Edito - Illustration Prairie

Prairie

D’habitude, quand il s’agit de modifier un règlement européen, cela peut prendre des années. Et encore, c’est souvent mission impossible. Pour le coup, les agriculteurs ont réussi un coup de maître : le 12 mars, soit à peine deux mois après les manifestations, Ursula van der Leyen, la présidente de la Commission, a signé un règlement modificatif relatif à la BCAE1. C’est-à-dire relatif aux prairies permanentes figées en surface par la Pac 2023-2027 à leur niveau de 2018 avec une marge maximale de – 5 %. Il a fallu que les tracteurs montrent les muscles pour que Bruxelles reconnaisse que ce règlement était inique. En effet, quelle logique cela a-t-il d’imposer un maintien de prairies permanentes quand le nombre de ruminants baisse dans la majorité des pays européens ?

En fait Bruxelles a mélangé les vertus écologiques et climatiques avérées des prairies et leur place économique dans les élevages. Aujourd’hui, la Commission semble avoir reconnu que l’obligation de maintenir les prairies permanentes peut fragiliser économiquement les exploitations agricoles. Si la commission voulait concilier les deux objectifs – économique et environnemental –,

il lui fallait rémunérer les éleveurs à la hauteur des services rendus par les prairies à la collectivité. Et pas 300-400 €/ha comme elle le fait actuellement au travers des aides Pac, mais entre 2 800 et 4 200 €/ha comme l’a chiffré en 2012 le Commissariat général du développement durable (CGDD), somme correspondant aux bénéfices purificateurs d’une prairie permanente sur la ressource aquatique. Ce montant n’intégrant pas, faut-il le souligner, les effets bénéfiques reconnus des prairies sur la biodiversité et le captage du carbone. En fait ni l’UE, ni les États n’ont les moyens de leurs ambitions en matière d’environne-ment et du climat. Alors ils reportent la charge sur les éleveurs. La goutte d’eau qui a fait déborder la colère…

L’obligation pouvait fragiliser économiquement les exploitations agricoles. 


Tags :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article