Rôle de la luzerne déshydratée dans un système “sans OGM”

La luzerne déshydratée a sa place dans l’alimentation des vaches laitières et notamment dans les filières « sans OGM » qui pourraient se développer dans les prochaines années. Le « sans OGM », Dominique Roueil et Pierre Tauvry le pratiquent déjà depuis de nombreuses années. Désormais, leur lait va être mieux valorisé dans le cadre de la démarche initiée par l'association des producteurs de lait Bel Ouest (APBO). Au 1er juillet prochain, les 850 producteurs français de Bel seront tous passés au « sans OGM » pour l’alimentation de leur troupeau et bénéficieront de la surprime de 15 €/1 000 L attribuée par la laiterie, en plus du prix de base garanti de 350 €/1 000 L sur 2018. Un 2e surprime de 6 € est attribuée aux producteurs qui font pâturer au minimum 150 jours par an. Confort de travail Pour parvenir à nourrir leurs 65 vaches laitières sans OGM, Dominique Roueil et Pierre Tauvry misent sur l’autonomie alimentaire qui passe notamment par des fourrages déshydratés via la coopérative Deshyouest. « Il y a de la luzerne déshydratée sur l’exploitation depuis 20 ans », retrace Dominique Roueil. Sur les 134 ha de SAU, les éleveurs font pousser en moyenne 7 à 8 ha de luzerne par an. Le coût de la prestation de récolte-transport-déshydratation revient à 140 €/tonne rendu exploitation, sachant que la production est d’environ 11,5 t/ha. « En parallèle à ce coût, il faut mettre plusieurs avantages : le confort de travail, l’absence de pertes par rapport à un ensilage et la qualité du produit », rappellent les éleveurs. « Nous déshydratons aussi du RGI cultivé en dérobée sur 10 à 20 ha selon les années. Et nous faisons également, quand l’année le permet, du maïs épi déshydraté donné en priorité aux veaux, mais qui peut aussi être distribué aux vaches laitières au printemps ». Tous les déshydratés sont conditionnés en bouchons, stockés à plat sur l’exploitation, « pour faciliter la reprise. » La ration complète est distribuée à la désileuse-pailleuse. Méteil à 50 % de protéagineux L’autonomie protéique est complétée par du méteil (sur 7 ha) récolté en juin et conservé en silo sandwich avec le maïs. « Il contient 50 % de protéagineux : pois, vesce et féverole. » Les bovins sont également nourris grâce à 30 ha de maïs et 7-8 ha d’orge. Et du pâturage dès que possible. « La diversité de notre assolement nous permet de réduire les risques dans notre zone sujette aux sécheresses », précisent les producteurs. « Notre système nous permet de réduire les achats de correcteur. Nous ne mettons que 2 kg/VL/j en hiver », expliquent les éleveurs qui affichent un coût alimentaire de 110 – 115 €/1 000 L incluant la prestation Déshyouest. De son côté, la moyenne d’étable grimpe à 10 – 11 000 L avec un TP de 34 et un TB de 43. Santé et production « La luzerne améliore la santé des vaches. Cette année au printemps, nous avons conservé 1 kg/VL de déshydraté en plus du pâturage. Les problèmes de santé sur quelques vaches ont été encore réduits… ». La luzerne déshydratée présente aussi un avantage « en termes d’encombrement par rapport à l’ensilage de luzerne. Cela peut par exemple permettre d’augmenter le maïs ingéré et la production/VL », ajoute Philippe Busnel, conseiller nutrition/reproduction Eilyps. « De plus, le tannage des protéines par le process de séchage permet une meilleure valorisation de l’azote dans l’intestin. » Plus que l’implantation, c’est le désherbage de la luzerne qui peut poser problème aux producteurs. « Comme nous déclarons notre luzerne en SIE (Surface d’intérêt écologique), nous ne pouvons y employer de traitement phytosanitaire. Les adventices sont maîtrisées à la herse étrille. »

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