Veaux, vaches, cochons génèrent 700 000 emplois

Plus de 300 000 équivalents temps plein (ETP) travaillent dans les élevages français. À ces éleveurs, chefs d'entreprise ou salariés, s'ajoutent 400 000 emplois indirects, générés par les activités périphériques. Les différentes productions animales traversent une zone de turbulence. La dérégulation des marchés décidée par l'Union européenne, l'embargo russe, ou encore, la baisse de la croissance en Chine, mettent à mal le secteur de l'élevage, toutes productions confondues. Les filières sont ébranlées. Que représentent-elles réellement en terme d'emploi ? L'abondance de chiffres contradictoires ou leur absence dans certains domaines ne permettaient pas de disposer de chiffres fiables et précis. Une étude récente, présentée aux Journées de la recherche porcine, la semaine dernière à Paris, vient combler cette lacune. Elle détaille la répartition des emplois, par secteur. Elle constitue une base de données, un indicateur clé, dans la situation économique actuelle. 135 types d'acteurs en amont et en aval L'évaluation ne s'est pas faite à la légère. « L'analyse des emplois des exploitations agricoles a permis de distinguer la part de la main-d'oeuvre et de calculer le nombre des ETP employés dans chaque atelier : bovin viande, bovin lait, ovin, caprin, porcin, volaille... », précise Agathe Lang, de Gis élevages demain, qui a mené l'étude, en partenariat avec d'autres organismes de recherche*. Les emplois indirects ont été évalués en fonction de leur dépendance vis-à-vis de l'élevage. « Nous avons identifié 135 types d'acteurs dépendants, en amont et surtout en aval de la production. Pour chacun d'eux, le nombre d'emplois a été estimé sur la base de sources statistiques, d'enquêtes professionnelles ou d'évaluations à dire d'expert ». 312 000 personnes dans les élevages Les emplois directs et indirects dépendants de l'élevage français représentent au total 703 000 équivalents temps plein, soit un peu moins d'un million de personnes (hors saisonniers agricoles), soit 3,2 % des emplois en France. 312 000 personnes travaillent directement dans les élevages. Elles sont réparties dans 291 000 exploitations agricoles. Dans ces fermes, le temps de travail dédié à l'élevage est largement supérieur à celui consacré aux cultures de vente. Les 391 000 ETP restants sont des emplois indirects dont la dépendance à l'élevage est variable. « Les résultats montrent que 45 % de ces emplois sont fortement liés à l'élevage. Ils seraient directement impactés par une baisse d'activité du secteur. 12 % d'entre eux sont faiblement dépendants ». Une industrie liée à l'élevage En amont, les fournisseurs d'aliment, de produits sanitaires, d'équipement ou de génétique représentent 20 % des emplois indirects. « Plus d'un tiers de ces emplois sont très dépendants, notamment dans les secteurs de l'alimentation et de la génétique ». La dépendance est plus faible dans le secteur de la santé animale, même chez les vétérinaires, mixtes en majorité (animaux de compagnie). Dans les autres secteurs comme la construction, le matériel, la banque ou la comptabilité, la dépendance est relative. L'industrie de l'aval concentre, quant à elle, 53% des emplois indirects, souvent très dépendants de l'activité agricole : abattage-découpe, transformation laitière... Certains secteurs, comme la salaisonnerie ou les petfoods, souffriraient moins d'une diminution de la production française, car ils peuvent travailler de la matière première importée. La grande distribution à l'abri La distribution généraliste représente 15 % des emplois indirects. Elle n'est pas dépendante de l'élevage français car elle a de fortes capacités d'importation ou de substitution. Les petits commerces, comme les bouchers-charcutiers ou les crémiers-fromagers, sont eux, fortement liés. Les services publics et parapublics (recherche, enseignement, administration..) représentent 6% des emplois indirects. Enfin, la logistique, transversale à tous les secteurs, représente également 6 % des emplois, en amont (transport d'aliment, d'intrants) ou en aval (stockage, transports des produits bruts ou finis). Les emplois induits n'ont pas été comptabilisés dans cette étude. Ils sont également nombreux à dépendre très indirectement du domaine de l'élevage, notamment dans le milieu rural : petits commerçants, artisans, instituteurs, personnels de santé... Dans certaines régions, comme la Bretagne, c'est quasiment le tiers de l'économie qui dépend de l'élevage. *Inra, FranceAgrimer, Institut de l'élevage, Centre d'information des viandes

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