Laurent Geffroy dans une de ses parcelles de maïs, deux semaines après un passage de houe rotative et un désherbage. - Illustration Un compromis entre salissement et rendement
Laurent Geffroy dans une de ses parcelles de maïs, deux semaines après un passage de houe rotative et un désherbage.

Un compromis entre salissement et rendement

Laurent Geffroy, du Gaec Rescan Geffroy à Saint-Gilles (35), cherche le meilleur équilibre entre intervention chimique ou mécanique pour désherber le maïs en s’adaptant aux contraintes météo, au degré de salissement des parcelles de maïs et au temps disponible, dans l’objectif d’obtenir un rendement de 15 t MS/ha.

« On voulait faire évoluer nos pratiques vis-à-vis de l’environnement et diminuer les charges des intrants », explique Laurent Geffroy, un des deux associés de l’exploitation située dans le bassin versant du Meu. Aussi, Le Gaec Rescan Geffroy s’est engagé dans une Mesure agro-environnementale (MAE) dès 2009. Le dynamisme collectif local a conduit la Cuma de Saint-Gilles (35), à laquelle l’exploitation est adhérente, à investir dans une bineuse 4 rangs.

Du 100% chimie au désherbage mixte

« D’entrée de jeu, on a commencé par un désherbage chimique sur le maïs, suivi d’un passage de la bineuse avant que l’interrang ne se recouvre ». Ils ont commencé par des essais, « pour maîtriser l’outil ». Petit à petit, la pratique s’est étendue sur toutes les parcelles de maïs. La technique a répondu à leurs attentes : efficacité du désherbage, maintien du rendement ainsi que la baisse de l’indicateur de fréquence de traitement (IFT) herbicide qui est passée en 5 ans de 0,95 à 0,55 sur les parcelles engagées en MAE (0,68 en maïs, 1 en blé et 0,88 en colza). En 2012, la Cuma investit dans une houe rotative. Les éleveurs ont alors le choix entre les deux outils. Si, jusqu’en 2016, la houe est intervenue occasionnellement, et le plus souvent pour casser une croûte de battance formée dans des terres limoneuses, elle est dorénavant préférée à la bineuse pour désherber.

frequence-herbicide

Exigeant en temps

Ce qui freine Laurent Geffroy, c’est surtout le temps exigé par le chantier lors du passage de la bineuse. « On avait aussi acheté des pneus étroits, pour éviter la casse, importante lors des nombreuses manœuvres en bouts de rangs. » Depuis deux ans, il a ainsi opté pour la houe rotative de 6 m. « On peut monter à 15 – 20 km/h, le chantier va plus vite et on intervient en chimique 10 à 15 jours plus tard. » En 2016, il est intervenu sur les 3/4 de sa surface ainsi. Dans certaines parcelles, un appoint en localisé a été nécessaire. Le ¼ restant a été traité chimiquement (Peak 6 g au lieu des 10 g préconisés, Elumis 0,75 L), mais a exigé un second passage d’herbicide en rattrapage. « Je n’ai observé aucune différence sur ces parcelles à l’issue de ces deux modes de conduite. Mais pour la houe, comme pour la bineuse, je reste dépendant de la météo ». La démarche est donc aléatoire selon les années. En 2017, la houe a été passée le 23 mai. « 10 jours trop tard », regrette l’agriculteur. Les mauvaises herbes avaient déjà des racines développées. Néanmoins, l’intervention a permis d’aérer la terre en surface. Le désherbage, à faible dose, avec Monarque 0,55 L, Prevost 0,55 L, Conquérant 200 g et Manile 0,2 L, a suivi la semaine suivante.

Pénalisé par la rotation maïs/maïs

« Deux ou trois chénopodes par-ci, par-là, dans l’interrang, ne me dérangent pas. Par contre, je lutte contre les liserons, les panics, les graminées… qui concurrencent la culture », explique Laurent Geffroy. L’objectif premier est de constituer les stocks de fourrages, avec un rendement visé de 14 à 15 t MS/ha. Travaillant sur deux sites distants de 14 km, la rotation maïs/maïs est fréquente sur le siège de l’exploitation, sélectionnant une flore adventice de printemps. « Dans les parcelles où le risque liseron est trop fort et quand certains couverts repoussent avant le semis, il reste le labour quand c’est trop sale. » Le désherbage mécanique n’intervient pas sur les céréales à paille. Quant aux pâtures, seul le rumex est traité à l’automne.

Laurent Geffroy vient d’intégrer un groupe DephyEcophyto cette année, pour « mieux connaître les adventices, améliorer ses techniques et échanger avec d’autres agriculteurs sur les essais menés dans les exploitations ». Ces pratiques de désherbage conduisent à une remise en question constante, l’échange collectif permet d’avancer plus vite.

[caption id=”attachment_27759″ align=”alignright” width=”144″]David Bouillé, Chambre d’agriculture de Bretagne David Bouillé, Chambre d’agriculture de Bretagne[/caption]

Souvent, les agriculteurs acceptent de bouger la ligne des pratiques culturales suivies depuis de nombreuses années pour respecter le cahier des charges après leur engagement dans une MAE. D’autres leviers que la chimie sont alors testés pour limiter les IFT. Ils acceptent ainsi petit à petit de nouvelles pratiques ayant une efficacité moindre. Ce qui était inimaginable au départ devient alors possible ! L’entrée vient le plus souvent par la réduction des fongicides. Pour les adventices, c’est plus complexe car la gestion est pluriannuelle. Comparée aux fongicides, la tolérance d’une moindre efficacité est partielle et non plus globale. Elle dépend des risques liés aux profils des adventices et principalement par rapport au stock semencier de la parcelle. Aussi, la tolérance est plus grande face aux dicotylédones (mouron, matricaires, fumeterre…) et quelques graminées (pâturin…) faciles à éliminer. C’est plus compliqué pour les vivaces où la nuisibilité sur la culture et le regard extérieur sont plus forts.

David Bouillé, Chambre d’agriculture de Bretagne


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