Un paysan breton haut en couleur

dd8650.hr - Illustration Un paysan breton haut en couleur
La Traite des vaches à Landédéo, 1995, acrylique sur contreplaqué, collectif du Hang’art, collection Hangar’t. © Bernard Galéron
Envie de s’offrir une bonne tranche de l’art après les mois de régime maigre du confinement ? Alors pas d’hésitation, mettez le cap sur le musée du Faouët ! L’établissement morbihannais propose une passionnante exposition sur « Le paysan breton dans la peinture ». Visite guidée.

D’emblée, l’œil est attiré par l’orangé d’un champ de blé qui mûrit au soleil. Puis le regard s’attarde sur le bleu du ciel auquel répond celui des tabliers des femmes participant, aux côtés des hommes, aux travaux de fenaison. Fourche en main, un paysan en bras de chemise ploie sous le poids du foin qu’il amasse pour constituer un tas violacé contrastant avec le vert d’une prairie parcourue par un ruisseau tout en ondulations, comme l’ensemble du paysage. Le tableau « Les Foins », instantané de vie paysanne peint par Paul Sérusier en 1920, incarne de belle manière l’exposition présentée cette année par le musée du Faouët. Intitulée « Le paysan breton dans la peinture », celle-ci rassemble quelque 150 œuvres qui sont autant d’invitations au voyage à travers la Bretagne rurale.

[caption id=”attachment_55144″ align=”aligncenter” width=”714″]dd8649.hr La Traite des vaches à Landédéo, 1995, acrylique sur contreplaqué, collectif du Hang’art, collection Hangar’t. © Bernard Galéron[/caption]

L’exotisme breton

Au cours du XIXe siècle et au début du XXe, le paysan breton séduit nombre d’artistes. Les costumes, les traditions et les paysages offrent ici une touche d’exotisme que ne proposent pas d’autres régions. Personnages, scènes de la vie quotidienne, marchés aux bestiaux, fêtes religieuses sont alors sources d’inspiration. Puis, avec l’arrivée de la mécanisation et l’irruption de la modernité dans la campagne bretonne, le sujet « paysan » va rapidement perdre de son attrait. Reste une production très diverse qui constitue un précieux témoignage sur la vie paysanne bretonne.

Pour Anne Le Roux-Le Pimpec, directrice du musée du Faouët depuis 1996, le sujet de cette exposition résonne comme une évidence. « C’est une thématique que j’avais dans mes cartons depuis plusieurs années. L’agriculture, notre rapport à la terre sont aujourd’hui des questions qui font l’actualité. Et cela nous concerne d’autant plus que nous sommes en plein kreiz breizh. Sans oublier que plusieurs des œuvres exposées représentent des paysages de la campagne du Faouët et de ses environs ! »

[caption id=”attachment_55145″ align=”alignright” width=”293″]dd8648.hr Les Foins, Châteauneuf-du-Faou, 1920, huile sur toile de Paul Sérusier, collection châteauneuvienne. © Bernard Galéron[/caption]

Le plaisir des pupilles

Organisée en 6 salles distinctes, l’exposition regroupe les tableaux par thématique : portraits, le paysan breton au travail, marchés, vie quotidienne, pratique de la foi, Le Faouët et ses alentours. Provenant à parité de collections privées et publiques, ces œuvres descriptives offrent une large palette de styles. Ici un souci du détail pour un rendu quasi photographique, là une utilisation impressionniste des couleurs, plus loin un trait tout en modernité…

Pour le plus grand plaisir des pupilles, cette exposition est ouverte jusqu’au 31 octobre 2021. Si Finistériens et Morbihannais composent le principal contingent de visiteurs, le musée du Faouët, qui bénéfice depuis 2012 du label musée de France, attire des visiteurs de toute la Bretagne et même au-delà. Sa fréquentation annuelle moyenne avoisine ainsi les 17 000 personnes. Un public sevré d’expositions ces derniers mois qui aura sans doute envie de renouer avec ses habitudes « d’art-d’art ! »

Informations pratiques : Exposition ouverte jusqu’au 31 octobre 2021, entrée 5 euros, Tél. 02 97 23 15 27, www.museedufaouet.fr

UNE AVENTURE CULTURELLE

Dès le milieu du XIXe siècle, Le Faouët, riche de ses traditions et de son patrimoine, attire de nombreux artistes français et étrangers. Certains s’y établissent ou s’y rendent régulièrement, contribuant à sa renommée. À la fin du XIXe, Le Faouët se transforme en véritable foyer artistique. Les hôteliers se dotent d’ateliers pour artistes et équipent leurs établissements de « tout le confort moderne ». Le premier noyau de la collection municipale est constitué à la veille de la Première Guerre mondiale, à l’initiative de Victor Robic, maire de l’époque. Artiste à ses heures, il entretient des relations d’amitié avec les peintres qui fréquentent la localité et les incite à faire don d’une œuvre à la commune. En 1987, cette dernière se porte acquéreuse de l’ancien couvent des Ursulines, lieu qui va permettre la mise en valeur de la collection municipale et l’essor du musée du Faouët. Une aventure culturelle que le Crédit Mutuel de Bretagne, principal partenaire privé, accompagne avec fidélité depuis 22 ans.

Jean-Yves Nicolas


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article