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L’engrais, là où il faut

Des apports fractionnés et optimisés au sein de la parcelle permettent de s’adapter aux besoins de la plante, tout en améliorant le taux de protéine et le rendement.

« Pour être mieux valorisés par la plante, répondre à des critères techniques, économiques et environnementaux, les apports azotés doivent être fractionnés et optimisés », ont rappelé 5 étudiants du lycée du Gros Chêne, de Pontivy (56), lors d’une demi-journée technique qu’il ont proposée jeudi 3 mars sur l’EARL du Buchon, à Plœuc-sur-Lié (22).

Passer de 2 à 3 apports

Le blé se situe jusqu’à présent au stade fin tallage. À ce niveau, les besoins azotés sont encore minimes. Pour un semis à 260 grains/m², on se situe en général à 220 pieds/m² comme peuplement sortie hiver, voire plus cette année (voir encadré). L’objectif est d’obtenir 2 à 3 talles par pied. Un 1er apport de 40 unités (U) d’azote est alors suffisant dans l’objectif d’un potentiel de 700 épis/m² avant montaison. Selon les conditions climatiques, après le stade épi 1 cm, on peut observer une perte de 20 % d’épis qui permettra  de se situer autour de 500 à 600 épis /m2 (optimum d’épis recherché en fonction des variétés). C’est à  la reprise de végétation que les besoins azotés vont exploser. Le second apport aura lieu 3 semaines plus tard, au stade épi 1 cm, pour répondre au besoin de développement de la biomasse de la plante. Le troisième apport, si besoin, situé au stade dernière feuille étalée, est destiné à assurer le rendement et le taux de la protéine dans le grain.

Des données disponibles pour adapter ses pratiques

L’analyse des feuilles avec l’outil N-tester des deux côtés des passages de roues peut mettre en évidence le bon réglage du semoir à engrais. Les cartes graphiques éditées par le système N-sensor, en fonction de la biomasse dans la parcelle, regorgent elles aussi d’informations à analyser. Elles montrent, par exemple, les tassements de sol liés au passage de remorques pleines ou des tonnes à lisier qui entrent dans les parcelles, et situent donc les endroits spécifiques de la parcelle à fissurer. Elles indiquent également où réaliser des échantillonnages de terre pour un obtenir au final un prélèvement représentatif de la parcelle.

Valider le besoin de la plante au 3e apport

Du stade feuille pointante au stade dernière feuille étalée, l’outil N-tester – utilisable sur blé uniquement -, peut-être intéressant pour raisonner la fertilisation en se basant sur le besoin réel en azote de la culture. Simple d’utilisation, il analyse la teneur en chlorophylle des plantes (coût : 15 euros/parcelle). Au minimum, 30 feuilles par analyse sont pincées sur 3 zones homogènes. En indiquant la variété et la fertilisation déjà apportée, le logiciel affine la dernière dose à apporter. Son utilisation permet d’augmenter en moyenne de 1,2 q/ha et de 0,3 point le taux de protéine.

Sur 1 150 parcelles mesurées l’année dernière, les techniciens du Gouessant ont enregistré 30 % des cas où aucun apport supplémentaire n’était nécessaire ou le stade n’était pas assez avancé. 21 % des mesures nécessitaient un 3e apport inférieur ou égal à 40 U, la dose initialement prévue. Mais pour la moitié des cas, le besoin était supérieur, allant de 50 à 80 U d’azote. Si la réglementation impose un équilibre à la parcelle, l’utilisation de cet outil permet de justifier ce recours à une fertilisation supérieure à celle initialement prévue. « L’année était favorable mais tous ceux qui ont répondu à ce besoin important au 3e apport ont témoigné avoir atteint des rendements jamais réalisés. De 75 q en moyenne, ils ont récolté 80 à 90 q/ha », expliquent les techniciens participant à cette journée.

Plus de talles ne signifie pas plus d’azote au 1er apport

Suite à un hiver caractérisé par des températures douces, tous les grains ont levé. « En général, on recense une perte de 15 % par rapport au nombre de grains semés. Cette année, on se situe plutôt à – 5 / -10 % », relève Pierrick Sorgniard, animateur d’un réseau Déphy Ecophyto au Gouessant. Et de rajouter : « À cela, il faut un tallage un peu plus fort, avec une à deux talles supplémentaires par rapport à une année normale. » Face à ce constat, le technicien conseille d’être vigilant quant à la dose d’azote à apporter au 1er apport, pour ne pas faire monter trop de talles, évitant ainsi des risques de verse et limitant à terme la pression maladie.

Réguler la dose dans la parcelle

Pour les deux derniers apports, le recours au capteur optique infrarouge N-sensor, proposé par le réseau Cleo, permet aussi d’adapter la dose de fertilisation en temps réel. « L’objectif est alors de mieux répartir le rendement sur l’ensemble de la parcelle », insiste Pierre-Henri Hamon, de l’ETA Hamon à Guer (56). Sur les 10 000 ha du reseau Cleo en 2015, ce sont 3 q/ha de gagnés en moyenne (et plus en cas d’apport d’engrais organique dans la stratégie de fertilisation) et 12 % d’économie d’engrais, grâce à l’utilisation de coupure de tronçons. Carole David


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