La rentabilité commence par les génisses

Aux yeux des conseillers Jean-Félix Torchen et Jean-Yves Porhiel, la maîtrise de l’élevage des génisses est assez « mathématique » et s’y pencher est « rentable ». Pour eux, améliorer les croissances, c’est au final obtenir plus de lait produit par jour de vie.

En moyenne, les vaches font 3,2 lactations après près de 2,5 ans d’élevage. « Soit 40 % de leur durée de vie improductive. Il y a donc de l’argent à gagner à se pencher sur l’élevage des génisses. C’est simple : il faut faire du vêlage précoce », martelait Jean-Yves Porhiel, de la Chambre d’agriculture de Bretagne, lors d’une journée Innov’action dans le Finistère. « Quand on s’y intéresse, ce n’est pas compliqué. Au contraire, c’est presque mathématique. À condition de commencer par avoir une stratégie de réforme claire qui dicte le nombre de jeunes à garder. »

À ses côtés, Jean-Félix Torchen, de BCEL Ouest, rappelait que le b.a.-ba » pour viser un premier vêlage à 24 mois est d’avoir des repères de croissance. Bien sûr, il est possible de suivre en pesant. « Mais aussi de s’appuyer sur à la hauteur au sacrum : quand un animal atteint une marque sur un mur à 1,35 m du sol, il est temps d’inséminer. Ou encore d’utiliser le ruban barymétrique en évaluant le tour de poitrine de l’animal bloqué au cornadis. Et comme on mesure la plus petite circonférence de la femelle, la note d’état joue peu : quand le résultat lu atteint 1,70 m, il est possible de mettre à la reproduction. » Jean-Yves Porhiel résumait : « Quand la génisse a 13 mois, on se met en alerte pour repérer les chaleurs. A 15 mois, on est prêt à mettre à la reproduction. »

Les deux conseillers rappelaient également que plus les génisses sont jeunes, plus elles ont besoin d’une ration riche et de qualité. « Pour les plus âgées, au contraire, il vaut mieux baisser la densité énergétique du régime pour éviter l’engraissement, comme on le voit parfois sur des rations à base d’ensilage d’herbe. Par exemple, il est simple de les conduire sur des prairies de moindre qualité. » Dans l’assemblée, un producteur de lait soulignait qu’on connaît rarement la densité énergétique d’un paddock qui passe rapidement « de 0,90 UF / kg de MS à 0,70 une fois les graminées épiées… » Jean-Félix Torchen acquiesçait. Avant de rebondir : « Pour des génisses de première année, il faudrait viser des qualités d’herbe qu’on réserve aux laitières. Sur le terrain, on voit ainsi de plus en plus d’éleveurs qui ne les sortent plus avant l’IA n’arrivant pas à atteindre les objectifs de croissance. »

Au bout du bout, les techniciens ciblent la production par jour de vie. « Des élevages avec un premier vêlage à 30 mois et 3 lactations de moyenne se situent à peine à 10 L de lait par jour de vie. Les meilleurs atteignent 14 kg. Au-dessus de 15 kg, c’est exceptionnel. » Pour conclure, des éleveurs réagissaient en se demandant s’il ne fallait pas « travailler sur les lignées de vaches qui vieillissent le mieux, les plus rentables en calculant leur marge laitière par jour… »

À méditer.

Outils en ligne

Des tableurs existent en ligne (www.synagri.com : « Outils pratiques » dans la rubrique Élevage /bovins lait) pour progresser : suivi des tours de poitrine, rationneur pour génisses…


Tags :
Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article