Marcel Girault a entièrement conçu son semoir. À l’avant, le rouleau Faca et la cuve pour l’azote liquide, à l’arrière la trémie pour l’activateur de sol et le module d’éléments semeurs monograine. - Illustration Le maïs semé en twin-row résiste mieux au stress hydrique
Marcel Girault a entièrement conçu son semoir. À l’avant, le rouleau Faca et la cuve pour l’azote liquide, à l’arrière la trémie pour l’activateur de sol et le module d’éléments semeurs monograine.

Le maïs semé en twin-row résiste mieux au stress hydrique

Importée d'Amérique du Nord, la technique de semis en rangs jumelés s’implante peu dans l’Hexagone. En Sarthe, Marcel Girault la pratique depuis plusieurs années pour ses semis de maïs en direct dans un couvert sénescent.

Cela fait six ans que Marcel Girault, agriculteur à Fontenay-sur-Vègre (Sarthe), s’est lancé dans le maïs double rang. Pour une raison toute simple : « Je voulais simplifier le travail en utilisant mon semoir semis direct », semoir multifonctions baptisé Magisem qu’il a fabriqué de toutes pièces. D’autres motivations animaient ce passionné d’agronomie : obtenir plus d’épis au mètre carré et faciliter le flux de végétation du couvert entre les dents. La conception de la machine le permet, elle offre un large dégagement entre les dents, obtenu grâce aux quatre poutres que compte le semoir.

Semis en double-rang

Pour semer en twin-row, Marcel Girault installe le module d’éléments semeurs monograines, il retire les dents de la première poutre et aligne celles de la deuxième entre les deux lignes de semis. Ces descentes distribuent un « activateur biologique mycorhizant et supportent aussi des buses qui localisent 60 U d’azote liquide. » Les huit dents sur les deux poutres arrière sèment le maïs à 25-30 cm d’espacement entre rangs et 45-50 cm d’inter-rangs. Un moteur hydraulique active une soufflerie qui accélère la descente de la graine pour assurer une meilleure répartition sur le rang. « Je sème à 4-5 km/h pour limiter les vibrations et avoir plus de régularité dans le positionnement des semences. » Les disques à l’arrière recouvrent le semis. Question densité, le Sarthois sème dru ses 30 ha de maïs : 110 000 grains/ha pour viser un peuplement de 95 000 pieds. « Les semences ne me coûtent pas cher car je fabrique mes hybrides. » Cela lui permet de tester une douzaine de croisements chaque année et de repérer les plus adaptés au semis double rangs.

Le semis en twin-row permet une meilleure occupation de l’espace par la végétation et les racines.

Derrière un blé, ce fervent défenseur de l’agriculture de conservation implante un couvert complexe fin septembre, début octobre. « C’est mon strip-till végétal ! » Avec le Magisem, il sème sur les futurs rangs de maïs une association de féveroles, radis chinois et phacélie pour préparer le lit de semences. « La phacélie travaille la terre, le radis chinois va chercher les éléments en profondeur, la féverole apporte de l’azote au maïs et réchauffe le sol quand elle noircit. » Sur le futur inter-rang un mélange d’avoine brésilienne, de vesce commune, de trèfle d’Alexandrie et de radis fourrager « forme un bon paillage. » Ce couvert est détruit au glyphosate une semaine avant le semis et aplati par le rouleau faca devant le tracteur. « Je sème plutôt tard car j’attends que la parcelle soit bien ressuyée pour limiter le tassement au maximum. »

De faibles charges

Avec le double rang, Marcel Girault constate qu’il y a moins de concurrence aérienne et racinaire entre les plants car « ils sont mieux répartis dans la parcelle ». En résulte une plus large exploration racinaire qui permet une meilleure absorption de l’eau et des éléments. « En épisode sec, le maïs peine moins vite. » L’irrigation est pratiquée sur une partie des parcelles « mais pas en intensif ». Autre avantage, une meilleure couverture du sol qui prive rapidement les mauvaises herbes de lumière. « Elles lèvent puis se nanifient. »

Le maïs twin-row est récolté avec des cueilleurs classiques à 75 d’écartement. « Les rendements sont identiques à un semis normal, en moyenne 90-95 q/ha sauf en 2016. » Si les rendements n’apportent pas un plus, les charges, elles, sont réduites au maximum, que ce soit le coût d’implantation avec seulement 7 litres de GNR/ha ou les charges opérationnelles estimées à 243 €/ha, interculture comprise.

Peu de mauvaises herbes

À 6-8 feuilles, un binage est effectué en même temps que l’incorporation de l’engrais liquide. « Là, il faut être très précis dans la conduite, le RTK est obligatoire, comme pour le semis. » Ensuite, selon le salissement de la parcelle, un désherbant post-semis dans l’idéal ou post-levée si le temps a manqué, est appliqué. « Mais avec une rotation longue, j’ai peu de problèmes d’adventices. » La rotation sur quatre ans (pois ou féverole, colza, blé, maïs grain) alterne deux cultures d’hiver et deux cultures de printemps. Après vingt-sept ans de non-labour, Marcel Girault n’apporte plus de potasse ni de phosphore. Les analyses montrent que le sol est largement pourvu en éléments minéraux et ne souffre d’aucune carence. « Je n’explique pas pourquoi mais l’importante vie biologique dans mon sol doit y être pour quelque chose. »

Sabine Huet


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