Rations très concentrées pour vaches très laitières

Le nutritionniste italien Dionigi De Grandis a présenté aux éleveurs bretons les rations qu’il conseille dans des troupeaux de vaches produisant 45 à 50 kg de lait par jour en moyenne.

Vue d'une étable dans un élevage laitier italien - Illustration Rations très concentrées pour vaches très laitières
Bâtiment d'un élevage suivi par Dionogi De Grandis en Italie.

« Plus on en donne aux vaches en lactation, plus elles mangent. C’est fascinant », démarre Dionigi De Grandis, gérant de la société Deatech en Italie. « Les Américains parlent déjà d’un potentiel de 20 000 kg de lait par lactation. Dans les 10 ans, grâce à la sélection génétique et l’apport de confort aux animaux, les troupeaux vont atteindre des productions moyennes de 60 – 70 L de lait par vache par jour à condition d’apporter une alimentation adaptée », estime l’invité des Clubs nutrition Eureden, début décembre. Parmi sa clientèle, le nutritionniste accompagne des élevages tournant parfois à des niveaux d’étable de 45 à 50 kg de lait. « Cela existe déjà aussi en France en traite robotisée », précise-t-il.

Un potentiel de 20 000 kg de lait par lactation

Deux récoltes fourragères par an

Rentrant plus en détail dans son approche, Dionigi De Grandis a rappelé qu’à « 50 à 100 000 € l’hectare » la terre est coûteuse en Italie. « Nous cherchons donc à produire le maximum d’UF à l’hectare en réalisant deux à trois récoltes de fourrages par an sur les parcelles pour abaisser les coûts. » Généralement, après un ensilage de ray-grass ou de céréales immatures au printemps est implanté un maïs (irrigué). « En Sardaigne, on arrive même à faire un sorgho en 3e culture pour sortir 25 à 30 000 UF / ha. » Ensuite, derrière cette intensification au champ, la stratégie du spécialiste est de chercher à produire le maximum de lait par vache « pour augmenter la marge ».

Adepte de l’ensilage de maïs épi

Parmi ses choix techniques, l’Italien a beaucoup réduit l’ensilage de maïs au profit de fourrages « très digestibles et riches » que sont le maïs épi broyé et les ensilages de printemps en brins courts. « Avec moi, il y a toujours du maïs épi dans les rations. Dès que nous avons baissé la part d’ensilage de maïs, nous avons gagné en reproduction : les vaches ingéraient trop de toxines. » Il rappelle que les ensilages en Italie sont réalisés en août, dans des conditions très chaudes et humides. « En relevant les barres de coupe pour le maïs épi, on ne ramasse pas la partie basse de la plante qui est du bois, de la terre et des maladies… »

Pour les vaches très hautes productrices, l’enjeu est d’associer à la fois une ration très concentrée et une forte ingestion. Les mélanges de base présentés par Dionigi De Grandis sont constitués de maïs épi (4 – 6 kg MS), d’ensilage de maïs (4 kg), d’ensilage d’herbe jeune (3 – 3,5 kg), de foin (500 – 700 g) complétés par 12 à 18 kg d’aliments. « Le foin coupé court est introduit pour régler la mécanique. Car si le transit est trop rapide, on perd tout. » À l’arrivée, des vaches produisant 45 à 50 kg de lait par jour ingèrent 27 à 30 kg MS. Des rations très riches (voir encadré) à 1,05 UF / kg de MS, 19 % de protéines, 23 à 27 % d’amidon, 5-6 % de matière grasse, 6-7 % de sucres… Caractérisées par un niveau de Baca important à 350 – 400 mEq/kg MS « pour sécuriser ».

Toma Dagorn

Sucres, matières grasses, aliments by pass et technologies

Même en s’appuyant sur des fourrages riches (maïs épi, ensilage précoce d’herbe ou de blé), pour des vaches très hautes productrices, la complémentation doit densifier fortement les régimes et intégrer « beaucoup de technologies » (levures, tampons, acides aminés, extraits végétaux, antioxydants, capteurs de mycotoxines, ingrédients contre l’inflammation…), explique Dionigi De Grandis. Les sucres en quantité (« mélasses de canne et betterave, dextrose, glucose, xylose, maltodextrine… ») apportent de l’appétence et de l’énergie rapidement fermentescible. Le nutritionniste introduit aussi des matières grasses (huile de palme, lin, différentes formes de soja) associant acides gras saturés et insaturés. Il insiste sur l’apport important de sources alimentaires by pass, digestibles dans l’intestin, comme le maïs grain pour l’énergie et des protéines protégées de qualité. Si ces rations italiennes sont coûteuses et qu’une « baisse importante du prix du lait est annoncée en janvier », Dionigi De Grandis reste persuadé « qu’il vaut mieux produire 45 L plutôt que 35 L de lait par vache pour le même travail humain engagé ».


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article