fremon-julien-vache-lait-herbe-luzerne-alimentation-sante-animale-gaz-effet-serre-environnement - Illustration De l’herbe, de la luzerne et du lin pour la santé de son troupeau

De l’herbe, de la luzerne et du lin pour la santé de son troupeau

Les vaches à 10 000 litres du Gaec de la Prée Neuve, à Casson (44), consomment des aliments riches en oméga 3. Pour leur santé mais aussi pour réduire l’empreinte carbone de l’exploitation.

« Le méthane qui n’est pas produit par les animaux, c’est autant d’énergie qui n’est pas gaspillée. C’est un signe de meilleure performance métabolique », estime Julien Frémont, associé du Gaec, en charge d’un élevage de 60 laitières pour une production de 600 000 litres de lait annuelle. L’éleveur s’est engagé dans la démarche AgriCO2 de sa coopérative Terrena qui vise à réduire les émissions de carbone des exploitations dans l’atmosphère. « D’abord pour la santé de mes vaches », précise-t-il. La ration des laitières est riche de produits bien pourvus en oméga 3 : de l’herbe pâturée et stockée, de la luzerne déshydratée en brins longs et un complémentaire contenant de la graine de lin. Ils complètent une ration à 50-60 % d’ensilage de maïs, en moyenne sur l’année. Ces acides gras insaturés agissent favorablement sur les gaz émis lors de la digestion. Les animaux le lui rendent bien : plus de 10 000 litres de lait produits par vache et 7 €/1000 litres de dépenses de santé (mammites, boiteries, fièvres de lait, accidents…).

Le Gaec de La Prée Neuve en chiffres

  • 115 hectares,
  • 2 associés,
  • 60 vaches,
  • 68 places en bâtiment,
  • 20 ha de blé,
  • 20 ha de maïs récolté en ensilage plante entière ou ensilage épis,
  • 5 ha de mélange lupin-triticale.

Objectif à 50 000 litres par carrière

Le parcellaire, très groupé autour de l’étable, et les chemins larges et bien entretenus facilitent l’accès aux prairies. « Les parcelles sont toutes pâturées et presque toutes fauchées (3 coupes de la mi-avril à la mi-juin sur des parcelles différentes, à 18-20 centimètres de hauteur pour avoir une bonne qualité de fourrage)». À cette période, les pâtures sont riches en oméga 3 et se conservent dans l’ensilage. La vingtaine de tonnes de luzerne déshydratée et les 40 tonnes de complément de production riche en graines de lin (30 à 50 € de plus par tonne) achetées chaque année, renforcent cette richesse. « Le coût alimentaire est assez élevé mais je retrouve cet argent dans la production de mes vaches. L’objectif est d’atteindre 50 000 litres produits par carrière ». L’éleveur considère que la démarche doit être rentable au niveau économique. « On n’est pas dans le cas d’une couverture d’une fosse à lisier qui peut être intéressante en termes de protection de l’environnement mais qui ne rapporte rien ».

Dans l’immédiat, la méthode, basée sur le modèle Bleu-Blanc-Coeur, n’est pas valorisée au niveau du prix du litre de lait. « Un jour prochain peut-être. Le consommateur semble prêt à payer plus pour une meilleure qualité de produit. Pour moi, c’est une manière intelligente de progresser. J’ai l’impression de bien faire mon travail ». Des analyses de la teneur en différents acides gras sont effectués en laboratoire tous les mois par la coopérative. Les estimations, réalisées selon une méthode valisée par l’Adème, sont de l’ordre de 25 % d’économie de méthane émis par rapport à une alimentation plus classique maïs-soja. « 2,4 tonnes de gaz en moins par vache et par an depuis l’évolution du système alimentaire, en 2010 ». Cette économie est encouragée par la coopérative car elle se traduit en bons d’achat d’équipements vertueux. « Ce n’est bien évidemment pas la motivation principale des 2 300 producteurs engagés. C’est un petit plus qui permet de poursuivre les efforts de développement durable ».

Mélanges lupin-triticale

Le Gaec a également choisi, dans le cadre de cette démarche AgriCO2, de produire des mélanges lupin-triticale. Le tri est effectué à la coopérative qui valorise le lupin dans une nouvelle filière. Le triticale revient sur l’exploitation pour l’alimentation des animaux. Le mélange céréales-légumineuses limite le recours aux fertilisants et aux produits phytosanitaires. Autre pratique retenue dans le cadre de la démarche : le semis de couverts végétaux longue durée (avoine-phacélie) qui garantissent la fourniture d’un minimum d’azote aux cultures suivantes. Son associé a également participé à des formations sur l’éco-conduite du tracteur, encouragée dans la démarche développée par la coopérative. Bernard Laurent


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