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Les leviers pour améliorer le revenu en aviculture

Du bois et des idées pour chauffer

Maîtriser ses coûts de production est un des meilleurs leviers pour augmenter son revenu. Benoît Riou, éleveur de dindes à Saint-Servais (29), l’a bien compris : il s’est équipé d’une chaudière à bois déchiqueté pour diminuer son coût de chauffage.

Benoît Riou chauffe écologiquement ses bâtiments avec du bois déchiqueté.
Benoît Riou chauffe écologiquement ses bâtiments avec du bois déchiqueté.

En voyant les prix de gaz augmenter, combiné à une installation de radiants infraconic à remettre aux normes, Benoît Riou a fait le choix de reconsidérer la partie chauffage. Aujourd’hui, le gaz n’est utilisé que pour certains démarrages de lot et est gardé seulement en sécurité. Les 6 000 m2 de production de dindes ont pour système de chauffage une ressource locale et bon marché. « Je pensais utiliser les résidus de la station de compostage, produisant une matière première assez ligneuse. Cependant, les déchets qui peuvent s’y trouver nécessitent une opération de criblage pour éliminer d’éventuelles matières plastiques ou métalliques. J’ai donc opté pour une solution de bois plaquette ».

L’entretien est simple sur la partie chauffage, à raison d’une journée après chaque lot.
L’entretien est simple sur la partie chauffage, à raison d’une journée après chaque lot.

500 kW, eau à 85 °C

C’est en 2008 que l’installation est mise en route. Coût de l’opération : 160 000 € pour la chaudière, la création du réseau de chauffage, et l’équipement des bâtiments, amortie sur 5 ans. Les 500 kW délivrées par la chaudière chauffent l’eau d’un ballon tampon de 6 000 litres à 85 °C. « Chaque poulailler est pourvu de 3 aérothermes de 70 kW qu’il a fallu alimenter hydrauliquement. La distribution centralisée se connecte aux quatre bâtiments », explique-t-il, en avouant qu’il a dû changer la gestion de la production. « Il faut être vigilant sur la température de la litière, je chauffe 4 à 6 jours avant l’entrée des animaux ».

Ambiance plus saine

Le chauffage par plaquettes de bois a permis à l’élevage d’assainir son ambiance. « La combustion de gaz au niveau des radiants engendrait de l’humidité et de la consommation d’oxygène. Le bois offre une solution plus sèche, et je maîtrise beaucoup mieux la ventilation. J’ai aussi remarqué un léger gain de paille, et une diminution des problèmes respiratoires. Du côté des inconvénients, je remarque l’absence de points de chauffe. Si les dindes sont mouillées par de l’eau d’abreuvement par exemple, elles pouvaient sécher rapidement sous les radiants. Ce n’est plus le cas, et je dois alors installer des lampes chauffantes pour les dindonneaux ». Une vérification quotidienne de la chaudière est réalisée, car c’est un mode de chauffage plus contraignant en temps que le gaz.

Les 2 bâtiments de stockage ont une capacité de 4 000 m3
Les 2 bâtiments de stockage ont une capacité de 4 000 m3

La SCEA Riou utilisait 37 tonnes de gaz pour la production de dindes, « à 900 € la tonne en moyenne ». Les 600 tonnes de bois brûlé au maximum par an ont un prix de revient situé entre 25 et 30€ la tonne si le chantier de bois est assuré seul, soit 18 000 € contre 33 000 € avant 2008. « À ces économies vient s’ajouter une écoprime de mon assurance, car je n’ai plus de risques d’incendie ayant pour origine les radiants. 4 000 € par an sont ainsi économisés ». La matière première bon marché issue d’abattages locaux ou de l’entretien des parcelles de l’exploitation fournit les quelque 4 000m3 entreposés en attendant leur passage dans la chaudière.

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Des idées plein la tête

En plus de son système de chauffage innovant, écologique et économique, Benoît Riou garde d’autres idées en tête. « J’ai essayé d’alimenter la chaudière avec un lot de triticale impropre à la consommation, et j’ai obtenu de très bons résultats. Les céréales ont un pouvoir calorifique très intéressant ». D’autres points sont aussi améliorables, comme « la création de points de chauffe dans le bâtiment en distribuant l’eau vers les aérothermes par un réseau intérieur ». Pour le paillage, l’éleveur a récemment essayé le miscanthus, qui «  a l’avantage de ne pas se compacter et fait gratter les dindes. Attention toutefois aux dégagements plus importants de poussière qui peuvent atteindre les voies respiratoires ». [/hors-text]

Une gestion durable s’impose

« Le broyage est confié à la société Adel Service. Le stockage est assuré sur la ferme dans deux hangars pour le séchage ». Le bois est un mode de chauffage écologique qui intéresse les grosses structures, c’est pourquoi Benoît Riou conseille d’avoir une gestion à moyen terme de cette ressource. « Quand on monte ce type de projet, il faut penser à l’approvisionnement futur. Avec des tonnages consommés qui seront plus importants à l’avenir, le coût de la matière première risque de grimper ». Pour conserver l’intérêt économique du bois, une gestion durable s’impose. Fanch Paranthoën

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