Julien Kloesmeyer est un Hollandais installé en Bretagne depuis 10 ans. Installé avec son épouse à Plougoulm, l’entreprise familiale (SARL Florissant) est spécialisée dans la vente en ligne de plants de haies : cyprès, thuya, laurier, buis, if, hêtre, charme, houx… Il y a 3-4 ans Julien découvre le paulownia et décide de se lancer dans l’aventure afin de proposer cette culture comme diversification auprès des agriculteurs. « Je me suis rapproché de l’entreprise Wegrow basée en Allemagne qui est le leader européen de la production de plants de paulownia. Nous commercialisons 4 variétés qui s’adaptent aux différents climats européens. Le critère numéro 1 pour le choix de la variété est la température hivernale car nous en avons une qui ne supporte pas des températures de -10 °C plusieurs jours de suite. »
Une croissance rapide
Stéphane et Jérôme Gueguen sont installés en production laitière avec une SAU de 105 ha sur la commune de Locmélar (29). Ce sont les premiers agriculteurs bretons à avoir fait confiance à l’entreprise arbrepaulownia et avoir planté 1 ha de paulownia sur leur exploitation. « J’ai découvert le paulownia par hasard. Je voulais un arbre qui pousse vite et qui fleurit. J’ai effectué des recherches sur internet et je suis tombé sur le paulownia. J’ai acheté 5 plants sur internet et il y en a un qui a poussé dans mon jardin. Quelque temps plus tard, j’ai entendu un reportage à la radio sur une entreprise basée à Plougoulm qui proposait de le cultiver à plus grande échelle. Après discussion avec mon frère Stéphane, nous avons décidé de planter 1 ha », raconte Jérôme Gueguen. Au-delà de la diversification pour l’exploitation, c’est son côté positif pour l’environnement qui a séduit les 2 éleveurs. « Sa croissance rapide lui permet de capter 10 fois plus de CO2 et de produire 4 fois plus d’oxygène qu’une forêt mixte. Une plantation de paulownia peut capter jusqu’à 40 tonnes de CO2 par hectare et par an », indique Julien Kloesmeyer.
Un coût de plantation de 5 500 €/ha
Les éleveurs ont choisi de planter la variété Phoenix One car c’est celle qui a la croissance la plus rapide et que leur secteur, qui n’est pas exposé aux températures basses, leur permet de planter ce paulownia qui ne supporte pas le froid prononcé de l’hiver. « Nous avons préparé la parcelle comme une terre à maïs. Nous avons apporté du fumier, décompacté le sol et passé la herse rotative pour obtenir une terre fine ce qui facilite la plantation qui se fait à la main », décrit Stéphane. Les plants de paulownia clonés sont stériles et non invasifs. Après clonage ils vont pousser sous serre en Allemagne durant 10 à 12 semaines avant d’être livrés chez les clients. Ils font alors entre 10 et 20 cm de hauteur, ils arrivent en petite mottes dans des cagettes de 36 plants. Stéphane et Jérôme ont planté 825 arbres sur 1 ha fin mai 2022 lorsque la terre est bien réchauffée. « On plante en quinconce avec un espacement entre 3,5 et 4 m entre les arbres selon les variétés. » Il faut compter 5,5 €/plant d’investissement. « Pour 1 ha cela nous a coûté 5 500 € car nous avons installé un grillage tout autour de la parcelle pour protéger contre les chevreuils, sangliers ou autres gibiers qui seraient tentés de venir manger les jeunes plants », précise Jérôme.
Arrosage la première année
La première année le plant va développer son système racinaire, la culture n’est donc pas homogène. « C’est pour cela qu’en mai de l’année suivante on réalise une coupe à ras des plants pour repartir à zéro. Ils vont ensuite prendre 1 m par mois pour atteindre une hauteur de 4,5 à 5 m au mois d’octobre », explique Julien Kloesmeyer. Les éleveurs insistent sur le côté exigeant de la culture la première année. « Après la plantation il faut venir arroser très souvent. Nous avons utilisé un pulvérisateur de 900 litres pour effectuer cette tâche manuellement à 2 personnes. Le premier mois on arrosait tous les 2 jours lorsqu’il ne pleuvait pas, à partir du troisième on est passé à tous les 3 jours. Il faut compter 2 heures d’arrosage pour 1 ha. Il faut arroser les premiers mois après la plantation ; à partir de l’automne ça n’est plus nécessaire et l’année suivante après la coupe technique on est libéré de cette contrainte. Sur cette période, il faut aussi débroussailler pour limiter la concurrence avec les adventices. On pourrait peut-être semer un trèfle nain comme couvert avant de planter ce qui permettrait de restituer de l’azote à la culture et de limiter la concurrence des mauvaises herbes. » Malgré ce travail supplémentaire sur quelques mois au démarrage de la culture, les frères Gueguen sont convaincus qu’elle a de l’avenir en Bretagne. Ils ont donc planté 1 ha supplémentaire en 2023.