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Des opportunités pour un soja non OGM français

Le soja, forcément non OGM quand il est cultivé en France, peut répondre aux besoins grandissants de filières qualité ou bio. En outre, la nouvelle Pac et les prix mondiaux en hausse encouragent sa culture dans l’Hexagone.

Depuis des décennies, le soja, sous forme de graines ou de tourteaux, est un pilier du menu de nos animaux d’élevage. Chaque année, plusieurs millions de tonnes de cette légumineuse sont importées en France et en Europe, majoritairement issues de cultures OGM (organismes génétiquement modifiés) du continent américain. Mais aujourd’hui, la demande explose dans d’autres pays tels que la Chine, créant des tensions sur les prix et davantage d’insécurité dans les approvisionnements. Des problématiques qui, selon les prévisions, devraient s’accroître à l’horizon 2030.

La prime au non OGM s’accroît

Dans le même temps, la demande en produits non OGM s’amplifie. « Et depuis une dizaine d’années, le différentiel de prix avec le soja OGM connaît une flambée. Les tourteaux de soja tracés non OGM coûtaient 5 €/t de plus en 2000, la prime se situe actuellement à 70-80 €/t et dépasse parfois 100 €/t », précisait Jean-Yves Tessier, président du Comité régional des céréales, lors d’une réunion de la structure, le 15 juin au Rheu (35). Sans compter que les produits étiquetés non OGM sont difficiles à trouver et peuvent être « contaminés » par des OGM.

La culture de soja devient plus intéressante sur nos territoires. D’autant plus qu’elle est portée par la nouvelle Pac qui attribue un budget annuel de 6 millions d’€ à une aide couplée sur la légumineuse. « Les producteurs devraient toucher au moins 100 €/ha implanté en soja. C’est un levier pour les aider à l’insérer dans leur assolement », note Nathalie Gosselet, responsable des études économiques et environnementales à la Fop (Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux). Les plantes fixant l’azote – c’est le cas du soja – peuvent par ailleurs être intégrées dans les SIE (surfaces d’intérêt écologique) qui doivent représenter 5 % des terres arables de l’exploitation.

Dépendance historique

La dépendance en protéines de l’Europe repose sur des causes historiques liées en partie aux accords commerciaux du Gatt dans les années 1960. En échange de droits protecteurs pour les céréales européennes, les droits à l’importation des oléagineux et des produits de substitution aux céréales en Europe ont été réduits. La croissance de l’élevage européen s’est donc construite en réservant au continent américain la majorité de la production des protéines végétales. Depuis 30 ans, les surfaces en soja en France varient au gré des changements réglementaires. Le maximum a été atteint en 1988 avec 134 000 ha, et le plancher est de 22 000 ha en 2008. Aujourd’hui, les surfaces emblavées remontent : 76 000 ha en 2014, 92 000 ha en 2015.

Contribution agroenvironnementale

« Les cultures de protéagineux et de légumineuses présentent par ailleurs des bienfaits agronomiques et permettent de réduire les apports d’azote et les traitements dans les assolements. Plusieurs MAEC (mesures agroenvironnementales et climatiques) favorisent par ailleurs l’introduction de ces cultures », ajoute Philippe de Guénin, Draaf Bretagne.

En Europe, les tourteaux de soja non OGM représentent 10 à 15 % de la consommation totale. En France, le besoin est de 500 000 t/an, équivalant à une production de soja sur 240 000 ha. Aujourd’hui, deux bassins traditionnels de production existent dans le pays : dans le Sud-Ouest (50-65 % de la surface totale, essentiellement en irrigué) et dans l’Est (35 à 50 %). « De nouvelles initiatives se développent en Poitou-Charentes, dans le Centre… » Deux grands débouchés existent. En conventionnel, il est orienté à 85 % vers l’alimentation animale et 15 % en alimentation humaine. En bio, ces chiffres sont respectivement de 30 % et 70 %. Cette filière est très demandeuse de produits tracés sans OGM, mais aussi « Made in France ».

« Le soja est une source essentielle de protéines pour nos entreprises. Sa culture en France participe à notre indépendance protéique et permet d’atténuer la volatilité des prix. Rappelons qu’en 2014, le prix rendu Spot était passé de 370 à 440 €/t en un mois », souligne Sylvain Théon, représentant de Nutrinoë (entreprises de nutrition animale bretonnes).

Afficher une compétitivité

Pour répondre aux enjeux forts, les professionnels ont la volonté de développer une filière soja durable non OGM en France. Mais le tourteau de soja français doit rester compétitif par rapport au tourteau importé. Des investissements sont en cours dans trois unités de trituration, en Saône-et-Loire (Est), dans le Sud-Ouest et dans le Grand Ouest (mise en service prévue pour 2016), avec l’objectif d’optimiser les circuits entre approvisionnements et débouchés de tourteaux. Agnès Cussonneau

L’avis de Jean-Yves Tessier, Président du Comité régional des céréales

Nous avons la volonté de développer une filière soja durable non OGM en France, avec un produit haut de gamme qui doit permettre de fidéliser les utilisateurs. Ces tourteaux de soja devront être riches en protéines (48 %), en matières grasses (plus de 7 %), et présenter un taux d’humidité de 3-4 %. Pour sécuriser la filière, nous souhaitons mettre en place un système de contractualisation, permettant un partage équilibré de la valeur ajoutée entre les différents maillons : producteurs, organismes stockeurs, triturateurs et formulateurs.


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