Adrien Moussay et ses trois associés élèvent 100 vaches laitières qui produisent 1,2 million de litres de lait par an. « Autrefois, dans la ration des vaches, nous utilisions de la paille défibrée achetée à l’extérieur », raconte l’éleveur. « Nous l’avons ensuite remplacée par de la luzerne en brins longs, elle aussi achetée. » Mais, désireux de gagner en autonomie pour mieux maîtriser les charges, les agriculteurs décident de produire leur propre luzerne en 2014. Aujourd’hui, 5 ha sur les 175 ha de SAU sont consacrés à cette culture, et le Gaec est autonome en fourrage.
La luzerne en brins longs ralentit le transit
11 t MS/an
Au Gaec des Ruisseaux, les luzernières restent en place pendant quatre ans. Elles produisent en moyenne 11 t MS/ha et sont fauchées 4 fois par an. « La luzerne est toujours implantée derrière un blé à la fin de l’été, et en association avec un micro-trèfle pour couvrir le sol au maximum dans les endroits où la luzerne pourrait mal lever », explique Adrien Mousay. « Je privilégie les parcelles éloignées car je n’ai pas besoin d’y intervenir souvent. Cette année, la luzernière est à 8 km de la ferme. » En hiver, un désherbage est effectué, suivi d’un éventuel rattrapage au printemps. Côté fertilisation, l’agriculteur apporte un engrais soufré en sortie d’hiver pour « donner un coup de boost ». Entre la première et la deuxième coupe, puis entre la troisième et la quatrième, du lisier de porc provenant d’une ferme voisine ou du digestat issu de la micro-méthanisation de la ferme est épandu. « Je fais cela depuis 2 ans et j’ai observé une réelle réaction de la culture », souligne l’éleveur. Enfin, chaque année, la luzernière est chaulée.
Sécuriser la ration
Toute l’année, 1,5 kg/jour de luzerne en brins longs est distribué aux vaches laitières. En été, la ration est complétée avec de l’herbe, du maïs brut (5 à 7 kg), du soja (1,5 kg) et du maïs épi ou de la farine (3 kg). En hiver, elle se compose d’enrubannage (2,5 kg), de soja (2,3 kg), de maïs épi (2,5 kg) et de mélasse (500 g). « La luzerne en brins longs ralentit le transit et permet de maîtriser la part des concentrés dans la ration. Selon les coupes, la MAT varie entre 18 et 23 %. C’est aussi un fourrage qui se distribue bien avec notre godet désileur. »
La marge sur coût alimentaire de l’exploitation s’élève à 10,55 €/VL/j, et le coût alimentaire des vaches laitières à 5,13 €/VL/j. L’agriculteur utilise également des pellets de luzerne, intégrés dans la ration sèche des veaux entre 2 et 6 mois.
Des bénéfices agronomiques
Andrien Moussay constate également un intérêt agronomique à cette culture. La racine pivot de la plante structure le sol et son implantation longue a permis de remonter le taux de matière organique de certaines parcelles. « Bien sûr, elle ramène aussi de l’azote dans le système », complète le Mayennais. « De plus, contrairement à mes prairies, elle repart rapidement après une pluie, même en période chaude. »
Alexis Jamet
Une culture technique
Hormis la préparation de sol, le semis, le désherbage et la fertilisation, la conduite de la culture et la déshydratation sont confiées à DéshyOuest. Cette prestation comprend la fauche, l’andainage, l’ensilage et le transport, pour un coût de 270 €/t. « La luzerne a de multiples avantages », affirme Samuel Maignan, directeur de la coopérative. « Elle permet de protéger la ressource en eau, d’apporter des protéines et des fibres digestibles ou encore de réduire la dépendance aux tourteaux de soja importés tout en garantissant de bonnes performances zootechniques. » Cependant, pour réussir sa culture, DéshyOuest insiste sur le choix de la parcelle et de l’implantation pour avoir une plante vigoureuse dès le début de cycle. La fertilisation ne doit pas non plus être négligée, notamment les apports de potasse et de phosphore. « Le désherbage nécessite aujourd’hui une certaine technicité, car les matières actives disponibles sur le marché se réduisent. »