Une manipulation mal vécue par l’animal, une intrusion, l’attaque d’un chien errant ou d’un loup…Quelle qu’en soit la cause, le stress laisse une empreinte forte chez les ovins. Ces derniers ne peuvent pas verbaliser leur état, mais certains comportements (isolement, vocalises, pica, baisse d’ingestion…) ou signaux physiologiques (accélération du rythme cardiaque…) en témoignent. « L’animal passe en mode survie. Il peut soit s’adapter et retrouver un cycle normal, soit rester figé dans cet état. La réaction dépend de son histoire, de sa race, de son vécu », précise Coralie Chaumeny, conseillère chez Innoval, lors de la journée régionale ovine du GIE Élevages de Bretagne.
De l’eau, du sel, du foin après une attaque
Un déséquilibre en cascade
Face au stress, de l’adrénaline et du cortisol sont libérés. Cela impacte le métabolisme glucidique au niveau du foie. En cascade, la réponse immunitaire de l’animal se dégrade, bloquant la sécrétion d’anticorps dans le foie. L’animal est aux aguets : les performances digestives baissent avec une moindre ingestion. La sécrétion d’ocytocine, qui régule la reproduction et la lactation, est également affectée.
Gérer les manipulations
Le lien avec l’éleveur se crée tôt, dès les premières semaines de vie, mais peut être rompu en cas de manipulation stressante. L’humain est alors considéré comme un prédateur. Et si l’éleveur entre dans la zone de fuite d’un animal pour toute manipulation, ce dernier tentera naturellement d’échapper à la contrainte. « Mieux vaut des manipulations régulières qu’un regroupement d’interventions. Des récompenses alimentaires peuvent aider à apaiser les animaux. »
Les bons gestes
Après une attaque, entrer les animaux en bergerie ou amenez- les dans une parcelle sécurisée. La peur a une odeur : « Mettez-les en contact avec un lot apaisé. L’effet grégaire va permettre de manipuler plus facilement le lot affolé ». Leur fournir de l’eau à pH neutre et à température ambiante : « Une proie boit de l’eau en grande quantité, cela permet aussi de rétablir le pH du métabolisme ». Leur fournir du fourrage grossier pour relancer la rumination et du sel en libre-service. Éviter les concentrés. « Une cure de magnésium est aussi possible, le magnésium étant un minéral anti-stress. »
Carole David
Mieux s’organiser
Pour limiter le stress, planifiez les interventions, préparez les transitions alimentaires (15 j minimum), habituez les animaux au matériel (sans intervention), tasser un minimum les animaux en parc de contention, et utilisez huiles essentielles de lavande ou musique pour les apaiser.