19824.hr - Illustration « J’adore me promener dans la hêtraie au printemps »
Une plantation de chênes rouges d’Amérique, à droite.

« J’adore me promener dans la hêtraie au printemps »

Une association de forestiers privés a progressivement planté 150 hectares de pins et de feuillus à Saint-Nolff (56). Michel Le Plain, ancien concessionnaire de matériel agricole, y entretient une quinzaine d’hectares de forêt, depuis 1985.

Elles ont de l’allure les parcelles boisées de Michel Le Plain. Pins Laricio de Corse, pins sylvestres, Douglass, hêtres, chênes, la grande majorité d’essences ont profité des généreux soins du propriétaire. Un incendie, en 1984, avait ravagé les landes qui occupaient les terres pauvres du plateau rocheux de Saint-Nolff, au nord de Vannes. « J’en ai profité pour planter du pin Laricio », indique Michel Le Plain. Plus tard, les plantations de diverses essences se sont succédé jusqu’en 2003. « Je n’étais pas seul. Avec 8 autres propriétaires de terres du voisinage, désireux de planter, nous avons créé une association. L’objectif était d’échanger des idées, de taper aux bonnes portes pour bénéficier de conseils de professionnels, d’obtenir quelques subventions et de nous entraider lors des travaux, les weekends  ». Le résultat est probant : chez Michel Le Plain, chaque essence a trouvé un espace adapté. « Nous avons tenu compte de la topographie », indique Xavier Grenié, ancien ingénieur forestier, qui a guidé les associés. « Même dans un milieu pauvre, délaissé depuis longtemps par l’agriculture, les plantations sont en bon état. Elles ont été bien entretenues  ». 

Les pins maritimes, parmi les premiers à avoir investi les lieux, semés en rang au semoir à maïs, se plaisent à Saint-Nolff. « C’est l’un des arbres qui a bénéficié des plus importants efforts de sélection  », poursuit Xavier Grenié. « Il se plaît sur sol acide, pauvre. Il laisse malheureusement entrer la lumière et permet la pousse de la végétation au sol ce qui peut favoriser les incendies  ». 

Le pin Laricio de Corse peut s’épanouir en Bretagne Sud. 

Le pin Laricio s’en sort bien

Les pins Laricio de Corse s’en sortent également. « Ils manquent un peu de feuilles  », estime le spécialiste. « Ils craignent l’humidité atmosphérique qui favorise l’apparition de la rouille et accélère la chute des feuilles. Il demande aussi de la chaleur. En Bretagne Sud, il peut s’épanouir mais, plus au nord, il vaut mieux l’oublier ». Cette essence n’admet pas de retard d’éclaircies : « Il faut des peuplements ventilés, avec du soleil ». Les parcelles de pins sylvestres ont une vingtaine d’années. 200 tiges par hectare subsisteront lors de leur exploitation finale, au bout de 80 ans. Les 50 pins de Veymouth, pourtant déconseillés à l’époque des premières plantations car sensibles à la rouille, s’élèvent fièrement vers le ciel. 

Les sapins de Douglass, plantés en 91, s’élèvent à 25 mètres. La pousse est dynamique et droite. Une éclaircie a été réalisée en 2022. « J’ai coupé les arbres qui concurrençaient les plus beaux spécimens », reprend le propriétaire. À 50 ans, leur bois est recherché pour la construction. Les chênes rouges d’Amérique se sont tous développés malgré les ravageurs et la concurrence des ajoncs. « Les chevreuils les adorent », reprend Xavier Grenié. Les repousses, sur les plants coupés pour éclaircir la parcelle, sont mâchées ou frottés par les animaux. « Autant les laisser, car ils reviennent toujours sur les mêmes plants ». Les arbres sont droits et bien développés mais, « ils mettront 20 ans de plus à pousser dans ces parcelles qu’ils ne l’auraient fait dans une bonne terre ». Les hêtres, plantés en 91, ont été dépassés par la lande dans les 3 premières années. « Je les ai récupérés au prix d’un travail de débroussaillage fastidieux ». Sur les 150 hectares plantés chez les associés, on retrouve aussi des châtaigniers, des peupliers, des merisiers, des frênes… On croise, ici ou là, quelques eucalyptus, des chênes rouvre ou pédonculés et le trop invasif laurier palme. Michel Le Plain avait également créé un arboretum, avec des plantes exotiques. « Sur la cinquantaine d’espèces plantées, très peu se sont développées ». Les balades en famille, avec enfants et petits-enfants l’ont rapidement consolé, avec des moments privilégiés, « quand on observe des chevreuils avec les petits enfants, ou quand je me promène seul, dans la hêtraie, au printemps  ». Un enchantement. 

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Xavier Grenié, ancien ingénieur au CRTF (Centre régional de la propriété forestière), avec Michel Le Plain, à droite.
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Une forêt bretonne très morcelée

La forêt bretonne couvre une superficie totale de 350 000 hectares ; 90 % de cette superficie appartient à des propriétaires privés, aux motivations diverses. Elle occupe 12 % de la surface totale, bien moins que la moyenne nationale (31 %). Elle est caractérisée par une grande diversité d’essences, une répartition diffuse sur l’ensemble du territoire ; une nette prédominance des feuillus qui représentent les 3/4 de la surface boisée. Les chênes et le châtaignier dominent avec des potentiels de production quantitatifs et qualitatifs souvent importants. Les résineux, moins présents en surface, occupent néanmoins une place essentielle. Le pin maritime valorise les sols pauvres du sud Bretagne et du sud-est ligérien. 


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