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Pluviométrie : le pâturage automnal en berne

Dans les zones séchantes de Bretagne, les vaches sont déjà passées à la ration hivernale. Les prairies n’ont pas reverdi en septembre. Le déficit pluviométrique estival est supérieur à 60 %.

De la mi-avril à la mi-octobre, le manque de pluie atteint 15 à 30 % sur l’ensemble de la région. Ce déficit, par rapport aux moyennes des dix dernières années, atteint même, depuis la fin du mois de juin, 60 % à Lorient, 65 % à Rennes ou encore 71 % à Ploërmel. Les 150 à 200 mm d’eau qui arrosent habituellement ces régions, sur cette période, sont passés à côté (51 mm à Ploërmel depuis fin juin). Les maïs ont souffert d’une météo grise et fraîche au démarrage, avant de manquer d’eau. La repousse de l’herbe de fin d’été se fait toujours attendre. Plus au nord, dans la région brestoise, par exemple, le bilan est légèrement différent. Le déficit estival est d’environ 40 %, mais avec une pluviométrie annuelle, en moyenne, bien plus élevée. Les rendements fourragers restent bons.

71 % de déficit pluviométrique de la fin juin à la mi-octobre sur Ploërmel

Au sud du Morbihan, Benoît Moreau, conseiller d’élevage BCEL Ouest, anime un groupe d’une dizaine d’éleveurs laitiers. « Les rendements en maïs sont inférieurs de 3 à 4 tonnes de matière sèche, en moyenne, cette année, et sa faible valeur représente une perte de 2 à 4 kg de lait par jour et par vache ». L’un des éleveurs du groupe, qui produit 320 000 litres sur 64 hectares, confirme : « J’ai récolté 9 à 10 tonnes de matière sèche, en moyenne, sur les 20 hectares de maïs ». Les vaches ont une ration hivernale depuis deux mois : 1/3 d’enrubannage, 2/3 de maïs. « Habituellement, elles consomment de l’herbe, un fond de maïs et du colza fourrager (5 hectares en dérobée), à cette période. Cette année, je n’ai pas semé de colza, faute d’humidité dans le sol ».

5 hectares de RGI sont également semés, en dérobée, début août, après orge. Cette année, les 10 hectares ont été implantés en RGI, la première semaine d’octobre. L’éleveur, qui réalise généralement une coupe avant l’hiver, n’en attend rien avant le début du printemps prochain. « Je n’ai que 7 hectares accessibles aux laitières en raison de la présence de routes autour du siège de l’exploitation mais je récolte de l’herbe et notamment les dérobées en vert, à la « tarup ». Cette année, il n’y a donc pas de verdure dans la ration, à part un peu de pâturage, que je gère au fil avant, dans les paddocks, pour éviter le gaspillage ». Il faudra attendre le printemps pour récolter le ray-grass italien, qui, au 13 octobre, n’a toujours pas levé. Avec un impératif : le détruire suffisamment tôt pour ne pas pénaliser le maïs suivant.

De l’herbe au détriment des céréales

Les 3 hectares de betterave font également grise mine. Même si la plante est plus résistante à la sécheresse que le maïs, les tubercules sont peu développés et, là encore, l’éleveur table sur une perte d’un tiers de rendement. La luzernière de 4 hectares n’a fourni que trois coupes. « Elle a 5 ans, sans doute une année de trop. La sécheresse a joué mais n’explique pas tout ». Le stock fourrager risque d’être un peu court cet hiver, compte tenu des deux mois de stocks déjà consommés. La transition sera peut-être difficile selon la météo des prochains mois et notamment du début du printemps. Dans l’immédiat, l’éleveur a décidé de réduire sa sole de céréales de 5 hectares (de 20 à 15) pour semer de l’herbe. L’une des anciennes prairies sera également détruite pour être ressemée. Le choix, préalable à la sécheresse estivale, de cesser l’atelier des taurillons laitiers, le rassure. « J’ai beaucoup hésité mais l’état des stocks fourragers me conforte dans ce choix ». Il restera encore quelques animaux à l’engrais cet hiver mais les départs non remplacés représentent un volume conséquent de maïs économisé pour les laitières.

Le trèfle violet s’en sort bien
Quelques éleveurs du secteur (Sud Est 56) ont semé du colza fourrager dans les parcelles les plus humides et le font pâturer actuellement mais, dans l’ensemble, la surface semée a fortement diminué ce qui entraîne un manque de protéines dans les rations fourragères. Beaucoup ont semé du RGI (en dérobée), sans trèfle, car la semence est onéreuse et il n’aura pas le temps de se développer. Les éleveurs devront optimiser le pâturage au printemps en gérant au mieux leurs paddocks ou la conduite au fil avant, voire les deux méthodes associées. Certains éleveurs ont semé du moha derrière une céréale car il résiste bien à la sécheresse et pousse vite.
Sa valeur est moyenne et correspond mieux à l’alimentation des génisses. Les mélanges herbagers sont sans doute mieux indiqués en couvert. Certaines espèces, plus résistantes, s’en sortent bien. C’est le cas de certains trèfles, notamment le violet qui s’est bien développé. C’est une espèce adaptée à la région, en sols acides. Avec un groupe d’éleveurs, nous travaillons sur l’optimisation du pâturage et le choix des espèces. L’herbe est une culture à ne pas négliger, même dans notre zone séchante. Benoit Moreau, BCEL Ouest


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