de 1,5 kg/m2 (2,2 kg au 1er apport après curage).

Au terme de cette étude, il avait été montré que le bord et le fond de l’aire paillée avaient toujours une température inférieure de l’ordre de 5 °C. D’où cette conclusion : « Il serait logique de ne tasser que la partie centrale de l’aire paillée (exclure les 2 m du fond et les 2 m du bord pour le tassement) afin de mieux homogénéiser la température de l’aire paillée. »

1m2 d’aire paillée par 1 000 litres de lait

Thierry Le Roux fait toutefois remarquer que, « si le tassage contribue à maîtriser l’échauffement de la litière », le respect des règles de base est un préalable indispensable pour travailler en aire paillée. « Il faut au minimum 7 m2 par vache », dit-il, en précisant que « la nouvelle norme de 1 m2 /1 000 litres de lait serait sans doute plus juste ».

Travailler en aire paillée, c’est aussi maîtriser la quantité de paille épandue. « En règle générale, nous mettons 1 round par jour, plus un round supplémentaire les jours de roulage (2 fois par semaine). Plus certains matins, nous paillons à nouveau les entrées. Soit en moyenne 9,5 rounds de paille par semaine », détaille l’éleveur qui évalue la quantité épandue à 6,5 kg de paille par VL/jour.

« Pour que ça fonctionne bien, il ne faut ni sur-pailler, ni sous-pailler », poursuit-il, en indiquant que les vaches ont accès librement à l’aire paillée hormis durant deux périodes de 1,5 heure après la traite (blocage au cornadis). « Systématiquement, les vaches en chaleur sont isolées », précise T. Le Roux qui insiste également sur la ventilation, clé d’une bonne ambiance en aire paillée.

[caption id=”attachment_32689″ align=”aligncenter” width=”720″]Après roulage, l’impression de tassement est réelle. Après roulage, l’impression de tassement est réelle.[/caption]

Reste que si le roulage permet de limiter, voire de ralentir la montée en température de la litière, l’œil doit être toujours rivé sur le thermomètre. « À 35 ° C il faut prévoir le curage ; à 40 °C, il commence à y avoir urgence», calibre l’éleveur qui vidange sa stabulation tous les mois. « Lors de l’opération, j’essaie de nettoyer au mieux, y compris près des murs et dans les coins. Depuis un an, j’épands un asséchant-désinfectant (Actisan®). Nous observons que cette pratique a mis fin aux 1 à 2 mammites qui se déclaraient systématiquement à J+8 après curage ». 

Aire paillée ou logettes ?

L’EARL de Bonizac a opté pour l’aire paillée pour des raisons agronomiques. Autrement dit, l’exploitation veut du fumier pour fertiliser les terres. « Ceci dit, nous ne sommes pas des irréductibles défenseurs de l’aire paillée », précise Thierry Le Roux qui n’exclut pas de passer en logettes « tout en conservant le paillage. Ce serait sans doute plus simple à conduire et les vaches seraient un peu plus propres même si aujourd’hui elles sont loin d’être sales. Avec l’aire paillée, tout est question d’équilibre entre quantité de paille et propreté des animaux. Si on veut maîtriser le fonctionnement d’une aire paillée, il ne faut pas vouloir des vaches super nickel ». Pour autant, l’éleveur sait bien que la maîtrise des mammites n’est pas seulement une question de logement. « La génétique compte aussi pour une part. Nous n’utilisons jamais de taureaux négatifs en cellules. L’objectif étant de tendre progressivement vers des animaux plus résistants et d’éliminer les lignées à problème ».


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