Combiner les leviers pour réduire les phytos

On ne se passera pas de produits phytosanitaires demain sans conjuguer les leviers : génétique, agronomie, biocontrôle… Par ailleurs, les agriculteurs ne pourront porter seuls cette rupture.

herse étrille passant dans une culture de maïs - Illustration Combiner les leviers pour réduire les phytos
Le désherbage mécanique fait partie des solutions déjà déployées. | © Agnès Cussonneau - Paysan Breton

Le programme de recherche ‘Cultiver et protéger autrement’ dont l’animation scientifique a été confiée à l’Inrae a été lancé il y a 4 ans. L’ambition est de permettre l’émergence, à l’horizon 2030-2040, d’une agriculture sans pesticides. « 10 projets ont été lancés à l’échelle nationale. Des résultats sont déjà là sur les mélanges de variétés de blé, avec des rendements stables et une meilleure résistance aux maladies. Un travail est mené pour des mélanges céréales – légumineuses », a détaillé Florence Jacquet, de l’Inrae, aux Assises de l’agriculture et de l’alimentation, organisées par Ouest-France.

La voie du biocontrôle

Le biocontrôle est une autre voie. Un projet vise à analyser les interactions entre la plante et son microbiote pour promouvoir la défense des plantes aux bioagresseurs. « Une autre équipe travaille sur la détection précoce des insectes ravageurs à l’aide de capteurs de phéromones. »

D’autres acteurs privés investissent également dans le biocontrôle, à l’image d’Agriodor créé en 2019. « Nous sommes spécialisés sur des répulsifs olfactifs pour les insectes qui peuvent être utilisés sur tous types de cultures », présente Camille Delpoux, de la start-up rennaise. « Nous identifions les molécules d’intérêt capables de perturber l’arrivée ou d’attirer et de piéger les insectes. » Sur 3 ans, l’entreprise a mis au point des granulés remplaçant les néonicotinoïdes. Leur odeur fait fuir les pucerons vecteurs de la jaunisse de la betterave. « Ce produit est testé par une cinquantaine d’agriculteurs. Cela reste une approche préventive à combiner avec d’autres solutions. »

Vaste programme de recherche en cours

Chez Solarenn, le ‘sans pesticides’ est déjà une réalité dans les serres « où il est plus simple de contrôler les ravageurs. Il y a 5 ans, nous avons lancé une gamme de tomates cultivées sans pesticides, de la fleur à l’assiette. Aujourd’hui, quasiment toutes nos productions n’ont plus de pesticides grâce à la protection biologique intégrée (PBI) que nous avons initiée il y a plus de 30 ans », note Ronan Collet, président de la coopérative. Des auxiliaires aident à gérer les insectes ravageurs.

Pacte de société nécessaire

« Des leviers existent pour réduire les phytosanitaires, mais ils ne se feront pas à n’importe quel prix. Les agriculteurs ne peuvent porter seuls ce qui doit devenir un pacte de société où chacun doit prendre ses responsabilités », souligne Olivier Manceau, de la Chambre d’agriculture de Bretagne.

Agnès Cussonneau

Des solutions mais pas sans impact

« Des solutions sont testées depuis de nombreuses années par les équipes de la Chambre d’agriculture : désherbage mécanique, substitution de molécules, approche système. La gestion du désherbage reste un défi », note Olivier Manceau. Les itinéraires à – 50 % de phytosanitaires demandent globalement 20 % de temps en plus. À – 75 %, un allongement des rotations est envisagé, les marges baissent de 20 %. « En bio, les marges qui étaient bonnes sont désormais en baisse du fait du marché. Et les labours plus fréquents impactent la vie du sol. »


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