Edito - Illustration Temps libre

Temps libre

Il est assez surprenant d’entendre que la priorité de nombreux jeunes qui s’engagent dans la vie professionnelle, voire qui créent leur entreprise, est de dégager du temps libre. Autrement dit, on pose d’emblée les jours et heures chômés et on regarde ce qu’il reste pour le travail…

Dans un passé pas si lointain, l’objectif premier d’une activité était de dégager un revenu pour profiter du fruit de son travail. On ne comptait donc pas. Et dans un passé encore plus lointain, il était d’abord question de couvrir ses besoins primaires : manger, se chauffer et dormir. Cela prenait tout son temps.

Autre époque, autres mœurs. Aujourd’hui, la priorité serait donc de dégager du temps libre… avant même d’avoir commencé à travailler. Iconoclaste ! Cette conversion de notre société au temps libre n’est pas seulement l’apanage des jeunes si l’on en croit l’empressement de toute une génération à prendre sa retraite. Ces jeunes seniors impatients de décrocher veulent, pour leur part, « être libres de leur temps ». On mesurera d’ailleurs cette nuance qui voudrait que, lorsqu’on est jeune, on souhaite du temps libre, et quand on est plus âgé, on veut être libre de son temps.

Le travail n’est plus à la mode 

Ainsi en va-t-il des désirs de nos contemporains qui déclament sans fard que « le travail n’est plus à la mode ». Cette sentence n’est pas étrangère aux coups de boutoir des 35 heures qui ont ouvert une brèche dans la sacro-sainte citadelle de la valeur travail. Et au Covid qui a entretenu l’illusion que l’argent tombe du ciel sans bouger le petit doigt.

Né au néolithique avec l’avènement de l’agriculture, le travail vivrait-il donc ses dernières heures ? Peu probable. Cette croyance de notre société nantie se télescopera tôt ou tard avec la gnaque des pays émergents peuplés d’une jeunesse nombreuse convaincue que son émancipation est intimement liée à son ardeur au travail.


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