Engraissement des mâles et femelles à l’enrubannage

Sur l’élevage de Daniel Le Corre, à Saint-Mayeux (22), l’engraissement se fait à l’enrubannage pour gagner en autonomie et ainsi sécuriser le revenu. Du maïs sera toujours gardé sur la ferme pour assurer une partie des stocks hivernaux. Sur une SAU de 80 ha, Daniel Le Corre élève 60 mères blonde d’Aquitaine et la suite. L’engraissement des mâles en taurillons et des réformes se fait à base d’enrubannages de qualité. Une technique originale et pointue qu’il a vraiment développée à partir des années 2000. « Je trie mes rounds grâce aux films de couleurs (bleu, rose et jaune) qui me permettent aussi de faire des dons contre le cancer… », note l’agriculteur. Par le passé, il a essayé l’engraissement à l’ensilage d’herbe, « mais les résultats n’étaient pas concluants et c’était compliqué à distribuer. Avec l’enrubannage, j’utilise une dérouleuse. » « Il y a quelques années, de janvier à mai, la ration était basée sur de l’ensilage de maïs avec des céréales et du correcteur azoté. Les six autres mois, l’herbe remplaçait le maïs, complétée de céréales. Aujourd’hui, l’objectif est de donner de l’enrubannage toute l’année avec 5-6 kg de céréales aplaties/taurillon/jour et 6-7 kg/vache/jour », déclare l’éleveur. « En gagnant en autonomie, je ne subis pas les variations de prix des matières premières. Et c'est plus éthique, je suis sûr de la qualité de mes animaux. Je garde cependant du maïs. Mais comme il coûte très cher à équilibrer et encore plus en engraissement, il y sera consommé le moins possible. » Il apporte aussi en finition un aliment à base de lin aux femelles commercialisées en label rouge (qui a intégré la démarche Bleu-blanc-cœur). « J’en donne moins qu’avec du maïs grâce à l’herbe qui contient des acides gras oméga 3. » Daniel Le Corre cultive aussi bien du blé que de l’orge, préférant l’utilisation de cette dernière « avec l’enrubannage tendre – car elle est moins azotée - ou dans le nourrisseur des veaux – car plus digeste. » Avec des dérobées RGI-trèfle L’enrubannage est réalisé avec un mélange RGI-trèfle en interculture entre une céréale et un maïs. L’éleveur utilise du trèfle squarrosum qui résiste le mieux à la concurrence du RGI. « J’ai aussi 3 ha de prairies de fauche à 4 km, en luzerne- fétuque-RGH. Et je fais également de l’enrubannage avec des prairies permanentes plus éloignées. » Le producteur dispose de son matériel de fauche, fanage, andainage (co-propriété) et fait réaliser les enrubannages par ETA (combiné). « Les rounds sont ramassés avec des pinces le plus rapidement possible pour éviter qu’ils soient percés par les choucas. Ils sont stockés dans un ancien silo à maïs. » Se fier aux bouses Pour connaître la qualité du fourrage, Daniel Le Corre ne fait plus d’analyses mais se fie aux déjections. « Si l'enrubannage provoque des bouses trop liquides, c'est qu'il contient beaucoup d'azote soluble. Il est donc mis de côté pour être distribué avec du maïs en hiver. Quand les bouses sont trop compactes, c'est que le stade de l'herbe enrubannée est trop avancé (montaison). Les bouses ne doivent pas non plus contenir trop de résidus non digérés (fibres, grains…). » De l’ensilage de maïs (une dizaine d’hectares) est conservé sur l’exploitation. « Cette année, j’en ai utilisé pendant 3,5 mois en début d’année pour les animaux en engraissement. » L’ensilage de maïs est plutôt réservé aux génisses et aux vaches gestantes et allaitantes. « Avant, je leur distribuais un repas de maïs le soir et un d’enrubannage le matin. Pour simplifier, je leur donne désormais un repas de maïs un jour et un repas d’herbe le jour suivant, avec toujours du foin à côté. Ça marche bien. » Chaque année, environ 30 ha sont dédiés au pâturage. Aujourd’hui, l’éleveur achète du correcteur azoté non OGM, sans soja.

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