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Canal d’Ille-et-Rance : du transport de marchandises à la plaisance

Aujourd’hui, ce ne sont plus les chalands tirés par des chevaux qui naviguent sur le canal d’Ille-et-Rance, mais des bateaux de plaisance. Un point de vue idéal pour découvrir en douceur la richesse du patrimoine fluvial.

Le développement du rail, puis l’amélioration du réseau routier dans les années 1960 l’avait rendu obsolète, certains l’auraient même bien recouvert pour faire passer l’axe Rennes/Saint-Malo. C’était sans compter sur les nombreux amoureux du canal d’Ille-et-Rance qui se sont battus pour faire reconnaître son intérêt pour la plaisance et les loisirs. Quand la lenteur et la tranquillité du canal deviennent des atouts…

600 bateaux aux onze écluses

Bien sûr, le rythme de navigation n’est plus le même qu’à l’époque du transport de marchandises. Et les éclusiers sont beaucoup moins nombreux… Mais tout de même, « entre fin mars et début novembre, 600 bateaux passent par exemple sur le site des onze écluses », précise Véronique Guillet-Bouriaud, animatrice à la Maison du canal d’Ille-et-Rance.

[caption id=”attachment_5512″ align=”aligncenter” width=”300″]Le charme des maisons éclusières Le charme des maisons éclusières.[/caption]

Les atouts patrimoniaux du canal sont par ailleurs indéniables. En s’approchant de ce splendide miroir naturel, il est difficile de lutter contre l’envie d’emprunter les chemins qui le longent, à pied ou à vélo. Et celui qui prend le temps de le faire ne sera pas déçu, découvrant de magnifiques maisons éclusières, des ponts d’époque, des paysages variés, tantôt découverts, tantôt ombragés… Reliant Rennes à Saint-Malo, le canal d’Ille-et-Rance compte 48 écluses sur 84 kilomètres. Le premier tronçon entre Rennes et Montreuil-sur-Ille est assis dans le lit de l’Ille. Le deuxième tronçon jusqu’à Evran est un canal artificiel reliant l’Ille à la Rance. La troisième partie suit le cours de la Rance jusqu’à son estuaire puis Saint-Malo.

Les voies navigables situées entre les écluses sont appelées biefs. Tout en haut du canal artificiel, à une altitude de 65 mètres, se trouve le bief de partage, alimenté en eau par cinq étangs. Long de 7 kilomètres, il assure l’équilibre hydraulique du canal. Les écluses, ascenseurs à bateaux, doivent sans cesse être alimentées en eau. « Un éclusage demande 350 000 L d’eau. » Tel un escalier, le tronçon des onze écluses permet aux bateaux de franchir un dénivelé de 27 mètres sur 2,2 km, en deux heures environ.

Animations autour du canal

Gérée par voie associative, la Maison du canal d’Ille-et-Rance est située au cœur de l’échelle des onze écluses. Aménagée en musée en 1996, l’ancienne maison éclusière de style napoléonien abrite une exposition permanente sur l’histoire de la construction du canal, avec de nombreux objets, instruments d’époque et maquettes. Des expositions temporaires y sont également organisées. Actuellement, ce sont les libellules et les demoiselles qui sont mises à l’honneur jusqu’en octobre. Des animations pédagogiques sont également proposées : sur l’éclusier d’hier et d’aujourd’hui, sur la pomme, le sous-bois, l’étang et ses habitants. Le site accueille aussi des événements tels que le Festival Jazz aux Ecluses (en septembre), la Fête des châtaignes…

Raisons stratégiques, puis économiques

« C’est au 18e siècle, du fait des blocus maritimes à répétition, imposés par les Anglais, que l’idée de développer un réseau de navigation à l’intérieur des terres se renforce. Les premiers travaux débutent en 1804 sous Napoléon Bonaparte, mais s’arrêtent en 1816 du fait du manque de finances. Ils reprennent ensuite en 1822, sous la Seconde Restauration, mais cette fois pour des raisons économiques plutôt que stratégiques et militaires. La navigation intérieure est en effet beaucoup moins onéreuse et risquée que la voie maritime. De belle taille sous Napoléon, la maison éclusière (une à chaque écluse) devient plus modeste ensuite », relate Véronique Guillet-Bouriaud.

De nombreux hommes, principalement des ouvriers locaux, sont employés pour la construction de cet ouvrage. « Ils gagnent la valeur d’un pain pour 10 à 12 h de travail par jour en hiver et jusqu’à 16 h en été. La terre, arrachée à la pioche, est mise à la pelle dans une hotte pour être remontée à dos d’homme. » Le travail des pierres est également important sur le chantier. « L’écluse est entièrement pavée, sans joint pour que l’eau puisse s’infiltrer. »

Les portes : même technique depuis 200 ans

Les portes sont fabriquées par des charpentiers d’écluses en chêne ou châtaignier. D’une durée de vie d’une trentaine d’années, elles sont, encore aujourd’hui, fabriquées par l’Atelier du canal à Saint-Germain-sur-Ille, avec les mêmes techniques qu’il y a 200 ans. Les premières marchandises sont transportées à partir de 1832. Charbon, pierre, chaux, bois, produits industriels, denrées agricoles… naviguent entre Rennes et St-Malo. Les chalands de Rance étaient entraînés par des voiles jusqu’à Dinan, puis ensuite par traction animale. À partir des années 1930, ils furent remplacés par des automoteurs.

[caption id=”attachment_5513″ align=”aligncenter” width=”300″]Maquette d’un chaland de Rance exposée à la Maison du canal Maquette d’un chaland de Rance exposée à la Maison du canal.[/caption]

À l’origine, des hommes étaient embauchés comme éclusiers. « Il fallait être lettré, pour rédiger des rapports, noter le nom des bateaux, les compter… Avec le départ des hommes pour les guerres, le métier s’est par la suite féminisé. Si autrefois, les éclusiers, appelés au son du cor, devaient répondre présents 24 h sur 24 et 7 j sur 7, les écluses ne peuvent se franchir aujourd’hui qu’en journée. » Agnès Cussonneau

Pour en savoir plus
Maison du canal d’Ille-et-Rance
12 La Madeleine – 35 630 Hédé-Bazouges
Tél. 02 99 45 48 90
http://maisonducanal.free.fr


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