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Les fermes usines sont un appel à la course à l’agrandissement

Laurent Pinatel, porte parole de la Confédération Paysanne, fustige les fermes usines qui poussent toutes les autres à l’agrandissement et déplore le poids psychologique qui pèse sur les jeunes installés.

Laurent Pinatel, l’éleveur des environs de Saint-Étienne, était particulièrement remonté, mardi dernier, à Saint-Allouestre, lors de l’assemblée générale de la Confédération paysanne. Principales victimes de ses attaques : Stéphane Le Foll, accusé d’avoir renié ses promesses dans les négociations de la Pac et Xavier Beulin, accusé de soutenir les projets de fermes usines qui fleurissent sur le territoire national. « Son groupe Sofiprotéol est derrière la moitié de ces projets gigantesques ». Le porte parole du syndicat fait référence à la ferme des 1 000 vaches, bloqué grâce à l’action des adhérents, mais aussi à celui de la maternité collective de 900 truies en Vendée, pourtant porté par plusieurs éleveurs associés, ou encore aux 40 hectares de serres chauffées prévues en Normandie. « Des projets qui prévoient souvent une unité de méthanisation et où il faut donc toujours plus d’animaux pour l’alimenter en déjections. La production d’énergie devient prioritaire au détriment de la qualité des produits ».

C’est aussi, selon lui, ce modèle de fermes usines qui se développera si les négociations de libre échange entre les États-Unis et l’Union européenne (Tafta) aboutissent car elles sont déjà la règle aux USA. « Stéphane Le Foll a bien dit qu’il faudrait ce type d’exploitations pour nourrir les pauvres. Quel aveu d’impuissance ! Il faudra donc faire des économies sur la main-d’oeuvre et limiter le nombre d’agriculteurs. Produire de la mauvaise qualité, à pas cher, dans un pays riche, 6e puissance mondiale ». Des fermes de plus en plus grandes, avec plus de travail par individu malgré la robotisation. « Le poids psychologique est difficile à porter pour les jeunes, entrés dans une véritable course à l’armement. Toujours plus d’investissements. À ce titre, les fermes usines sont aussi un très mauvais signe. Elles créent une ligne d’horizon, un signal d’appel pour tous les autres agriculteurs qui se sentent obligés de s’agrandir par peur d’être condamnés à disparaître ».

Le bio à la cantine de Saint-Étienne dope la production locale

Depuis le 1er janvier 2014, toutes les cantines scolaires proposent à présent du bio, et que du bio pour les 2 800 repas servis dans les écoles maternelles et primaires stéphanoises. La ville de Laurent Pinatel. Cette démarche pour une ville de 170 000 habitants ne s’est pas faite en un jour, mais sur 4 ans. C’est en 2009 que la municipalité s’est engagée à arriver au 100 % bio à la cantine. Pour ce faire, elle a privilégié les circuits courts : ils représentent 41 % de l’approvisionnement, contre 5 % dans la restauration collective classique.

Avec une conséquence vertueuse : les prix des repas à la cantine ont baissé. Beaucoup d’agriculteurs des environs se sont convertis à la bio pour répondre à la demande. Laurent Pinatel, producteur local de lait bio en convient : « C’est plus facile de développer les circuits courts à proximité d’une grande ville que dans un département comme le Cantal qui compte le même nombre d’habitants qu’à Saint-Étienne. Mais on espère que nos réussites au niveau local se répandent, un jour, sur une plus grande échelle ».

Le pouvoir économique n’est pas avec nous

Laurent Pinatel croit à un modèle alternatif, basé sur la production d’aliments de qualité, occupant le territoire et créateur d’emplois. Comment promouvoir ce modèle ? « Il y a un paradoxe : la société partage notre vision mais cela ne se traduit pas dans leurs achats. Nous faisons des actions médiatisées comme à la ferme des 1 000 vaches. Nous faisons un peu de lobbying auprès des politiques mais bien moins que nos concurrents. Nous obtenons des petites victoires que nous n’arrivons pas à valoriser. Des victoires qui ne permettent pas de refondre le système comme on le souhaiterait ». Jean-Louis Le Normand, de la Confédération 56 donne une autre explication : « Le pouvoir économique n’est pas avec nous et nous nous sommes peut-être trop désengagés des structures agricoles ». Bernard Laurent

 


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