Maïs : La froid a coupé l’élan

Les semis précoces peuvent s’avérer intéressants, surtout pour les récoltes en grain. Leur mise en œuvre doit néanmoins être raisonnée car les risques agronomiques sont plus importants. Depuis un mois, la valse des épandeurs et des tonnes à lisier fait rage sur les routes et dans les champs. Le mois de mars sec a permis d’avancer dans les travaux de préparation : destruction des couverts, épandage des fumiers, travail du sol… Avec la puissance de feu du parc matériel actuel, dès qu’un créneau météo favorable est annoncé, les chantiers avancent vite. « En ce début avril, nombre de parcelles sont prêtes et la question du démarrage des semis se pose légitimement », avance Michel Moquet, d’Arvalis-institut du végétal. Des sols qui se réessuient vite L’an passé, à l’est de la Bretagne, les semis avaient démarré à la mi-avril. Et le maïs avait levé bien plus vite que ceux menés à la fin avril, alors qu’un temps frais avait ralenti la phase d’émergence du maïs. Alors quelle est la date idéale pour semer ? Exit les repères de début mai pour lancer le semis ? « L’avancement des dates de semis est réelle au regard du réchauffement climatique », relaient des techniciens de terrain en Ille-et-Vilaine. « Les essais menés par Arvalis dans l’Ouest de la France confirment l’intérêt des semis réalisés à partir de début avril pour une récolte en maïs grain, à partir de la mi-avril pour un maïs fourrage. Depuis quelques années, on conseille de se tenir prêt à semer à partir du 15 - 20 avril. Les risques à semer tôt sont finalement moins importants que des semis tardifs après la mi-mai, en termes de rendement. Mais des précautions sont à respecter », rappelle Michel Moquet. Depuis plusieurs campagnes, on observe des sols qui se réessuient vite, et d’autant plus vite en absence de pluie, avec des vents d’est… Cette tendance a de nouveau été observée cette année. Alors autant en profiter pour mettre en place précocement un maïs de variété plus tardive, pour un potentiel de rendement supérieur, qui aura aussi une surface foliaire capable de capter le rayonnement solaire des jours longs en juin-juillet, pour optimiser la photosynthèse, et qui bénéficiera d’une floraison précoce avant tout risque de stress hydrique estival. Risques sur la phase d’émergence Et côté risques, le gel souvent évoqué pour les semis précoces n’est plus le principal facteur limitant. « Si l’évolution des risques au froid est moindre, on n’est jamais à l’abri de vivre une année qui sorte du lot… Mais un semis de la mi-avril en 2021 n’est pas plus exposé au risque de gel qu’un semis de début mai dans les années 90 », rapporte Michel Moquet. Avant de poursuivre : « Par contre, l’arrivée d’une période froide et humide juste après le semis est un des risques majeurs en semis précoces. » Le risque concerne surtout les sols limoneux, présents sur la moitié est de la région, de Pontivy en allant vers Rennes, qui peuvent être piégeux si de mauvaises conditions interviennent après le semis : battance en surface et reprise en masse possible de tout l’horizon travaillé. Les prévisions météo ne sont données qu’à une semaine après le semis… pour un maïs qui va mettre jusqu’à 3 semaines à lever. Le risque s’oriente bien sur cette phase d’émergence qui est la plus délicate. Et durant laquelle, la culture est aussi soumise aux attaques de ravageurs. Le potentiel de rendement est optimisé sur ces semis précoces. Mais pour atteindre ces résultats, le respect des bases agronomiques est primordial : « Cela est possible dans des parcelles bien exposées, avec des sols réchauffés et bien préparés », insistent les conseillers culture. « C’est avant tout l’agronomie qui doit commander ce choix de date de semis, à réaliser en lune poussante et avec une pluviométrie annoncée dans les jours qui suivent ». Sans le passage de ce froid dépressionnaire ces derniers jours, les semis auraient commencé cette semaine. Alors, nul doute que les semoirs vont investir tôt les parcelles cette année.

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