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OPA : lever les freins pour davantage de parité

Légiférer, mais aussi donner envie de s’engager, conforter le statut, aider au remplacement sont des pistes identifiées pour favoriser l’accès des femmes aux responsabilités professionnelles.

Alors que la loi va imposer d’ici à 2019 l’équilibre hommes/femmes dans les conseils d’administration et de surveillance, le bilan est encore mitigé pour l’agriculture bretonne qui compte pourtant 30 % de femmes dans le total d’actifs. Un forum visant à accroître leur engagement dans les organisations professionnelles agricoles (OPA) a été organisé par le groupe « Egalité-Parité : Agriculture au féminin », le 2 décembre à Rennes.

Moins de femmes dans les organisations économiques

« Depuis les années 90, la féminisation de l’engagement dans les différentes structures est tendancielle. Mais on observe une plus grande volatilité des mandats féminins et des élues qui cumulent souvent plusieurs responsabilités », a souligné Clémentine Comer, anthropologue à l’université de Rennes 2. L’étude qu’elle a réalisée sur la place des femmes dans les OPA bretonnes montre aussi « une division verticale des responsabilités. Les femmes sont davantage représentées aux échelons locaux. Peu de femmes sont présidentes ou vice-présidentes… »
La division est également horizontale. « Elles sont moins présentes dans les coopératives et les syndicats, ont davantage de mandats dans les MSA, les groupes de développement… » Et elles déclinent souvent leurs compétences administratives en s’occupant de la gestion trésorière.

Pour aller plus loin, « il faut légiférer. C’est reconnaître la compétence des femmes. La mixité ne se fait pas naturellement », pense Marie-Jo Zimmermann, dépositaire de la loi de 2012 allant dans ce sens (avec J.F. Copé). Une loi qui a été complétée par celle de 2014 (Vallaud-Belkacem) pour aller vers l’égalité réelle. « Des contraintes légales sont nécessaires, avec la mise en place de mesures correctrices et transformatrices, de sanctions », ajoute Danielle Bousquet, présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.

Sur les territoires ruraux, les femmes diplômées sont plus nombreuses que sur les autres territoires. 21 % ont un niveau bac + 2 minimum. « Il est nécessaire de rendre visibles les femmes. » Pour Nicole Le Peih, agricultrice et conseillère régionale, « la représentation des rôles doit évoluer. La parité commence par un meilleur partage de la parentalité. »

Le rôle des pères

Agricultrice et présidente d’EDF (association d’échanges entre producteurs laitiers européens), Katrine Lecornu évoque les différences entre la France et son pays d’origine : la Norvège. « Ce pays a été le premier à imposer un quota de 40 % de femmes dans toutes les instances. Le rôle des pères est plus important. Pour bénéficier d’un congé parental d’un an, le papa doit prendre au moins trois mois. Les hommes quittent leur travail à 16 h pour aller chercher les enfants… » Aux yeux de l’agricultrice, ces quotas ont des effets bénéfiques. « Les pays scandinaves ont des sociétés plus souples, le compromis y est plus facile. Il y a moins de résistance au changement… »

Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la FNPL (fédération nationale des producteurs de lait), pense que pour prendre sa place, « il faut entrer techniquement dans les dossiers. La mixité apporte des solutions différentes, complémentaires par rapport aux problèmes. » Selon l’agricultrice, les femmes engagées doivent « montrer que c’est possible, communiquer sur ce qu’elles ressortent de leurs responsabilités. C’est aussi du plaisir… »


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