Dossier technique

Un bâtiment réfléchi autour du foin

Gaec des Mille Fleurs, les Portes-du-Coglais (35) - Le Gaec des Mille Fleurs a fait du séchage en grange le cœur de sa stratégie fourragère hivernale. Cette installation fonctionnelle permet d’améliorer à la fois la qualité du foin, les conditions de travail et l’autonomie de l’élevage.

Une aire de stockage de foin séché dans un bâtiment d'élevage face à l'aire d'alimentation des bovins - Illustration Un bâtiment réfléchi autour du foin
Trois cellules de 154 m2 de foin séché se dressent face à l’aire d’alimentation. Elles peuvent accueillir du foin sur 6,5 m de hauteur. | © Paysan Breton

L’exploitation familiale a été convertie à l’agriculture biologique en 2012. Aujourd’hui, Thomas et Matthieu ont rejoint leurs parents Sylvie et Marcel Tuaux. Ensemble, ils conduisent 91 ha, dont 83 ha de prairies, pour une production de 430 000 L de lait bio livrés à la laiterie Olga à Noyal-sur-Vilaine. Le troupeau compte cent vaches mixtes, pâturant de février à décembre.

2 hommes dans un bâtiment d'élevage de vaches laitières
Matthieu et Thomas Tuaux

Un séchoir optimisé pour l’autonomie

« Le système foin nous intéressait. » Alors, à l’issue de visites et d’échanges, les associés se sont rendu compte qu’ils pouvaient mener de front leurs deux projets : une stabulation neuve en y intégrant un séchoir en grange, plutôt que de différer ce dernier. « L’objectif du séchoir est de sécuriser nos stocks et de produire un foin de haute qualité, tout en améliorant les conditions de travail, notamment en hiver, pour la distribution de la ration. En remplaçant l’enrubannage par le foin, cela permet aussi de réduire les prestations de services et de s’affranchir de l’utilisation du plastique », expliquent Thomas et Matthieu Tuaux, lors d’une porte ouverte organisée le 6 novembre par Segrafo. Le projet initial a ainsi été rehaussé de quelques mètres et la charpente légèrement surdimensionnée pour y accueillir la griffe du séchoir. Le bâtiment est séparé en deux dans sa longueur, pour y stocker jusqu’à 300 t de foin, réparties en trois cellules de 154 m² chacune. Les cellules sont semi-enterrées, deux mètres en dessous du quai de déchargement, et situées en face de l’aire d’alimentation, où se positionnent les 98 places de cornadis.

Orienté plein sud, le séchoir récupère la chaleur sous les 578 m2 de couverture en bac acier. « Le capteur solaire suffit ici car peu de fourrage est fauché en mars/avril et de septembre à novembre, le pâturage étant privilégié », précise Matthieu Tuaux. La ventilation est pilotée automatiquement par un variateur de fréquence : en mai, lorsque les conditions sont bonnes, un lot se sèche en environ une semaine avec trois journées ensoleillées consécutives. Le Gaec dispose de tout le matériel de fenaison, dont une autochargeuse Pöttinger Faro de 48 m³. « C’est une sécurité car le foin est la base de notre ration », précise Matthieu Tuaux.

Deux cellules de séchage à plat multi-productions de 40 m2 chacunes sont aussi prévues. À cet emplacement, de la paille broyée y est stockée, issue des 3 ha de blé panifiable. La paille est ainsi étalée sur les logettes à matelas, disposées en 2 rangées face à face, équipées de genouillères à boudin d’eau. La manipulation se fait avec la même griffe que pour le foin, munie de son bras de 12,50 m. « Nous ne voulons pas de pailleuse, cela dégage trop de poussière. »

Des vaches au cornadis dans un bâtiment d'élevage en bois
Le bâtiment en bois est apprécié par les éleveurs pour son côté chaleureux.

Travail allégé

« Le bois s’avère être un bon choix pour un bâtiment chaleureux », ajoutent les 2 frères. Depuis la mise en service du séchoir en avril 2024, les éleveurs ont gagné en confort et en autonomie. Avant la construction du bâtiment, l’exploitation fonctionnait avec de l’enrubannage, exigeant une forte astreinte quotidienne. Désormais, la distribution du foin séché ne prend plus qu’une dizaine de minutes par jour. Le foin, plus appétent, se conserve mieux et permet de maintenir la production à environ 5 000 L de lait par vache sans concentré. « Mais la charge de travail liée à la récolte du fourrage est plus dense au printemps… » Le coût alimentaire s’établit à 19 €/1 000 L pour les vaches laitières, 31 €/1 000 L tous animaux confondus. « Du maïs ensilage (4 ha) vient en complément du foin séché en grange pour sécuriser les stocks. À l’avenir, l’énergie pourrait être concentrée en récoltant uniquement l’épi ou en passant au maïs grain. »

Carole David

Un investissement raisonné

Le coût de fonctionnement du séchoir est évalué à 12 €/t de matière sèche (électricité comprise). L’investissement global s’élève à 453 000 €, dont 82 000 € de subvention PCAE. Le reste est financé par emprunt sur 15 ans pour une annuité de 27 600 €. La remorque autochargeuse, achetée neuve à 73 000 €, a bénéficié d’une aide du Département d’Ille-et-Vilaine à hauteur de 15 000 €.

tableau des coût d'une aire de séchage de foin dans un bâtiment d'élevage

Des espèces adaptées

Il est recommandé d’opter pour d’autres espèces que les tétraploïdes et les espèces difficiles à sécher comme le RGH type italien ou certains trèfles violets, selon la grosseur des tiges. « Ici, comme toute la surface est pâturée, nous avons conservé quand même la moitié en espèces tétraploïdes », note Thomas Tuaux. L’herbe est coupée par une faucheuse à plat de 3,5 m sans conditionneuse. « Cela prend peut-être plus de temps mais on enlève en même temps au champ les rumex avant de faucher, c’est le meilleur moyen d’éviter de les disséminer. » Le foin est ensuite ramassé entre 60 à 70 % MS, après 3 jours au champ et 2 fanages en général. « C’est un bon compromis entre le temps de séchage et le maintien des feuilles de légumineuses. »


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