« J’ai toujours dit que je voulais faire mon métier autrement, ne pas foncer tête baissée et tout donner à l’élevage. C’était clair dès le départ, mais je n’imaginais pas que cela irait si vite. Un jour, en me promenant dans un labyrinthe de maïs, j’ai dit à mes filles pour rigoler : ‘L’année prochaine, il y en aura un à la ferme !’. ‘D’accord papa’… On a fait 2 000 entrées dès la première année ! J’aime rencontrer du monde, ouvrir mes portes, communiquer sur ce que je fais. Le métier est très prenant et on peut vite s’y enfermer. Quand c’est compliqué d’aller vers les autres, on peut aussi les faire venir à soi ».
Voir des gens repartir de la ferme avec une autre idée du métier
Depuis son installation en 2016, Sylvain Brient ne cesse de transformer sa ferme, lentement mais sûrement, en un lieu où il se passe toujours quelque chose : des classes s’y rendent régulièrement. Sa mini-ferme pédagogique propose au public une visite accompagnée où l’on côtoie 130 animaux : lapins, volailles, chèvres, moutons, chevaux, vaches… On peut aussi visiter l’élevage. Dans son magasin de producteurs (qui en regroupe une vingtaine), Sylvain écoule quelques porcs valorisés en viande fraîche, charcuterie ou conserves de plats cuisinés. L’été, des camping-caristes séjournent sur une aire aménagée, sans oublier le labyrinthe de maïs ouvert aux familles avec son quizz intégré pour devenir incollable sur le métier d’éleveur. De quoi apprendre en s’amusant ! Dernière innovation : 90 casiers automatiques ont été installés à la porte du magasin.

Temporiser et déléguer
Mais peut-on porter autant de casquettes sans finir par ne plus y voir clair ? Sylvain Brient ne se démonte pas : « D’abord, il faut savoir se montrer patient. Je ne me lance pas dans un nouveau projet avant d’avoir testé la solidité du précédent. Par ailleurs, je prends soin de mesurer les risques en m’appuyant sur les partenaires traditionnels ». Ainsi, pour crédibiliser une nouvelle idée, l’éleveur consulte toujours en amont : centre de gestion, conseillers professionnels de la Chambre ou du réseau ‘‘Bienvenue à la ferme’’. Sa manière à lui de ne pas mettre la charrue avant les bœufs et de pouvoir convaincre les financeurs que ses activités sont viables économiquement. De plus, pour éviter la surcharge, l’homme sait délester : « J’ai été président d’une Cuma, trésorier d’une autre, aujourd’hui j’ai passé la main ». Même logique pour sa vente directe. « Il n’y a aucune transformation à la ferme : pour le frais, je travaille avec un boucher et pour mes plats cuisinés avec un atelier protégé ».
Prochaine étape, la création d’une auberge fermière : « J’ai récemment acheté une maison proche de l’exploitation, avant tout pour éviter de gêner d’éventuels voisins avec toutes mes activités, mais aussi parce qu’il manquait encore une chose aux visiteurs : pouvoir déguster sur place les produits, voire dormir à la ferme ! ». À terme, deux chambres sont prévues et Annaëlle, la femme de Sylvain, devrait prendre les commandes de la cuisine à l’horizon 2027… Plus tard, le couple rêve d’un accueil atypique avec un logement équipé d’un plancher transparent, juste au-dessus des animaux de la ferme pédagogique… Affaire à suivre !
Pierre-Yves Jouyaux
Contact : biocochon.com
Administrateur de sa caisse locale
L’une des casquettes arborées par Sylvain Brient est celle d’administrateur de la caisse locale Groupama de Mauron : « Avant de m’installer, j’ai été porcher. Mon employeur était le président de la caisse locale. Un jour, il m’a proposé de venir découvrir comment ça marchait. Je suis allé à une réunion et cela m’a plu. À mon tour maintenant de communiquer auprès des sociétaires. Je leur explique comment cela fonctionne. Ils viennent me voir pour discuter ou s’informer sur un projet. Par exemple, j’ai équipé mon exploitation d’un système de vidéo-surveillance ‘Activeille’, partenaire sécurité de Groupama. Souvent des assurés passent le découvrir à la ferme. Je fais vitrine ! Régulièrement, je participe aux animations pour pouvoir mieux en parler aux sociétaires, à l’image de la journée sur les premiers gestes de secours organisée en partenariat avec les sapeurs-pompiers. Pour moi, agriculteur, le plus de Groupama est de pouvoir mettre à notre disposition des experts et conseillers spécialisés dans nos métiers, notamment sur la partie matériel ! ».

