« Dès mon installation en 2020, je me suis doté d’un combiné de semis porté à trois trémies. Au début j’y voyais surtout un intérêt pour implanter les couverts multi-espèces et aux semis d’automne avec deux variétés de céréales, retrace Pierre Colas, agriculteur à Lamballe-Armor dans les Côtes-d’Armor. Il m’arrive aussi de charger du blé dans un compartiment et de l’orge dans l’autre pour pouvoir les semer sur la même journée sans vidanger le semoir ».
La trémie frontale sera aussi rentabilisée à la fertilisation
Une surface de semis à la hausse
La création d’une unité de méthanisation et d’une activité de prestation de travaux le conduit progressivement à augmenter sa surface de semis. « En déployée, elle atteint plus de 1 000 hectares cette année. » Le combiné Sulky Progress de 3 mètres est ainsi rapidement rejoint par un semoir traîné simplifié Maxidrill de 4 mètres du même constructeur. « Au-delà du semis simplifié après un déchaumeur à disques et dents TopDown, cet appareil à trois trémies permettait d’implanter différentes espèces à deux profondeurs distinctes. Un argument supplémentaire pour mes prestations de semis de couverts sur le bassin versant algues vertes. »
Deux compartiments de 1 100 litres
Le jeune agriculteur s’est toutefois aperçu que ce lourd semoir traîné équipé de disques de travail du sol n’était rapide qu’en conditions suffisamment ressuyées. « J’étais trop souvent arrêté à l’automne », regrette-t-il. « Je faisais beaucoup trop d’hectares avec le combiné de 3 mètres qui manque de débit et impose un gros tracteur avec une lourde masse frontale. »
Cette année, Pierre Colas s’est séparé de ses deux semoirs pour les remplacer par deux ensembles à trémie frontale. Il est resté fidèle au même constructeur qui a entre-temps changé de nom. La trémie Sky Progress TF dispose de deux compartiments de 1 100 litres. « Comme j’utilisais très peu la troisième trémie de mes précédents appareils, je me suis contenté de deux cuves, tout en sachant qu’il sera possible de monter une troisième trémie a posteriori, si de nouvelles pratiques la rendent nécessaire. »




Deux produits dosés et placés individuellement
Outre la meilleure accessibilité pour le chargement de la semence et le réglage des doseurs, l’agriculteur liste plusieurs avantages en faveur de cette trémie frontale. « Un système de vannes permet d’envoyer la semence issue de chacun des deux doseurs dans l’un ou l’autre des deux circuits pneumatiques. Cela améliore encore la polyvalence de la barre de semis P100 à simples disques crantés. Je peux choisir sur quelle descente de l’élément arrive chaque produit. Grâce à la forte pression qui peut lui être appliquée, cet élément passe dans toutes les conditions. »
La position frontale de la trémie offre un meilleur équilibre pour utiliser un tracteur moins puissant. « Avec la herse rotative et la barre de semis de 3 mètres, je peux me contenter de mon John Deere 6R 175. » Le plus gros 6R 250 est désormais dédié à la seconde trémie frontale, qui est associée à l’ensemble semi-porté Lemken de 6 mètres. Pierre Colas peut aussi compter sur son tracteur de tête, un John Deere 8R 310, lorsque le 6R 250 est mobilisé sur d’autres tâches, comme le transport de digestat.
Un porte-outils de 6 mètres assez maniable
« Reprenant la base d’un Solitair 25 de Lemken sans la partie semis, ce porte-outil semi-porté peut embarquer un déchaumeur à disques indépendants ou une herse rotative selon les conditions de sol et l’itinéraire choisi. À l’arrière, la barre de semis Sky est montée sur un relevage dont l’interface a été modifiée. Malgré son gabarit imposant, cette combinaison s’avère plus maniable que le Maxidrill en bout de champ. » Ce semoir limite également le tassement en espaçant les passages de roues. « Tous mes tracteurs disposent du télégonflage pour abaisser les pressions au champ. Je prévois aussi de monter des pneus plus larges sur le 6R 250 », précise l’agriculteur. Le semoir semi-porté est ainsi davantage employé en itinéraire simplifié associé au déchaumeur TopDown de 5 mètres, tandis que le combiné porté de 3 mètres suit une charrue six corps. « C’est cohérent en débit de chantier. »
Fertilisation au semis et au binage
Pierre Colas compte aussi valoriser ses trémies frontales pour la fertilisation en les associant à un semoir monograine ou une bineuse. « Elles peuvent servir de trémie ravitailleuse pour étendre l’autonomie de mon épandeur d’engrais. » Une polyvalence encouragée par le pilotage Isobus. « Je passe d’un tracteur à l’autre sans me soucier des boîtiers. Il me suffit de brancher la prise Isobus et tout s’affiche sur le terminal du tracteur. L’Isobus me donne accès à la modulation de dose que je pratique en lien avec la coopérative Le Gouessant. Je n’ai en revanche pas repris le pilotage E-Drive des têtes de répartition pour gérer les rangs individuellement. Une solution que j’ai très peu valorisée sur mes précédents semoirs et qui est techniquement assez complexe, donc source de pannes. »
Michel Portier
De multiples pratiques de double semis
Pierre Colas valorise ses doubles trémies et la double dépose de ses éléments semeurs sur de nombreuses applications. Pour les couverts, il associe féverole et phacélie, avoine et féverole ou encore sarrasin et phacélie. En dérobée après un orge d’hiver, il implante du tournesol avec du ray-grass et du trèfle, le premier étant récolté à l’automne et les deux autres au printemps.En blé, il lui arrive de semer deux variétés différentes.Il apporte du phosphore ou de l’anti-limace au semis de colza. Il associe également colza et féverole.Sa prestation est appréciée des agriculteurs bio pour le semis de méteils. Quand les conditions s’y prêtent, Pierre Colas pratique le sursemis de prairie en mettant un maximum de pression sur les éléments.
La trémie frontale gagne du terrain
De plus en plus de constructeurs proposent des trémies frontales, souvent compartimentées pour doser deux à trois produits, voire quatre comme chez Sky. Par défaut, les produits sont mélangés dans un seul circuit pneumatique (single shot), mais certains modèles offrent deux conduites séparées (double shot), et jusqu’à trois chez Duro-France. La mise sous pression des cuves, de plus en plus répandue, améliorela régularité mais impose une parfaite étanchéité. Le pilotage Isobus devient la norme : il centralise les réglages multi-produits et facilite la gestion des doseurs, eux-mêmes conçus pour s’adapter rapidement et atteindre de forts débits, notamment en fertilisation. Côté confort, si le porte-masses et le tasse-avant restent optionnels, plusieurs trémies intègrent désormais en série phares à led et caméras.

