15931.hr|15932.hr - Illustration Salomé Guillemaud : des charges au ras des pâquerettes
Salomé Guillemaud et Oslo

Salomé Guillemaud : des charges au ras des pâquerettes

Au 1er janvier 2023, Salomé Guillemaud a repris seule la ferme laitière bio de ses parents en décidant d’aller encore plus loin dans le modèle économique mis en place : gagner correctement sa vie en réduisant au maximum les coûts de production et la charge de travail.

« Je me paye sur ce que je ne dépense pas ! ». Voilà comment Salomé Guillemaud, 29 ans, résume la philosophie de sa vie d’agricultrice. Au 1er janvier, elle a racheté les parts de sa mère, Florence, prenant seule les commandes de la ferme familiale. Plus qu’une transmission, un aboutissement : «  En 35 ans, notre production de lait a régulièrement diminué, souligne son père, Jean-François. Mais au final, on a mieux vécu que nos parents en travaillant moins  ».
Une reprise respectant donc cette logique, mais dont la concrétisation a tenu à peu de choses… Titulaire d’un master en urbanisme, Salomé s’est d’abord occupée d’études pour les collectivités publiques dans un grand cabinet de conseil. « Jugé pas assez rentable, le service où je travaillais a été fermé. On m’a poussée vers la sortie… C’est le hasard qui a voulu que mon départ coïncide avec la démarche de mes parents pour trouver un repreneur ». Salomé décide alors de suivre un BPREA à Pontivy, point clef dans la réussite de son installation.  

[caption id=”attachment_79728″ align=”aligncenter” width=”720″]15932.hr L’autonomie est une des clefs pour réduire ses charges. Salomé a récemment suivi une journée de formation à l’entretien de son tracteur proposée par le centre de formation agricole de la Bouexière (EPLEFPA).[/caption]

Monotraite et vêlage groupé

L’idée de s’associer pour reprendre le Gaec parental tombant vite à l’eau, elle sait qu’elle va devoir s’organiser pour conduire seule l’élevage. C’est pourquoi elle effectue ses stages dans de petites exploitations laitières en monotraite. « Papa ne m’aurait pas laissé m’installer avec deux traites par jour ». Dans ces fermes, Salomé découvre la technicité du métier : « J’ai appris à traire, poser des clôtures, conduire le tracteur…  Les cours, quant à eux, m’ont aidée à construire le projet économique en acquérant des compétences de comptabilité-gestion. Ça c’est très important ! ».
Pendant les périodes de stages, la jeune femme découvre aussi le vêlage groupé de printemps et en retient le principe. Ce qui était inenvisageable pour ses parents, l’est tout à fait pour elle : « À deux, il leur fallait 50 laitières pour s’en sortir. Mais, en vêlage groupé, la stabulation n’aurait pas été assez grande pour accueillir autant de d’animaux sur quelques semaines. Moi, n’ayant besoin que de 35 vaches… c’était jouable ».  Avantage : cesser la traite pendant deux mois d’hiver et pouvoir souffler.

Transition maîtrisée

Économiquement, le système pensé par Salomé est on ne peut plus simple : réduire au maximum ses coûts de production et de gestion pour gagner sa vie tout en restant au régime du micro-bénéfice agricole (lire encadré).
Alors elle ne perd pas de temps : tandis qu’elle effectue des remplacements d’été pour gagner en expérience, elle prépare seule et consciencieusement son dossier DJA (il n’y a pas de petites économies) et s’installe en Gaec le 1er janvier 2022 avec sa mère. Une année de transition pour réduire le troupeau, mettre en place la monotraite et préparer son premier vêlage groupé au printemps 2023.
Unique poste de dépense qu’elle espère pouvoir augmenter : celui du remplacement pour ses vacances !
Pour l’heure, le prévisionnel est respecté. Un bémol tout de même : le défi physique. « Je touche mes limites quand je dois charger des veaux pour les emmener au cadran ».
Salomé vient donc de s’inscrire à une formation manipulation bovins. « Ce métier est très physique, c’est vrai. Sans être débordée, le soir, je suis claquée. Je n’avais pas anticipé que j’allais travailler dehors sept heures par jour… Finalement, j’adore ça ! ».

Pierre-Yves Jouyaux

Contact : EARL La coulée Douce – 56 120 Helléan
lacouleedouce56@gmail.com

Quatre vingt dix mille

« L’équation financière de mon élevage s’appuie sur un double seuil. Les calculs ont montré qu’avec une production de 90 000 litres par an, je m’en sors tout en restant sous le seuil des 90 000 € de chiffre d’affaires pour pouvoir, comme mes parents, bénéficier du régime micro-bénéfice et ne pas être imposable. D’un côté, je cherche à m’approcher des 90 000 € en vendant mon lait, les veaux et vaches de réforme, sans oublier d’y ajouter la prime Pac. De l’autre, je fais tout pour réduire mes charges. L’enjeu étant de maximiser l’écart entre ces deux postes. Comment ? Moins de bêtes et moins de traites signifient des économies d’eau et d’électricité (mon abonnement de faible puissance me place sous le bouclier tarifaire). J’ai réduit aussi l’enrubannage, mes frais d’insémination (achat de deux taureaux) et mes frais vétérinaires en limitant, par exemple, les antibiotiques pour le tarissement. Mis à part l’augmentation du gazole pour mon tracteur ou les travaux de la Cuma, je n’ai pas vu mes coûts augmenter en 2022 puisque je n’achète aucun intrant. Pour l’instant, j’arrive à me sortir un revenu de 2 000 € net par mois. Mes parents, eux, gagnaient 5 000 € à deux ».

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