Peu présent en 2018 pour cause de sécheresse, le Brésil devrait refaire surface sur la scène mondiale cet été, si la météo s’avère favorable. - Illustration Maïs : Le Brésil prend les choses en main
Peu présent en 2018 pour cause de sécheresse, le Brésil devrait refaire surface sur la scène mondiale cet été, si la météo s’avère favorable.

Maïs : Le Brésil prend les choses en main

Le Brésil est devenu un exportateur incontournable de maïs, écoulant une production en forte progression.

Le Brésil pourrait prendre le relais de l’Ukraine, très agressive depuis plusieurs mois. Mais parallèlement, le pays cherche à diversifier ses débouchés localement, afin de limiter la pression sur le marché mondial. Car les cours du maïs sur le Chicago Board of Trade ressemblent fort à un encéphalogramme plat depuis trois saisons, oscillant entre 130 et 155 $/t.

Des stratégies différentes pour résorber les stocks

Le contexte actuel n’est pas propice à une remontée des prix. En effet, les trois gros concurrents des États-Unis (Brésil, Argentine et Ukraine) devraient pouvoir aligner 21 Mt de plus à l’exportation sur 18/19, pour une hausse du négoce mondial ne dépassant pas 15 Mt… Même si les volumes brésiliens ne sont pas encore validés (la période critique de la safrinha1 s’étale de mars à mai), il reste de la marge avant de voir le marché s’étrangler. Mais la situation pourrait être encore plus lourde, si les gros producteurs n’avaient pas fait d’effort, pour absorber chaque année un peu plus de leur récolte.

La Chine, qui doit résorber des stocks monstrueux et de piètre qualité, mise à fond sur l’éthanol depuis trois ans. Une solution qui lui permet aussi de prendre un virage environnemental. Les USA, qui ont pris cette option depuis longtemps, ont saturé leur marché en biocarburant et ont été obligés de trouver un relais à l’exportation pour ne pas crouler sous des récoltes crevant les plafonds chaque année. Malheureusement, le débouché chinois s’est tari avec le conflit commercial entre les deux pays. Les prix de l’éthanol sont au plus bas, et c’est par une augmentation du taux d’incorporation dans l’essence locale, que la filière maïs américaine espère redresser la barre.

Deux récoltes par an

La situation s’avère aussi délicate au Brésil. Le pays, qui récolte deux fois par an, satisfait sa consommation personnelle avec sa première production (28 Mt). La deuxième, appelée safrinha, ne cesse de croître, et pourrait atteindre 65 Mt cette saison, avec pour principal débouché, les exportations. L’état du Mato Grosso est le leader de cette expansion, mais semble avoir mis la charrue avant les bœufs. En 18/19, il pourrait produire pour la première fois, plus de maïs que de soja. Sa récolte est attendue à 30 Mt, dont 17 Mt vouées à l’exportation, 8 Mt destinées aux autres états, 4 Mt utilisés localement en alimentation animale et…1,5 Mt pour le secteur biocarburant.

En effet, alors que depuis des décennies la production d’éthanol était le fait de centaines d’usines brésiliennes travaillant la canne à sucre, et plutôt situées dans le sud-est du pays, elle est en train d’opérer une révolution à peine silencieuse. Son développement à base de maïs est en marche dans les états du centre. La première usine totalement dédiée à la céréale a vu le jour en 2017 (FS Bioenergia) dans le Mato Grosso, et une augmentation des capacités est en cours pour pouvoir y transformer 1,26 million de tonnes de maïs par an. Cela correspond à 530 millions de litres d’éthanol, 400 000 tonnes de drêches et 15 000 tonnes d’huile de maïs mis au marché. Vu la cherté de l’essence dans cette zone enclavée du pays, et les nombreux débouchés de la drêche en alimentation animale localement, l’expansion devrait se poursuivre rapidement. D’autres acteurs ont finalisé des projets qui verront le jour en 2019.

Le bioéthanol va jouer sur les équilibres mondiaux futurs

Pour l’instant, cela ne représente que 2 % de l’éthanol national, mais le mouvement est enclenché. Car parallèlement, le gouvernement renforce la place du biocarburant sur le marché intérieur (pilotage du prix de l’essence et du biocarburant, taxation des importations américaines, crédits carbone). Cela modifiera dans les années à venir le disponible exportable en maïs, mais aussi la mise à disposition de drêches qui pourrait limiter la progression des usages intérieurs de tourteaux de soja. La rapidité avec laquelle la transformation du maïs en éthanol va se développer dans les prochaines années, aussi bien au Brésil qu’en Chine, jouera à n’en pas douter sur les équilibres mondiaux. Il convient de garder cela en tête.

Les stocks mondiaux se rétractent

Les stocks mondiaux de maïs se rétractent régulièrement depuis trois ans. Car face à la hausse régulière de la production, la consommation galope. Les gros pays producteurs, Chine, USA et Brésil ont tous appuyé sur l’accélérateur pour transformer leur maïs, afin de ne pas rester à la merci des prix mondiaux et limiter leur lourdeur. En conséquence, le ratio stocks/consommation mondial devrait revenir à un plus bas de 6 ans (sous les 24 %) fin 18/19. Hors Chine, ce même indicateur chuterait à 11,5 %, ce qui est clairement bas mais pas encore alarmant. La situation est donc en train de s’apurer.

1 / Deuxième récolte brésilienne de soja presque exclusivement destinée à l’exportation


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