Deux Gaec accueillis sur sa ferme

À l’approche de sa fin de carrière, Hervé Le Cam a permis coup sur coup l’installation de deux couples en maraîchage puis céréales et panification sur sa ferme laitière de Saint-Mayeux (22). Un passage de témoin en douceur.

Un groupe de personne dans une pièce avec des murs de pierre, avec des cageots remplis de légumes posés sur une table devant eux - Illustration Deux Gaec accueillis sur sa ferme
Vincent et Hervé Le Cam, Juliette Durand, Paul Blondel et Agathe Castay dans le magasin à la ferme. | © Paysan Breton - T. Dagorn

Vincent Le Cam a quitté sa Bretagne et la ferme familiale de Saint-Mayeux (22) « sans idée précise » pour son avenir. Il est allé étudier « le végétal » à Angers (49) où le maraîchage lui tapé dans l’œil. Il y a aussi rencontré sa compagne Agathe Castay. Après un début de carrière dans l’animation et le conseil en Pays-de-Loire, leur désir de s’installer s’est imaginé comme « un projet de couple ».

Retour en Centre-Bretagne

En analysant les différentes options, revenir en Centre-Bretagne présentait « davantage de facteurs favorables » que de se lancer en Anjou. « J’avais aussi envie d’aider mes parents sur la transmission, de ne pas voir la ferme partir à l’agrandissement », explique le jeune homme. « Et puis, j’aime le coin : ses paysages, ses gens simples dans les relations humaines… » Pour Agathe, ce choix comportait aussi des avantages : « D’un point de vue agronomique, nous avons pu choisir de bonnes parcelles pour lancer le maraîchage diversifié. Et le lien de Vincent et sa famille au territoire a permis d’avoir aussitôt accès au réseau local agricole et d’attirer rapidement des clients vers notre magasin à la ferme. »

J’avais envie d’aider à installer

Hervé, le père de Vincent, ne l’a jamais poussé à prendre la suite. Mais il n’avait aucun repreneur en vue. « Leur retour a été une opportunité d’installer des jeunes et d’alléger ma fin de carrière », explique le producteur de lait qui souffre de problèmes de dos depuis quelques années. « Leur céder 5 ha à convertir en bio n’avait pas d’impact important sur mon système laitier plutôt extensif comptant 70 ha de SAU. » Lancé en septembre 2022, le Gaec La Ferme du Tournant (2 400 m2 sous abri, 1,4 ha de plein champ) produit aujourd’hui 50 légumes différents « pour avoir un étal attractif ».

Des structures restant autonomes

Puis Juliette Durand et Paul Blondel sont arrivés lancer à leur tour une nouvelle activité sur le site (voir encadré) en céréales bio et transformation en farine et pain. Ils connaissaient déjà Vincent et Agathe rencontrés en Anjou. « Nous avons même partagé six mois de colocation permettant de bien se connaître. » Quand leur premier projet d’installation en collectif en Bretagne a capoté, assez naturellement l’idée de les accueillir à Saint-Mayeux a germé. « En revenant ici, je savais que c’était impossible de mener à la fois le maraîchage et demain la production laitière en plus. Nous avions donc déjà en tête de faire un jour de la place à d’autres. Être du milieu était un privilège pour moi concernant le foncier et j’avais envie d’aider à installer. Il y a tellement de porteurs de projets autour de nous qui ont des difficultés à accéder à la terre », détaille Vincent Le Cam. « C’était aussi une façon d’avoir des voisins travaillant en bio comme nous », poursuit Agathe Castay.

À l’arrivée, les cinq protagonistes n’ont pas le sentiment d’être installés à plusieurs. « Chacun a sa structure indépendante et ses espaces bien définis répondant au degré de collectivité que nous souhaitions. Cela facilite les prises de décision au quotidien », terminent-ils.

Toma Dagorn

La force de vendre en commun

Le Gaec des Blés de Keraudren a démarré en janvier 2025. « Nous avons repris 26,5 ha de terre à Hervé que nous avons engagés en conversion. Une moitié a été semée en blé, seigle et sarrasin, le reste en prairies temporaires », expliquent Juliette Durand et Paul Blondel. Ces premiers mois ont été intenses pour aménager la partie stockage et tri des céréales et la partie transformation (farine et pain). « Pour se libérer, le gros du travail des champs a été fait par ETA. De notre côté, nous avons autoconstruit la meunerie et le fournil. » Les deux associés soulignent « l’énorme force » qu’a représenté la possibilité de vendre tout de suite avec Vincent et Agathe sur le magasin à la ferme déjà lancé et d’entrer grâce à eux au magasin de producteurs du Gros Chêne à Pontivy (56). Aujourd’hui, ils fabriquent et vendent 150 kg de pain par semaine. « Objectif : 280 kg d’ici quatre ans. » Fin 2026, au départ en retraite de Hervé Le Cam, ils récupéreront 40 ha supplémentaires permettant de sécuriser les rotations et diversifier les cultures.


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