Rareté

Une page se tourne. Celle de l’abondance et des prix bas. Comme tout sevrage, celui-ci s’annonce brutal. D’autant plus que la sortie du Covid en juin 2020 a surjoué la marotte de l’opulence et du pas cher. Souvenons-nous : il y a deux ans, le baril de pétrole était passé sous la barre inconcevable du zéro dollar ; les taux d’intérêt des emprunts étaient proches de zéro. Le « quoi qu’il en coûte » a trop longtemps bercé l’illusion de l’argent facile. Fin de la partie. « L’ajustement », comme disent les économistes, s’annonce « violent ». Bienvenue dans le monde de la rareté et de son corollaire, le cher. Bien avant le déclenchement du conflit en Ukraine les prémices d’un basculement sourdaient. Acte I : le Covid a désorganisé les chaînes d’approvisionnement et mis à l’arrêt l’usine du monde. La Chine est d’ailleurs toujours sous cloche. Rien n’est donc réglé à ce niveau. Or, la création de monnaie à foison, et sa distribution aux consommateurs, a maintenu artificiellement la demande face à une offre insuffisante. Cette pénurie de marchandise est le terreau fertile de l’inflation qui se diffuse aujourd’hui dans la majorité des pays. L’approvisionnement en nourriture fonctionne selon le même principe de l’offre et de la demande. Avec l’invasion russe, l’Ukraine a perdu son rang de grenier du monde. Le blé est devenu rare : les prix se sont envolés. La résurgence concomitante de sécheresses aux quatre coins de la planète attise encore plus la fébrilité des marchés volontairement brouillés par les spéculateurs ; en fait 4 opérateurs qui dominent les échanges mondiaux des céréales et qui bénéficient de manière massive des hausses de prix. Ces acteurs-là ont aussi une part de responsa-bilité. À la table de la faim, la déontologie devrait avoir sa place attitrée……

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