D’une puissance de 80 kWh, le méthaniseur du Gaec Chesnay Piguelais a été voulu autonome en apport de matière organique. Un séparateur de phase permet le retour de liquide dans le fermenteur.
« Nous produisons 1,5 million de litres de lait avec deux robots, mais nous avons préféré ne pas investir dans un 3e robot car il aurait fallu augmenter le cheptel. Nous avons préféré nous lancer dans un autre atelier. La méthanisation est dans l’air du temps », expliquent les associés du Gaec Chesnay Piguelais à Guipel (35). Une porte ouverte a été organisée par Eilyps sur l’élevage le 21 novembre.
Auparavant associés dans un autre Gaec, Isabelle et Paul Lecarpentier avaient déjà eu l’expérience d’une installation de méthanisation, mais de dimension importante. Suite à la création d’un nouveau Gaec en septembre 2017 avec un agriculteur voisin, Pascal Huchet, ils ont choisi de mettre à nouveau en place un méthaniseur en cogénération qui a débuté sa production en avril 2019 (équipement de marque CRD). L’investissement total a représenté un montant de plus de 1 million d’euros, dont 34 % vont être subventionnés.
[caption id=”attachment_44311″ align=”aligncenter” width=”720″] Isabelle et Paul Lecarpentier se sont associés en septembre 2017 avec un agriculteur voisin, Pascal Huchet (à droite).[/caption]
Une serre pour valoriser la chaleur
« Nous avons fait le choix d’une unité de méthanisation de petite taille, d’une puissance de 80 kWh. Nous souhaitions que notre site soit autonome, sans circulation de tracteurs. » Une serre a été construite à côté pour valoriser la chaleur. « Nous allons la louer à un jeune homme de 28 ans qui va prochainement y débuter son activité de maraîchage. »
Le projet de méthanisation a été pris en compte dans le choix du système de paillage automatique (Schauer) installé il y a 1,5 an dans la stabulation des vaches laitières. La paille en brins courts arrive sur les logettes – matelas via les goulottes en hauteur. « La paille est méthanogène », soulignent les producteurs. Pour le moment, le méthaniseur est alimenté quotidiennement avec 12 m3 de lisier, 6 t de fumier provenant de l’atelier génisses et 1,5 t de maïs ensilage, (ce qui représente une surface cultivée de 8 à 10 ha). « Les refus peuvent aussi aller dans le méthaniseur. À l’avenir, nous allons ajouter des Cive (cultures intermédiaires à vocation énergétique). Cette année, nous avons fait un essai sur 10 ha de mélange avoine / trèfle, mais nous n’avons pas pu le récolter du fait des précipitations extrêmes à l’automne. »
Un tuyau sous la route transporte le lisier
Le lisier produit par les vaches laitières passe sous la route qui sépare les deux sites via un tuyau de 400 m de longueur avec une pompe de chaque côté. L’installation a coûté autour de 40 000 €, mais est fondamentale dans le projet. « Nous n’aurions pas transporté le lisier à la tonne tous les jours… » À la sortie du digesteur, un séparateur de phase a aussi été mis en place pour un coût de 30 000 € environ. « C’est indispensable d’avoir une partie liquide suffisante pour faire tourner le méthaniseur. Le fumier et le maïs sont des produits assez secs. » La partie solide issue de la séparation de phase est stockée dans la fumière, séparément du fumier. « Nous avons doublé la surface de la fumière et nous l’avons couverte. Le compost va être épandu avant maïs. C’est un engrais bien assimilable par les plantes. »