Wilfrid Messiez et Jean-Luc Barbo, respectivement animateur et président de la Commission locale de l’eau du Pays de Saint-Brieuc. - Illustration “Poursuivre et accentuer la mobilisation face aux algues vertes”
Wilfrid Messiez et Jean-Luc Barbo, respectivement animateur et président de la Commission locale de l’eau du Pays de Saint-Brieuc.

“Poursuivre et accentuer la mobilisation face aux algues vertes”

Jean-Luc Barbo, président de la Commission locale de l’eau, s’inquiète du « plafonnement » des teneurs en azote des cours d’eau de la baie de Saint-Brieuc. Il invite les agriculteurs à se mobiliser encore et à profiter des dispositifs d’aides proposés.

Au début des années 2000, on évaluait à 400 t l’azote déversé dans la Baie de Saint-Brieuc entre mai et septembre. Aujourd’hui, c’est moins de 200 t. « On a déjà des résultats : la mobilisation autour des actions menées depuis des années a permis de diminuer de deux tiers les flux d’azote vers la baie. Mais ce n’est pas suffisant pour crier victoire. Nous constatons que les derniers chiffres montrent désormais une certaine stagnation. Sur la période à risque, quand les algues vertes sont là et se nourrissent, on constate des taux de nitrates de 18 à 37 mg / L dans les cinq rivières concernées. Pour les cours d’eau aux teneurs les plus importantes, la baisse se poursuit. Mais pour ceux ayant les teneurs les plus basses, il y a un plafonnement… », expliquait, vendredi 26 octobre, Jean-Luc Barbo, président de la Commission locale de l’eau (Clé) au sortir d’une réunion de bilan sur les rivières pour 2017.

« Une évaluation dès 2021 »

Le responsable rappelle au passage que le contrat territorial Baie 2027 a pour objectif d’atteindre des flux d’azote printaniers « suffisamment bas » pour éviter la prolifération des algues vertes. Soit pas plus de 130 t d’azote arrivant dans la mer entre mai et septembre à cet horizon. « Mais attention, le dispositif sera évalué à mi-parcours en 2021. Nous devons être au rendez-vous. Surtout, pas de relâchement ! », insiste-t-il. Jean-Luc Barbo est conscient que les i seront les plus difficiles. Dans un contexte économique compliqué, il craint notamment que le soufflé ne soit « un peu retombé » chez les agriculteurs. « Je veux envoyer un nouveau signal vers la profession. La mobilisation doit se poursuivre et même s’accentuer. Autour de cette problématique algues vertes, nous nous sommes battus pour obtenir des financements et proposons maintenant tout un panel d’aides. Mais si ces enveloppes ne sont pas consommées grâce à un engagement fort sur le terrain, elles ne seront pas reconduites », alerte-t-il.

Cette prise de parole vient compléter le courrier cosigné de Danielle Even, présidente de la Chambre d’agriculture, envoyé à 1 230 agriculteurs du Pays de Saint-Brieuc dans le cadre du projet de territoire Baie 2027. Ce document revient sur les progrès accomplis et l’implication des agriculteurs qui ont permis d’éviter « la surenchère réglementaire ». Mais aussi sur les enjeux à venir, le « chemin qu’il reste à parcourir », « la lutte de longue haleine » face à « un phénomène préoccupant ». Enfin, la lettre insiste sur les dispositifs d’accompagnements et les aides disponibles avec un accès « facilité ».

Avec les coopératives et les organismes de gestion et de conseil

Pour Wilfrid Messiez, coordinateur eau et environnement au Pays de Saint-Brieuc, « tous les acteurs du territoire sont concernés par ce défi, mais les agriculteurs sont en première ligne. Nous attendons aujourd’hui des changements plus importants dans le paysage. » L’agronome égraine les pistes à creuser et les opportunités techniques à saisir : meilleure couverture des sols pendant les périodes à risque, gestion plus fine des apports d’azote, prise en compte des restitutions dans la réflexion agronomique, accessibilité des terres par la réorganisation du foncier, développement du pâturage, création de chemins, aménagement pour passer des routes, chantier collectif de récolte d’herbe, travail pour plus d’autonomie protéique, signature de MAEC, soutien à certains investissements…

« Nous avons bâti un catalogue de dispositifs qui rendent service. Les moyens financiers sont là, pour deux ou trois ans seulement. Aux agriculteurs de s’en saisir. D’autant que ces solutions peuvent aussi redonner du sens au travail des producteurs… » Wilfrid Messiez termine en insistant sur un point important : « Nous finançons désormais le temps passé par l’agriculteur, accompagné par un spécialiste, à réfléchir à l’évolution de ses pratiques et de son exploitation. À lui de choisir le partenaire qui lui convient… » Altéor, BCEL Ouest, Capinov, le Cédapa, CerFrance, la Chambre d’agriculture, le Gab et les coopératives Le Gouessant et Coorperl sont engagés dans le projet Baie 2027. Les compétences de leurs équipes sont ainsi mobilisables.


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