5733.hr - Illustration Aménager les bardages soi-même
Philippe Le Mestrallin, conseiller spécialisé au GDS Bretagne, et Jean-François Cainjo, un des 3 associés du Gaec du Vieux Four à Grand-Champ (56), devant les ouvertures en bardage coulissant sur rail.

Aménager les bardages soi-même

Création d’un prototype de bardage mobile sur rail par les éleveurs.

Patrick, Jean-François et Romain Cainjo, les 3 associés du Gaec du Vieux-Four, à Grand-Champ (56), ont ouvert leur bardage bois pour pallier la sensation d’étouffement dans la stabulation lors des fortes chaleurs. Un diagnostic d’ambiance réalisé l’été dernier avec des tests de fumigènes avait mis en évidence un manque de sortie d’air, le faîtage n’étant pas ouvert sur la totalité du bâtiment et une haie dense le long du pan nord bloquant la circulation de l’air. « Il fallait trouver des solutions pour que l’air circule », insiste Jean-François Cainjo, interrompu en plein travail de terrassement pour préparer la 3e phase d’agrandissement du bâtiment depuis son installation, en vue de l’évolution du cheptel en lien avec l’installation de son fils Romain en avril dernier.

[caption id=”attachment_47597″ align=”aligncenter” width=”720″]5729.hr La fréquentation des logettes situées le long de ce pan s’est améliorée aussitôt, dès les ouvertures du bardage. Depuis juin, elles sont restées ouvertes nuit et jour. Les éleveurs ne les ferment que lors du passage de la pailleuse.[/caption]

200 € de matériel pour deux ouvertures de 3 m

Bricoleurs dans l’âme, ils sont partis sur une suggestion de leur voisin menuisier : l’idée était de découper le claire-voie du pan nord, une travée sur deux, et de réaliser un bardage sur rail, avec des guides et des butées. Simple, économique, pour un montant n’excédant pas 200 € pour la réalisation des deux premiers bardages coulissants, à raison d’une demi-journée de travail à deux personnes, le chantier est lancé en juin dernier. Au-dessus des parpaings (hauteur de 1,20 m), des fenêtres ont été découpées sur des dimensions de 1,60 m sur 3 m de longueur. Un rail de 6 mètres a été installé pour recueillir le nouveau bardage mobile, réalisé avec des planches de 17 cm espacées de 2,5 cm (au lieu de 1,8 cm d’espacement sur le bardage fixe), le tout fixé sur un tasseau. « Nous avons racheté des planches mais nous aurions aussi pu récupérer le bardage existant », précise Jean-François Cainjo. « Il faudra peut-être prévoir un tasseau supplémentaire au milieu du bloc mobile pour rigidifier le tout et assurer sa pérennité, ainsi qu’un guide supplémentaire pour éviter toute prise au vent en position fermée », conseille Philippe Le Mestrallin, conseiller technique spécialisé ambiance bâtiment au GDS Bretagne.

Des trappes ouvrantes

[caption id=”attachment_47596″ align=”alignright” width=”187″]5021.hr Aménagement de trappes ouvrantes.[/caption]

Sur un bâtiment existant, pourquoi ne pas ouvrir le bardage ? En autoconstruction, il est possible de réaliser un bardage très ajouré avec des planches de 15 cm de large, espacées elles-mêmes de 15 cm. Un second bardage vient se positionner derrière, réalisé de la même façon, et qui coulisse latéralement, comme un rideau. « C’est faisable mais il faut être un bon bricoleur, il faut être soigneux et appliqué, pour que le coulissement soit facile », avertit Jacques Capdeville, de l’Institut de l’élevage. Autre possibilité, l’aménagement de trappes ouvrantes. C’est plus facilement réalisable, et tout aussi efficace. Il s’agit de réaliser des cadres de 5 à 6 mètres de large dans la paroi en bois. En haut de chaque cadre, fixer des charnières. Il suffit ensuite de découper le bardage, puis placer une béquille de façon à maintenir la trappe ouverte quand il fait chaud. C’est réalisable sur bardage bois plein, bardage bois ajouré ou tôle. « Il faut compter 150 euros de matériel pour chaque travée et du temps de travail », prévient Jacques Capdeville. Antoine Humeau

Plus de luminosité

« Nous avons vu aussitôt la différence, avec une meilleure fréquentation des logettes situées le long de ce pan nord », relaie Patrick Cainjo. Effet ventilation, effet luminosité ? Les questions demeurent. Ils sollicitent ainsi de nouveau une analyse et un œil extérieur pour affiner la suite des évolutions possibles pour leur stabulation et valider l’efficacité du système. Un audit ambiance bâtiment en condition caniculaire fin juin 2020 est donc réalisé par le GDS Bretagne et confirme l’efficacité au niveau de la ventilation.

Malgré le long-pan sud grand ouvert, les éleveurs souhaitaient aussi bénéficier de plus de luminosité dans le bâtiment : fallait-il ajouter des translucides, remplacer ceux existant usagés ? Après mesures, Philippe Le Mestrallin leur prouve qu’il y a déjà suffisamment de translucides en toiture (10 %/surface toiture). Il leur conseille au contraire de continuer ces ouvertures mobiles et d’élaguer la haie qui assombrit ce coin de la stabulation et freine la circulation d’air. « Le pignon nord mériterait aussi d’être ouvert », précise-t-il. Mais il donne sur des habitations de tiers, ce qui freine les agriculteurs. Le pignon ouest de la stabulation, agrandie de 25 m, sera quant à lui, en bardage claire-voie, en remplacement d’un ancien pignon en tôle pleine.

Une stabulation en évolution constante

Pour améliorer l’ambiance lors des fortes chaleurs, les éleveurs se questionnent aussi sur l’opportunité de brasseurs d’air et de la brumisation. « Il faut continuer à améliorer la ventilation en œuvrant avant tout sur la structure du bâtiment. Il faut ouvrir le faîtage quand c’est possible sur toute la longueur du premier bâtiment, avec une faitière de 25 cm sur 3 travées non équipées dans un premier temps. Sur la toiture de la deuxième partie du bâtiment, en bac acier, une cheminée doit être installée par travée », indique le conseiller. « Pour ne pas dégrader le taux d’humidité dans le bâtiment, la ventilation faisant défaut dans quelques endroits, un système de douchage sur la table d’alimentation peut être envisagé à terme plutôt que la brumisation. »


Tags :
Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article