Le bien-manger

« Qu’est-ce qu’on mange ? ». La question revient quotidiennement en boucle dans les familles. « Qu’est-ce qu’on mange ? ». En France, on n’a que l’embarras du choix. Mais trop de personnes ne s’embarrassent visiblement plus avec ce riche choix. Il n’est qu’à observer les caddies familiaux du week-end dans les grandes surfaces urbaines où se concentre l’essentiel de la population: pizzas, coca, chips et brioches s’amoncellent souvent dans un embrouillamini couronné d’une myriade de crèmes dessert plus nombreuses que le nombre de jours de la semaine. On ne parle pas ici des caddies de bobos… Les bobos ne poussent plus beaucoup les caddies. Ils ont progressivement troqué la « chariote » métallique par le petit panier en osier. Au creux du réceptacle fabriqué en matériau éco-responsable tapissé de lin fin, les légumes frais, le beurre fermier, les fruits de saison et la noble pièce de bœuf figurent à l’avant-goût d’une ambiance de cuisine créative et de bonheur partagé à table.

À quelques rues de là, l’écran froid du smart fait office de plaque de cuisson sans saveur. Un clic et voilà le scooter à pizza qui se pointe ; un autre clic et c’est la Chine qui s’invite à domicile… Et pour les extras : tournée générale au fast-food pour toute la famille.
Comme dans les autres domaines de la société, l’alimentation est devenue duale. Et pas seulement à cause du pouvoir d’achat. Car tout compté, le mal-manger coûte souvent plus cher, mais son prix exorbitant est habilement masqué par le fractionnement des achats, comme le sel masque l’insipidité d’un plat. Il y a urgence à sortir de cette ineptie. En réhabilitant le bien-manger. Un bien-manger qui s’imposera par l’éducation au goût et à la santé. Pour le plaisir de chacun, pour le bien de tous.


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