- Illustration Cidre et bière, les complémentaires
L’un d’une bière, l’autre d’un cidre, Pascal et Didier Nicol trinquent à l’approche du rendez-vous du Salon de l’agriculture.

Cidre et bière, les complémentaires

Cidriers de génération en génération, les frères Nicol ont démarré une fabrication de bière artisanale il y a moins d’un an. Autant par passion que pour diversifier leur activité. 

Le Concours général agricole (CGA) de la Porte de Versailles est un rendez-vous incontournable pour l’entreprise familiale Nicol. Comme leur père à l’époque, Didier, Pascal et Jean-Michel, installés à Surzur (56), présentent leurs cidres fermiers et artisanaux devant le jury et sont régulièrement primés.
En 2017, 2018 et 2019, les Morbihannais ont même obtenu le prix d’excellence, remis chaque année en janvier au ministère de l’Agriculture ! « C’est un peu le Graal », confie Didier Nicol. Cela récompense parmi tous les cidres, normands et bretons, la maison qui a cumulé le plus de points calculés en fonction des médailles d’or, d’argent ou de bronze obtenues sur 3 ans. Avec autant d’expérience, les cidriers mesurent parfaitement l’impact du résultat des dégustations du concours parisien. « Ces récompenses donnent du crédit, beaucoup de confiance auprès du consommateur. On peut estimer à 15 % de vente en plus une année à médailles… », explique le producteur de pommes. « Et au-delà du commerce, il y a aussi une reconnaissance du travail réalisé par l’équipe au quotidien. C’est gratifiant. »

[caption id=”attachment_44601″ align=”aligncenter” width=”720″] Didier Nicol devant la cuverie inox de la salle dédiée au brassage de la bière.[/caption]

Associés à un jeune brasseur

Pour le CGA 2020, les frères Nicol ont envoyé cinq cidres : trois artisanaux (pommes achetées à d’autres producteurs) et deux fermiers (pommes maison). Mais la grande nouveauté vient des trois bières artisanales glissées dans le colis.
Cette aventure brassicole a commencé il y a moins d’un an. Didier Nicol, grand amateur de bières, explique : « Notre activité cidricole marche bien. Mais nous avions une demande de nos clients, crêpiers notamment, pour de la bière. » La rencontre d’un jeune brasseur amateur « mais très doué » qui réalisait ses cuvées dans son garage a servi de déclic. « Nous voulions surfer sur la tendance des bières artisanales locales. Lui n’avait pas les moyens de se lancer à plus grande échelle… Nous nous sommes associés autour d’une passion commune », racontent les trois frères.

« La bière du peuple breton »

[caption id=”attachment_44600″ align=”alignright” width=”247″] La maison Nicol présentera ses trois bières artisanales au Concours général agricole de Paris 2020.[/caption]

La marque Venete’s était née. « C’était le nom du peuple breton à l’époque romaine… Nous fabriquons la bière du peuple breton », sourit Didier Nicol. La cuvée inaugurale a été une blonde. Une IPA (India pale ale), un type de bière en vogue, a suivi. Puis une rousse… « Le choix des houblons permet d’obtenir une véritable typicité sur les arômes. Nous brassons plutôt des bières de caractère, assez houblonnées et consistantes en bouche. Ce ne sont pas des bières de soif, mais de plaisir ou de dégustation », détaille avec gourmandise celui qui a grandi au milieu des fermentations de jus de pomme.

Le spécialiste avoue pourtant avoir été un peu surpris par la technicité de la fabrication brassicole. « Le produit, très sensible à toute dérive, réclame beaucoup d’hygiène et de rigueur. » Le concours de Paris va d’ailleurs permettre de s’étalonner. Débutante en la matière, l’équipe ne vise pas la médaille, mais plutôt les retours d’un panel de dégustateurs. « Nous verrons si nous sommes dans la tendance actuelle. Il faut toujours être à l’écoute du consommateur et savoir se remettre en cause. Pour le cidre comme pour la bière. »

La bière entrouvre des portes

En attendant, les cidriers tirent un bilan positif des premiers pas sur le marché brassicole. En termes d’économie et de travail, il y a une véritable complémentarité des deux filières. La production cidricole étant très saisonnière – récolte d’octobre à décembre, mise en bouteille en début d’année et vente à la belle saison – le matériel de conditionnement (embouteillage et étiquetage) ne travaille « qu’à 30 à 40 % de son potentiel ». De même, avec la possibilité de brasser tous les 15 jours, la bière apporte de l’activité à la main-d’œuvre de l’entreprise lors des semaines creuses de l’intersaison.

L’autre intérêt est commercial. Cette nouvelle carte entrouvre des portes que les Morbihannais n’osaient pas pousser « comme des bars à bières un peu branchés… » D’ailleurs, les frères se sont adaptés en conditionnant davantage de cidre en bouteilles de 25 et 33 cl pour accompagner leur offre brassicole.
« Même si le marché des bières artisanales est un peu saturé, avec un coût d’embouteillage maîtrisé, nous sommes bien positionnés en milieu de gamme », détaille Didier Nicol, heureux de cette diversification. « Il est de plus en plus dur de réussir des récoltes pleines en pomme à cidre. Le gel tardif du printemps et la sécheresse de l’été en 2019 l’ont encore confirmé… Aujourd’hui, il est prudent de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. »

Bar à cidre… et à bière

Au Salon de l’agriculture, depuis 10 ans, la maison Nicol installe un bar à cidres sur l’espace de la région Bretagne (Hall 3). « Économiquement, Paris génère de la trésorerie en début de saison alors qu’en hiver, l’activité touristique, moteur de notre commerce, est proche de zéro dans le Morbihan », explique Didier Nicol. « Ce bar est aussi un lieu de rendez-vous pour retrouver nos nombreux clients de région parisienne. » Les visiteurs apprécient la consommation sur place de cidre à la pression. « Nous faisons peu de vente à emporter car les bouteilles s’avèrent encombrantes pour les gens dans les transports en commun. » Du cidre et désormais de la bière sur un stand agrandi : « Pour l’occasion, nous avons préparé des fûts pour servir des pressions de Venete’s. »


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