- Illustration L’accouvage et la sélection palmipèdes en danger
Si le maillon sélection est rompu, il sera très difficile de relancer une production de canard Mulard en France après la crise.

L’accouvage et la sélection palmipèdes en danger

Les entreprises Grimaud Frères Sélection et Galor, spécialisées dans la sélection et l’accouvage de canards, oies, pigeons et pintades tirent la sonnette d’alarme sur la pérennité de la filière française sur ces espèces si le maillon sélection est rompu.

Dans le Paysan Breton du 24 avril, les difficultés de la filière volaille de chair suite au Covid-19 étaient évoquées et notamment la crise que traverse la production de canards. L’accouvage palmipèdes est en grande difficulté, de la même façon que l’accouvage pintade. Le maillon sélection qui se situe en amont de l’accouvage est tout autant affecté et il en est de même pour la filière pigeon.

La sélection canard de Barbarie se fait uniquement en France

Il faut préciser qu’en canard de Barbarie, 80 % de la production mondiale est localisée en France, même si près de 50 % de cette production française est ensuite exportée en Allemagne ou au Japon pour partie. « Le maillon sélection sur cette espèce existe en France uniquement », précise Yann Le Pottier, directeur général de Grimaud Frères Sélection. 70 à 80 % de la production de canard Mulard est faite en France. « Sur cette espèce également, le maillon sélection existe uniquement en France. Pour la pintade, la société Galor basée en France et appartenant au Groupe Grimaud est le seul sélectionneur au monde. La France et la Chine sont les principaux pays producteurs et consommateurs de pigeonneaux de chair. Notre entreprise est aussi le seul sélectionneur mondial avec son produit reproducteur Europigeon », détaille Yann Le Pottier.

Des cheptels reproducteurs à détruire

Suite aux épisodes d’Influenza aviaire de 2016 et 2017, les couvoirs spécialisés en canard se sont retrouvés en difficulté et les reproducteurs ont été abattus massivement. En sortie de crise, les accouveurs ont dû réinvestir lourdement dans des ateliers de reproduction et des cheptels. Cette réaction a été similaire sur d’autres productions canard Mulard et canard Pékin en Europe de l’Est. Le marché s’est retrouvé rapidement engorgé de viande de canard fin 2018 provoquant des besoins d’ajustement de l’ordre de -20 % pour la production de Barbarie courant 2019. « Avec la crise Covid-19 l’excédent de production s’accentue, et nous devons de nouveau prendre des mesures importantes d’ajustement. Pour toute la profession, ce sont donc de nombreux cheptels reproducteurs à détruire, des ateliers de reproduction à stopper et des couvoirs en grande difficulté qui ne passeront pas tous cette crise. » Le constat est le même en canard Mulard, en pintade et en pigeon avec des mises en place actuelles très en deçà des niveaux de l’année dernière.

Des filières qui pourraient disparaître

Pour les maillons de sélection, les travaux sont très coûteux avec des engagements d’investissements en recherche pendant environ 3 à 5 ans avant que les produits ne soient proposés aux consommateurs. Quand les marchés baissent drastiquement, les ventes de reproducteurs sont aussi impactées, mais les charges fixes de sélection ne diminuent pas, de façon à préparer les produits d’avenir. « Le maillon français de sélection sur ces espèces (canard, pintade, pigeon) est donc actuellement en grand danger. Ce sont les filières entières qui pourraient disparaître et l’indépendance de la France à ce niveau qui pourrait être remise en question si ce maillon sélection est rompu », explique Yann Le Pottier.


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