Céréales : un semis simplifié dans un couvert court

Un groupe d’agriculteurs des Côtes d’Armor réfléchit sur des pratiques culturales qui limitent les fuites d’azote dans l’environnement et diminuent les applications de produits phytosanitaires sur les cultures. Dans les parcelles de l’exploitation de Jean-Michel et Jean-Marie Gaude, installés à Saint-Ygeaux (22), les couverts végétaux de courte durée sont semés rapidement après la récolte estivale. Cette année, c’est la moutarde brune qui a été choisie, pour de nombreuses raisons. « C’est une espèce plus fine, peut-être moins développée cette année du fait des conditions météorologiques. Elle a un intérêt contre les maladies du pied des céréales, notamment du piétin échaudage. Des effets allélopathiques ont été mis en avant par des travaux d’Arvalis sur les taupins ». Gérer la problématique azote et érosion « Ces essais menés par le groupe pourront confirmer ces effets », explique Annie Charter, conseillère à la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor. Ce travail collectif est rendu possible par un groupe d’agriculteurs qui a réfléchi sur différentes techniques pour limiter les fuites d’azote après légumes. Une des solutions passe par le semis direct. Voilà maintenant 3 ans que le groupe s’est formé. « Il nous fallait répondre à la demande des agriculteurs : les reliquats post-récolte de légumes sont très forts, pouvant aller jusqu’à 200 unités d’azote. C’est pourquoi le groupe a voulu essayer différents couverts végétaux pour piéger cet azote », confie Annie Charter. L’appropriation des techniques culturales simplifiées rentre dans cette réflexion, tout en « s’interdisant l’utilisation de glyphosate. Ce sera difficile, comme en présence de chiendent », pense la conseillère. Avec des sols couverts pendant les périodes de risques de lessivage, l’érosion des sols est aussi atténuée. Après la récolte de pois de conserve, un semis direct de moutarde brune a été réalisé au 25 juillet chez Jean-Michel et Jean-Marie Gaude. Les fanes de la culture ont été étalées avec une faneuse, pour faciliter le semis et éviter les tas. « Une bonne répartition de ces fanes peut aussi limiter la verse de la future céréale », note Guy Le Pavec, agriculteur membre du groupe. À la mi-octobre, la production de biomasse semble satisfaisante, sauvée par des précipitations arrivées au bon moment. « Les mesures du 3 octobre montrent des pesées de 1,7 t de matière végétale à l’ha dans les parties de la parcelle moins favorable à 3,3 t dans les meilleurs endroits. Le prélèvement d’azote par la moutarde se situe entre 45 et 75 unités », chiffre Annie Charter. Viser une plante peu ligneuse Le 20 octobre denier, Guy Le Pavec a semé un blé directement dans cette moutarde. Le couvert court a étouffé les adventices. Pour une bonne implantation, « mieux vaut que la moutarde ne soit pas trop ligneuse. Ici, elle se couche facilement ». Équipé d’un rouleau positionné sur le relevage avant, le semoir dépose la graine dans le sol. « Les endroits où la moutarde est moins développée sont plus difficiles à semer, car les plantes se relèvent », observe le semeur. Pour Jean-Michel Gaude, le semis direct « limite fortement les coûts et les temps d’implantation. Ici, destruction et semis se font en un seul passage ». Le groupe suivra ces parcelles d’essais, tout en travaillant sur le coût de ces couverts, les espèces de céréales à semer derrière le couvert court, et plus généralement les rotations des exploitations à repenser.

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