Le rendement moyen atteint en céréales en 2015 est le plus élevé depuis 10 ans. Il dépasse le bon niveau observé en 2014. Il s’agit des premières tendances à confirmer sur de plus gros échantillons dans les prochains mois.
Le prix du blé est en moyenne à 169 €/t sur 5 ans. Il descend à près de 145 €/t depuis deux ans contre 195 €/t en 2011/2012. Le prix de l’orge est inférieur de 12 €/t en moyenne à celui du blé. Le rendement de l’orge atteint aussi un niveau record depuis deux ans. Il est inférieur de 5 quintaux/ha à celui du blé. L’écart se réduit de moitié depuis 3 ans. Le colza affiche aussi un bon rendement en 2015. Il bénéficie d’une plus forte hausse du prix de vente que les céréales. Par contre, le maïs risque d’afficher un rendement (prévisionnel) au mieux proche de la moyenne sur 5 ans après un record en 2014. Il est aussi pénalisé par un décrochage du prix de vente (frais de séchage déduits) depuis 3 ans par rapport au blé de – 45 €/t. La vente de maïs grain n’est pas très payante depuis 3 ans. Près de 60 % du maïs grain est valorisé directement en fabrication d’aliment à la ferme (maïs humide).
Blé et orge, l’écart de marge se réduit
Le graphique ci-dessus nous montre le bon cycle de marges des années 2010-2012 puis le décrochage de ces 3 dernières années dû essentiellement à un repli du prix de vente. La marge blé reste la plus élevée au cours de ces 10 années. L’écart de marge entre le blé et l’orge s’est sensiblement réduit au cours de ces 3 dernières années (100 € /ha d’écart). La baisse de marge la plus importante concerne le maïs qui descend à moins de 300 €/ha. Cette culture connaît en moyenne 5 ans, une marge inférieure de 300 € /ha à celle du blé. À l’inverse, la marge brute colza talonne la marge blé, alors qu’elle était complètement décrochée durant les années 2006-2007. La prédominance du blé est donc incontestable depuis 10 ans. Seul le maïs a réussi à le dépasser en 2007 du fait d’une forte baisse des rendements en céréales (sécheresse).
[caption id=”attachment_14530″ align=”aligncenter” width=”300″] Cultures de vente : MB / hectare[/caption]
Tendances des prix en céréales et soja
Le prix des céréales est de nouveau sous pression depuis quelques semaines. On retrouve le prix du blé que l’on observait début septembre. Deux facteurs importants expliquent cette situation. Le premier, c’est un bon niveau des récoltes mondiales et une hausse des stocks à un niveau record toutes céréales confondues. Le stock de blé est d’ailleurs très important en France (rétention des vendeurs dans l’espoir d’une hausse, compétitivité à l’export). Dans un tel cadre, le prix des céréales devrait rester bas dans les prochains mois. Le second facteur réside dans la baisse du prix du pétrole qui tire de nombreuses matières premières vers le bas dont les céréales. À noter que l’on retrouve aussi un facteur politique avec la volonté du nouveau président argentin de baisser les taxes à l’exportation pour le soja et les céréales, avec une monnaie à faible parité. Au niveau du soja, le prix est aussi en baisse sensible (310 €/t début février) en disponible à Montoir-de-Bretagne. Nous retrouvons des explications identiques à celles des céréales : globalement de bonnes récoltes et une hausse du stock, une politique plus agressive de l’Argentine qui dispose de stocks élevés. Samuel Le Grand/Cerfrance Côtes d’Armor
À savoir : Le contexte actuel des céréales et du soja est propice à une détente du prix de l’aliment dans les prochains mois. Le poids des stocks élevés restera très favorable jusqu’aux prochaines récoltes de soja (Amérique du Sud) puis des céréales de l’hémisphère Nord. Par contre, le climat sera de nouveau un élément déterminant à partir du printemps prochain. Les prévisions climatiques peuvent provoquer des réactions brutales et de l’anticipation sur le marché des matières premières.