L’attelage se compose d’un camion portant un groupe électrogène et un nettoyeur – trieur pneumatique et d’une remorque équipée du toaster pour un rendement de 4 t de graines grillées par heure. - Illustration Le toaster autonome de protéagineux a démarré
L’attelage se compose d’un camion portant un groupe électrogène et un nettoyeur – trieur pneumatique et d’une remorque équipée du toaster pour un rendement de 4 t de graines grillées par heure.

Le toaster autonome de protéagineux a démarré

Un système mobile de grillage par voie sèche des graines de protéagineux vient d’être inauguré. Un process pour améliorer la valorisation des protéines et favoriser l’autonomie alimentaire en élevage.

La machine mobile de Protéa Thermic a été inaugurée à Saint-Marcel (56), mercredi 12 octobre. Joël Guégan, dirigeant de la société, s’est inspiré des éleveurs « précurseurs » qui expérimentent depuis 3 ans en Vendée le traitement de leurs graines de protéagineux par toastage.

[caption id=”attachment_23012″ align=”alignright” width=”354″]« Lors du toastage, le cœur de la graine est porté à 100 °C. La surface change de couleur, devient marron – noir et cassante », explique Joël Guégan. « Lors du toastage, le cœur de la graine est porté à 100 °C. La surface change de couleur, devient marron – noir et cassante », explique Joël Guégan.[/caption]

L’attelage se compose d’un camion portant un nettoyeur – trieur pneumatique « capable à la fois d’évacuer les impuretés et de séparer différents types de graines d’un mélange de cultures type méteil. » Le circuit se poursuit vers une remorque montée du toaster. « Fonctionnant au fuel, c’est un équipement de cuisson sèche dont la température monte à 300 °C », explique Joël Guégan. « Le principe du toastage est de réaliser un fort traitement thermique pendant un temps déterminé variant en fonction du produit. Pour une cuisson optimale, l’objectif est que le cœur de la graine soit porté à 100 °C. Cela modifie la structure moléculaire et joue sur la digestibilité. »    

Les PDIE grimpent

« Les graines de protéagineux ont par nature une faible valeur en PDIE car leurs protéines sont très dégradables dans le rumen », reprend Benoît Portier du réseau Chambre d’agriculture de Bretagne. « Les résultats des travaux réalisés en Vendée montrent que le chauffage protège ces protéines, leur offre un effet by-pass, et donc une valeur PDIE augmentée. À l’arrivée, une féverole toastée sera même supérieure à un tourteau de colza en PDIE. » Un correcteur azoté maison qui « réclamerait presque un peu d’azote soluble (urée) » pour équilibrer dans un régime surtout basé sur du maïs ensilage. « Et un lupin toasté approcherait la valeur PDIE d’un tourteau de soja… »

Marché évident en bio  

Guillaume et Gildas Évain ont engagé leur élevage dans une conversion à l’agriculture biologique le 15 mai. Ils n’ont d’ailleurs pas hésité à accueillir la machine. « Nous n’avons aucun recul. Mais face à un tourteau de colza bio négocié entre 700 et 900 € / t, c’était tentant d’essayer. » Les producteurs de lait avaient prévu de broyer la récolte de leurs 4,6 ha de mélange féverole – avoine sans séparation des graines. « Là, grâce au trieur, on récupère l’avoine d’un côté qu’on stocke dans la cellule à céréales et la féverole grillée de l’autre avant broyage par un prestataire. » Pour un coût de toastage à 200 € / h (soit 50 € / t), « nous récupérons un produit maison proche d’un tourteau de colza ».

« Effectivement, vu le prix des tourteaux en bio, c’est une véritable opportunité de produire ses protéines sur place », poursuit l’agriculteur Philippe Racouët du groupe local d’agriculteurs Idrea (Initiative pour le développement rural et agricole) qui travaille sur la maîtrise des coûts de production. « Mais en conventionnel, il faut faire le calcul pour mesurer l’intérêt. On parle beaucoup de progresser sur l’autonomie alimentaire. Pour certains, c’est peut-être une piste. »

[caption id=”attachment_23011″ align=”aligncenter” width=”800″]L’attelage se compose d’un camion portant un groupe électrogène et un nettoyeur – trieur pneumatique et d’une remorque équipée du toaster pour un rendement de 4 t de graines grillées par heure. L’attelage se compose d’un camion portant un groupe électrogène et un nettoyeur – trieur pneumatique et d’une remorque équipée du toaster pour un rendement de 4 t de graines grillées par heure.[/caption]

En porc et volaille aussi

Pour Joël Guégan, l’intérêt en agriculture biologique est évident « d’autant que se profile, d’ici 2018 en France, l’obligation de produire 100 % des protéines sur l’exploitation pour les éleveurs bio ». Mais pas exclusivement : « En conventionnel, en atelier bovin mais aussi en porc et volaille, partout, le toastage a sa place. Les Vendéens l’ont montré dans ces filières en grillant du lupin ou du soja. » Un porcher de l’Eure va d’ailleurs recevoir prochainement la machine de Protéa Thermic « pour griller 200 t de pois ».

2 500 t déjà signées

L’attelage va tourner ces prochains mois sur 11 départements en Bretagne, Normandie, Pays de-La-Loire. « En Vendée, l’équipement qui permet de travailler 2 000 t de graines par an est saturé, explique Joël Guégan. « De mon côté, j’ai opté pour un matériel plus grand capable de traiter 5 000 t / an. Les commandes représentent déjà 2 500 t pour cet hiver chez une centaine d’éleveurs. Deux chauffeurs vont se relayer dans tout le Grand Ouest. » L’entrepreneur annonce « jusqu’à 6 mois de conservation des graines toastées dans des conditions optimales ».


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