Les éleveurs anticipent une éventuelle évolution des normes bien-être en équipant les poulaillers de fenêtres pour que les volailles profitent de la lumière naturelle. - Illustration Toujours plus de bien-être pour les volailles
Les éleveurs anticipent une éventuelle évolution des normes bien-être en équipant les poulaillers de fenêtres pour que les volailles profitent de la lumière naturelle.

Toujours plus de bien-être pour les volailles

Les pays du nord de l’Europe ont fait évoluer leurs systèmes d’élevage pour tendre vers plus de bien-être. Les surcoûts générés sont financés par un fonds alimenté par des prélèvements opérés par les distributeurs

« Dans un contexte de fortes remises en cause de l’élevage tant au niveau du bien-être animal, de la pollution, de la baisse de la consommation de viande, de la problématique OGM et d’image du modèle industriel, la filière avicole s’interroge », déclare Pascale Magdelaine de l’Itavi, lors de la journée nationale des professionnels de la volaille de chair qui s’est déroulée le 16 novembre à Pacé (35). La montée en puissance a été progressive avec tout d’abord les questions environnementales dans les années 80 puis le bien-être animal en 90, la santé, l’antibiorésistance, la taille des élevages en 2000 et depuis 2010 l’éthique animale. « L’exemple le plus marquant est bien sûr l’adaptation qui est en train de s’opérer dans la filière pondeuse avec un fort développement du plein air et du bio pour répondre à la demande et aux exigences sociétales. »

Un poulet qui a conquis 100% du marché

En production de volaille de chair, la France fait figure d’exception en Europe avec un marché très segmenté. « Les volailles label représentent 17 % de la production française. Cela reste malgré tout une niche avec des cahiers des charges exigeants », constate Pascale Magdelaine. Dans les pays d’Europe du Nord, les marchés avicoles sont plus standardisés, mais avec des initiatives collectives récentes qui se mettent en place rapidement. « Dans ces pays, l’ensemble de la filière se met autour de la table et tout le monde évolue en même temps. L’ensemble de la production évolue avec un cahier des charges moins exigeant. Nous pouvons citer les exemples néerlandais du poulet de demain et allemand avec Initiative Tierwohl. »

En 2012, aux Pays-Bas, suite à une campagne publicitaire contre le poulet à croissance rapide, des discussions entre acteurs de la filière et distributeurs ont abouti sur un accord autour d’un cahier des charges « Kip Van Morgen ». « Ce poulet issu de souches à croissance lente doit avoir un GMQ inférieur à 50 g soit un poulet pesant 2,25 kg à 45 jours, une densité inférieure à 38 kg/m2. Le milieu doit être enrichi, la volaille doit être au minimum 6 heures dans l’obscurité. Le tout dans des bâtiments d’élevage qui n’ont pas été modifiés », décrit l’ingénieure de l’Itavi. En 4 ans, ce poulet a conquis 100 % du marché du frais néerlandais.

Le bien-être financé par les distributeurs

En Allemagne, 96 % des poulets sont « standards » et la demande est fortement orientée vers la découpe et les produits élaborés avec une attente forte en matière de prix. Le pays a subi une pression sociale et politique forte contre l’élevage intensif. Ce qui a poussé à mettre en œuvre des mesures pour le bien-être animal sans affecter la compétitivité avec une démarche volontaire. Ils ont appliqué 3 principes fondamentaux : éviter la niche (pas d’étiquetage spécifique ni de différence de prix entre produits), les surcoûts générés par les mesures de bien-être sont couverts par des bonus financés par un fonds alimenté par des prélèvements opérés par les distributeurs, libre participation des éleveurs et libre choix des mesures mises en œuvre.

« Nous sommes conscients qu’un dialogue est nécessaire avec la société sur les sujets de débat sur l’élevage. Mais un partage est tout aussi nécessaire sur les enjeux économiques et les contraintes des éleveurs. En effet, un poulailler s’amortit sur 15 ans, on ne peut pas changer de système du jour au lendemain. Si les systèmes d’élevage doivent évoluer et qu’il en découle des investissements, il faudra que les surcoûts soient répercutés tout au long de la chaîne alimentaire », conclut Pascale Magdelaine.


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