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Privilégier l’autonomie sur les postes de travail

La médiation est un moyen de régler les conflits au sein d’une société agricole. Pour éviter d’en arriver là, il faut accorder de l’importance aux relations humaines et à l’autonomie des opérateurs.

« Cette année, avec les étudiants en Licence Ressources Humaines, nous travaillons plus spécifiquement le thème de l’autonomie au travail et son impact sur les relations humaines au sein des sociétés agricoles », indique Nicole Le Peih, présidente du Relais Médiation du Morbihan.  Jacques Fischer-Lokou, enseignant-chercheur en sociologie à l’UBS, en avait déjà parlé lors d’une réunion consacrée à ce sujet en octobre dernier (voir Paysan Breton du 6 novembre) devant les responsables du Relais. Il a renouvelé ses convictions, lors de l’assemblée générale, à savoir que le système qui régit les relations humaines, basé sur le schéma « punition-récompense » n’est pas le plus efficace. « Lorsque les objectifs sont imposés, on a tendance à tricher pour les atteindre. Ce système nuit à la créativité et à la réflexion ».

Le Relais médiation en chiffres

  • 13 organisations partenaires,
  • 16 médiateurs agriculteurs,
  • 57 médiations réalisées,
  • 10 médiations cette dernière année (dont 4 toujours en cours), dont 8 sociétés familiales et 2 entre tiers.

Jacques Fisher-Lokou préfère un système basé sur une plus grande autonomie des opérateurs, qui, à l’en croire, finira par s’imposer. « C’est vrai dans les grandes entreprises américaines. Celles qui fonctionnent sur ce modèle déplorent 3 fois moins de rotation de personnel et 4 fois plus de développement ». Certainement plus facile à mettre en place dans les sociétés du numérique (secteur en croissance qui demande une main-d’œuvre très qualifiée) que dans les petites entreprises qui créent peu de valeur ajoutée et où le personnel est moins motivé. Le chercheur insiste pourtant : « Les individus ont un désir profond de diriger leur vie. Dans un tel système, les salariés ont des comptes à rendre mais ils peuvent diversifier leurs compétences, contrôler leur environnement de travail.

« Il y aura une explosion des médiations »

Catherine Robin, avocate médiatrice, a plaidé de nombreux contentieux devant les tribunaux nantais. En 2006, elle a quitté le barreau pour se former à la médiation. « J’ai commencé à travailler avec une compagnie d’assurances au niveau des conflits de voisinage. Une seule rencontre suffit généralement à résoudre le problème après plusieurs contacts téléphoniques. Les médiations familiales (divorces, perte d’autonomie d’un parent…) sont plus longues. Plusieurs rencontres sont généralement nécessaires après des entretiens individuels. Je pratique aussi des médiations au sein de grandes entreprises et je suis aussi intervenue dans deux Gaec à deux associés. Le besoin de médiation existe, le droit ne suffit pas à régler les conflits. Il n’est pas encore transformé en demande mais il y aura, à moyen terme, une explosion des médiations. »

Ce qui est vrai pour les grandes entreprises l’est également pour les plus petites ». Qu’en est-il chez les agriculteurs ? « Les enquêtes montrent qu’ils sont de plus en plus dépendants des cabinets de gestion. Sur-investissements, dettes, réglementation et charges administratives entraînent une perte d’autonomie. Et que dire des prix de vente de leur production, souvent fixés à des kilomètres des exploitations… Ils sont même dépendants au niveau technique. Tout cela va à l’encontre de la tendance actuelle dans le reste de la société ». Ce manque d’indépendance, parfois synonyme de soumission, peut conduire à de la frustration et à des conflits au sein des sociétés. Bernard Laurent


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