Dd7554.hr - Illustration Le club des cinq à l’école de la pratique
Alizée Le Romain, Amélie Deniel, Coralie Lemaître, Jeanne Milon et Weslee Trépagne.

Le club des cinq à l’école de la pratique

Après s’être intéressées aux chevaux ou aux bovins lors de leur formation agricole, les apprenties de la Ville-Davy ont trouvé dans la filière porcine leur vocation. Le Certificat de spécialisation (CS) doit les préparer au métier de salariée d’élevage. 

À la Ville Davy à Quessoy (22), cinq jeunes femmes ont démarré cet automne une année de formation en Certificat de spécialisation Conduite de la production porcine. Âgées de 18 à 23 ans, elles ont en commun un parcours commencé par les filières cheval ou production laitière (Bac pro CGEA ou BTS). Manque de débouchés professionnels, mauvaise expérience en ferme, côté répétitif de la traite… Chacune a ses raisons pour avoir changé de cap, mais toutes partagent cette rencontre, à l’occasion d’un stage, d’un remplacement ou d’un premier CDD, avec le cochon. « J’adore. En conduite en bandes, le système est réglé et facile à comprendre », lance sans fard Amélie Deniel. « Les horaires sont bien maîtrisés en comparaison à l’élevage laitier. Les journées de travail finissent plus tôt. Un point important quand on se projette avec des enfants ou une vie sociale plus tard. » Et sa voisine, Coralie Lemaître, de poursuivre : « En porc, le boulot est organisé et varié. D’une semaine sur l’autre, on sait ce qu’on a à faire et on ne s’ennuie jamais. » Les apprenantes affectionnent aussi le temps au contact des animaux en porcherie.

Acquérir connaissances et expérience de terrain

Mais si leur motivation ne fait nul doute, les jeunes femmes – aucune n’étant issue d’une famille de producteurs de porc – confient manquer « d’expérience » et de « connaissances plus techniques et spécifiques » pour être à l’aise dans le costume de salariée d’élevage. Malgré des employeurs prêts à les embaucher et les former sur le tas, elles ont opté pour cette année de CS « pour s’enrichir » et s’aguerrir. Une formation sur mesure pour celles qui veulent avant tout apprendre en pratiquant, « debout sur le terrain plutôt qu’assises sur une chaise », la majorité du calendrier est passée, en immersion, chez leur maître d’apprentissage.
Seules 12 semaines sont passées dans l’établissement.
« Pour aller dans le détail, le scénario pédagogique est organisé en modules thématiques : une semaine consacrée à la verraterie gestante, la suivante à la maternité… », explique le formateur Yannick Le Bihan.

Intervention de professionnels

Le programme laisse par ailleurs toute liberté de faire intervenir régulièrement des professionnels et techniciens de groupement. « En fonction des sujets abordés, les spécialistes partagent leur savoir ou nous ouvrent les portes pour une visite. Ils apportent une réelle plus-value aux apprenties. » Début novembre, par exemple, une journée « bien-être animal » a été articulée autour de la découverte du show-room de Calipro. Quelques jours plus tard, le groupe s’est rendu sur un élevage de plein air. Ces moments « d’approfondissement » sont très appréciés. « Cela permet de voir des équipements ou méthodes qui ne sont pas présents sur nos élevages ou d’entrevoir l’avenir à travers des innovations », estime Jeanne Milon. Pour Alizée Le Romain qui apprécie que les intervenants s’adressent à elles « comme à des pros », ces rencontres sont aussi l’occasion de « tisser un réseau de contacts » dans le milieu.     

« J’ai trouvé ma voie »

Les cinq apprenties étant accueillies sur des élevages différents (système naisseur-engraisseur conventionnel ou élevage de sélection, de 120 à 600 truies), les retrouvailles à Quessoy sont toujours « l’occasion d’échanger, de mettre en commun, de partager expériences et difficultés ». Les heures en classe sont animées et tout le monde participe. « On aime parce que ce n’est pas vraiment des cours : c’est pratique et concret », précise Weslee Trépagne confiant ne pas trop aimer l’école. Après une formation et des expériences en élevage laitier, épanouie, elle glisse pour terminer : « Je suis tombée sur un bon patron qui explique bien et prend son temps. En porc, j’ai trouvé ma voie. »

Un CS monnayable face à l’employeur

Avant d’enseigner la zootechnie porcine, j’ai travaillé 6 ans comme salarié dans un élevage de sélection-multiplication. Cette expérience me permet de savoir ce que maîtres d’apprentissage ou employeurs attendent des jeunes. En BTS Productions animales, les 10 à 15 % d’élèves mordus de cochon ne s’y retrouvent pas forcément car l’atelier laitier occupe une bonne partie de l’enseignement. Alors qu’en Certificat de spécialisation, on ne parle que de ça. C’est une formation pour que les apprenties comprennent ce qu’elles font et élargissent leur regard. En faisant le lien avec le vécu sur le terrain, je leur apporte des connaissances théoriques qu’on a à peine le temps d’aborder en BTS. À l’arrivée, en CS, les apprenties gagnent en confiance en elles et en autonomie dans le travail. Cela les prépare à endosser plus tard des responsabilités. Cette formation ouvre des portes et est monnayable lors de négociations face à un nouvel employeur.Yannick Le Bihan, formateur en zootechnie


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