Le “turn-over” préoccupe les Cuma

Les Cuma font le maximum pour offrir de bonnes conditions de travail à leurs salariés. Les périodes d’intense activité sont néanmoins difficiles pour les chauffeurs.

Le « turn-over » est jugé important par les responsables de Cuma. L’an dernier, 16 départs ont été enregistrés, dont 9 démissions, 5 ruptures conventionnelles et 2 licenciements économiques. En contrepartie, sept chauffeurs et une vingtaine de saisonniers ont été embauchés. Difficilement, compte tenu de la difficulté de recruter dans le domaine agricole. « Les 9 démissions nous interpellent », s’inquiète Jean-Michel Roger, président de la fédération des Cuma du Morbihan ; il évoque la charge de travail, très lourde, à certaines périodes. « Cette année a été exceptionnelle du point de vue des pointes de travail en raison de la météo. La compression des périodes d’épandage des effluents ne nous aide pas ».

Comment faire face à ces pointes de travail qui peuvent décourager les salariés et constituer une menace pour le dirigeant de la Cuma en cas d’accident ? Pas de réponse précise ; les responsables se promettent de travailler sur la problématique. Dans l’immédiat, les dérogations accordées sur le temps de travail des salariés doivent être respectées (72 heures au maximum pendant une semaine entre avril et mai et 60 heures sur 3 à 5 semaines pendant les périodes d’épandage, de fenaison et de moisson, et pendant les récoltes de maïs et les semis de blé). « Attention aux contrôles sur le terrain », prévient le président.

Adhérents saturés

La problématique du manque de main-d’œuvre sur les fermes des adhérents se fait aussi de plus en plus ressentir. Depuis 3 ans et la libéralisation de la production laitière, le nombre de vaches a augmenté dans les élevages, sans augmentation des actifs. Les outils sont saturés et les éleveurs également. Ces difficultés individuelles peuvent affecter les coopératives de matériel. 40 Cuma seulement, sur les 150 que compte le département, ont un ou plusieurs salariés. Certaines coopératives (sans chauffeurs) commencent à avoir des problèmes pour saturer le matériel acheté. « C’est le cas sur l’activité d’épandage d’effluents, par exemple.

Certains adhérents n’ont plus le temps de faire le travail avec le matériel de la Cuma. Ils délèguent à l’entreprise. Cela pose le problème de la pérennité de certaines activités dans ces structures ». Faut-il prendre le risque d’une embauche d’un salarié dans la Cuma pour répondre à ce manque de main-d’œuvre chez les adhérents? « La capacité financière ne le permet pas toujours », répondent leurs responsables. Les Cuma sont désormais reconnues comme groupement d’employeurs, ce qui peut résoudre le problème dans certains cas.

Complémentarités

D’autres pistes sont soulevées pour soulager les adhérents ou les salariés de Cuma en période de pointe. « Nous avons des complémentarités à trouver entre les Cuma et le groupement d’employeurs Solutis Emploi », propose Michel Jullard, administrateur de Solutis. La mutualisation des moyens entre différentes structures est envisageable. Elle suppose une certaine polyvalence des salariés. Or, 80 % des salariés de Cuma sont chauffeurs ou mécaniciens. Et ont été embauchés pour cela. Pas toujours facile de leur demander de faire d’autres tâches sur les fermes des adhérents.

Les profils des employés des services de remplacement sont sans doute plus polyvalents. Ils peuvent peut-être constituer un recours pour les Cuma et leurs adhérents en période de pointe. Le partage ponctuel de main-d’œuvre entre Cuma intégrales et Cuma sans chauffeurs peut aussi être envisagé. Les difficultés ne font que commencer pour trouver de la main-d’œuvre et fidéliser l’existante. Elles affectent déjà tous les secteurs du milieu agricole.

Faire intervenir les Cuma lors du parcours à l'installation ?

Certains adhérents s’étonnent que les Cuma n’interviennent pas dans le parcours à l’installation pour évoquer, avec les jeunes, le coût de mécanisation qui, bien souvent, plombe les trésoreries. Laurent Kerlir, président de la Chambre d’agriculture, leur a répondu que le temps manque pour faire intervenir toutes les structures agricoles (le GDS a fait la même demande lors de son assemblée générale pour sensibiliser les futurs éleveurs aux problèmes sanitaires) mais que ce thème est forcément traité dans l’étude prévisionnelle à l’installation.

Les Cuma du Morbihan en chiffres :

  • 150 coopératives,
  • 5 500 fermes,
  • 66 salariés permanents (chauffeurs),
  • 8,2 millions investis en 2017 :
    • Surtout dans la grande largeur en semis et en fenaison,
    • Dans les équipements de précision,
    • Dans le désherbage mécanique.

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